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samedi 16 novembre 2019

Homélie du 33ème dimanche du Temps oridnaire (C) - 17 novembre 2019

Je vais vous faire une confidence : je n’aime pas ce temps, ce moment de l’année, ou plutôt ce qu’il est devenu. Voici que nous sommes encore dans le temps ordinaire de la liturgie, un sapin de Noël s’est déjà planté devant notre église. Un peu partout des chalets surgissent de terre, annonciateurs d’un marché dit de Noël qui commencera dans quelques jours alors que nous serons éblouis tant par les illuminations que l’ambiance consumériste qui déferlera sur nous. L’affiche censée faire la promotion d’une opération somme toute commerciale d’un marché destiné à préserver le sens de Noël ressemble plus à une campagne publicitaire d’un grand magasin de la place Kléber. Et nous voici donc pris en tenaille entre ce que nous voudrions vivre, l’Avent et le temps de l’attente, et ce que nous aurons sous les yeux. Nous aurons du mal à nous préparer avec sérénité et intériorité à la venue d’un Enfant-Dieu que l’on s’apprête ainsi à mettre, prématuré, en couveuse. Mais nous n’aurons pas le choix. Et avec audace nous allons nous préparer. Et finalement c’est ce qui est intéressant. Conjonction et entrechoquement des temporalités qui font jaillir en nous une tension féconde.
 
Y avez-vous déjà prêté attention ? Depuis la semaine passée, les textes de la liturgie nous invitent à considérer la fin des temps, lorsque toutes choses seront récapitulées en Christ. Et à peine nous aurons devant les yeux de la foi ce Christ de gloire jugeant l’humanité, nous serons invités à l’attendre, encore. Paradoxe du Royaume de Dieu, déjà au milieu de nous et encore à construire. Aujourd’hui certains disciples de Jésus se délectent de ce qu’ils contemplent au Temple. Ils prennent l’image – ce qu’ils voient – pour la réalité – qu’ils ne voient pas encore. Or cela passera, leur dit Jésus. Ils ne peuvent s’installer confortablement dans ce temps. Le Règne de Dieu les tire encore plus loin, plus en avant. Mais eux veulent savoir. Quand cela arrivera-t-il ? Quand l’image laissera place à la réalité ?
 
Nous avons affaire aujourd’hui à une sorte de « message codé ». Le « jour du Seigneur » serait comme l’apparition d’un soleil dont les rayons guériraient les justes, mais brûlant comme une fournaise pour consumer les impies. Souvent les mots manquaient pour décrire le passage de ce monde perverti à un autre plus parfait. C’est pourquoi la tradition biblique s’est forgé un langage, une sorte de code. Avec des images de bouleversements cosmiques, elle cherche à signifier et à symboliser la fin de ce monde mauvais. Ces expressions de catastrophes n’indiquent nullement le « comment » de ce qui va arriver, mais bien plus l’espérance en un monde meilleur, donné par Dieu. Parce que s’ils indiquaient le « comment », nous serions ici proches de ce jour avec les deux secousses sismiques que nous avons vécues la semaine passée ! Et donc, comme dans un message codé, le plus important n’est certainement pas le code, mais plutôt le message, l’important pour nous n’est pas de nous appesantir sur ces images étranges qui abondent dans le texte, mais bien de rechercher la foi qui se cache derrière ces images.
 
Le Christ nous propose de vivre ces temps comme un temps pour le témoignage et non pour la peur. Discerner les signes des temps au milieu de nous devrait bien plus occuper notre quotidien que tous les prophètes de malheur voulant nous en détourner dans des solutions faciles voire contraires à l’Evangile. Dans l’adversité, il s’agit donc de demeurer dans la confiance en Dieu, parce que nous voulons croire que, décidément, rien ne lui est impossible. La certitude de la venue du Seigneur habite toute la vie de l’Eglise sinon elle ne serait qu’une ONG de plus parmi tant d’autres. Le Christ doit revenir certes, mais au milieu des tempêtes de ce monde, des questions qui demeurent sans réponse, il reste mystérieusement présent à son Eglise, la soutenant dans le témoignage qu’elle a à donner, inspirant même les réponses que chacun devra proclamer face à ses détracteurs.
 
Chaque jour, par notre persévérance et notre confiance en Lui, nous construisons un peu plus ce Royaume, jusqu’au jour inconnu de son achèvement. Là alors il nous trouvera prêts, debout et vigilants.
 
 AMEN.
 
Michel Steinmetz †   

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