Je vais vous faire une
confidence : je n’aime pas ce temps, ce moment de l’année, ou plutôt ce
qu’il est devenu. Voici que nous sommes encore dans le temps ordinaire de la
liturgie, un sapin de Noël s’est déjà planté devant notre église. Un peu partout
des chalets surgissent de terre, annonciateurs d’un marché dit de Noël qui
commencera dans quelques jours alors que nous serons éblouis tant par les
illuminations que l’ambiance consumériste qui déferlera sur nous. L’affiche
censée faire la promotion d’une opération somme toute commerciale d’un marché
destiné à préserver le sens de Noël ressemble plus à une campagne publicitaire
d’un grand magasin de la place Kléber. Et nous voici donc pris en tenaille
entre ce que nous voudrions vivre, l’Avent et le temps de l’attente, et ce que
nous aurons sous les yeux. Nous aurons du mal à nous préparer avec sérénité et
intériorité à la venue d’un Enfant-Dieu que l’on s’apprête ainsi à mettre,
prématuré, en couveuse. Mais nous n’aurons pas le choix. Et avec audace nous allons
nous préparer. Et finalement c’est ce qui est intéressant. Conjonction et
entrechoquement des temporalités qui font jaillir en nous une tension féconde.
Nous avons affaire aujourd’hui
à une sorte de « message codé ». Le « jour du Seigneur » serait comme l’apparition
d’un soleil dont les rayons guériraient les justes, mais brûlant comme une
fournaise pour consumer les impies. Souvent les mots manquaient pour décrire le
passage de ce monde perverti à un autre plus parfait. C’est pourquoi la
tradition biblique s’est forgé un langage, une sorte de code. Avec des images
de bouleversements cosmiques, elle cherche à signifier et à symboliser la fin
de ce monde mauvais. Ces expressions de catastrophes n’indiquent nullement le «
comment » de ce qui va arriver, mais bien plus l’espérance en un monde
meilleur, donné par Dieu. Parce que s’ils indiquaient le « comment »,
nous serions ici proches de ce jour avec les deux secousses sismiques que nous
avons vécues la semaine passée ! Et donc, comme dans un message codé, le
plus important n’est certainement pas le code, mais plutôt le message, l’important
pour nous n’est pas de nous appesantir sur ces images étranges qui abondent
dans le texte, mais bien de rechercher la foi qui se cache derrière ces images.
Le Christ nous propose de
vivre ces temps comme un temps pour le témoignage et non pour la peur.
Discerner les signes des temps au milieu de nous devrait bien plus occuper
notre quotidien que tous les prophètes de malheur voulant nous en détourner
dans des solutions faciles voire contraires à l’Evangile. Dans l’adversité, il
s’agit donc de demeurer dans la confiance en Dieu, parce que nous voulons
croire que, décidément, rien ne lui est impossible. La certitude de la venue du
Seigneur habite toute la vie de l’Eglise sinon elle ne serait qu’une ONG de
plus parmi tant d’autres. Le Christ doit revenir certes, mais au milieu des
tempêtes de ce monde, des questions qui demeurent sans réponse, il reste
mystérieusement présent à son Eglise, la soutenant dans le témoignage qu’elle a
à donner, inspirant même les réponses que chacun devra proclamer face à ses
détracteurs.
Michel
Steinmetz †
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