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samedi 21 septembre 2019

Homélie du 25ème dimanche du Temps ordinaire (C) - fête patronale de saint Maurice - 22 septembre 2019

Vendre son âme au diable. Quand on y pense, l’expression fait froid dans le dos. Mais Jésus dit-il autre chose ? « Vous ne pouvez servir deux maîtres à la fois ». Si vous vous détournez de Dieu, vous rejoignez inévitablement l’autre, celui qui n’est pas Dieu. Il est donc bien question ici de la liberté. Liberté de croire, liberté d’agir, liberté de penser. Et le baptême qui fait de nous des enfants de Dieu veut nous rendre précisément libres, de la sainte liberté des enfants de Dieu. Or cette liberté n’est pas libertaire. Elle n’est pas de l’ordre d’une permissivité désordonnée. Elle se fond sur un choix premier et fondamental : le choix de Dieu, le choix pour Dieu. C’est en ce sens que saint Augustin peut affirmer : « aime et fais ce que tu veux ». Aime comme Dieu, aime parce que tu te sais aimé de Dieu et dès lors pur toi il n’y aura plus d’entraves. Tu goûteras à la liberté, pas celle des succédanés du monde, mais celle qui t’ouvre les portes de l’éternité.
 
Le prophète Amos met en garde ceux qui « écrasent le malheureux ». Le choix qu’ils font, l’orientation qu’ils retiennent pour leur vie les entraîne à leur perte et sont lourds de conséquence. Leurs magouilles, leurs petits arrangements entre amis, leurs accommodements frauduleux atteignent les plus pauvres. Dieu n’oubliera pas. D’emblée vous remarquez que le courroux de Dieu ne s’abat pas sur eux. Ce sont eux qui commencent par se détourner de lui. Le droit français lui-même l’affirme – sans doute en est-il redevable à la foi chrétienne : « la liberté s’arrête là où commence celle d’autrui ».
 
Celui que nous fêtons en ce jour, saint Maurice, le saint patron de cette église, est un magnifique exemple de l’exercice éclairé de la liberté. Alors qu’on le presse à sacrifier en l’honneur des dieux de l’Empire, il affirme la séparation des pouvoirs : « Empereur, nous sommes vos soldats ; nous sommes prêts à combattre les ennemis de l'empire; mais nous sommes aussi chrétiens, et nous devons fidélité au vrai Dieu. Nous ne sommes pas des révoltés, nous aimons mieux être des victimes que des bourreaux : mieux vaut pour nous mourir innocents que de vivre coupables ». Le courage ainsi exprimé jusqu’au don sa vie est inscrit en nous par la grâce du baptême. Avant de le recevoir l’Eglise demande au catéchumène, ou aux parents de l’enfant, s’ils sont prêts à renoncer tout d’abord au mal, à son auteur, « à ce qui conduit au péché », puis, ainsi libérés, à dire leur foi au Dieu Trinité, Père, Fils et Esprit-Saint. Ce qui a été ainsi reçu un jour, se recouvre parfois d’un voile d’opacité à chaque fois que nous empruntons des chemins qui nous détournent de Dieu. Nous pensons nous libérer, faire l’exercice courageux d’une liberté désaliénée et nous tombons paradoxalement dans les griffes d’emprisonnements mortifères. A chaque fois que nous cédons aux sirènes des courants de pensée à la mode, que nous nous contentons de penser comme tous les autres, que nous entrons dans la course à l’enrichissement sans limites, notre cœur se sent comprimé.
 
Il est des moments de l’Histoire où la conscience humaine se doit d’être éclairée par la grâce de Dieu, de ces moments où, quand la dignité humaine est malmenée, il convient de s’opposer. Mais plus encore que de prononcer des paroles, ou de manifester, il devient urgent de témoigner d’une manière de vivre inspirée par la liberté de Dieu qui fait la grandeur de l’homme. Car saint Maurice aurait pu se contenter d’un beau discours jeté à la face de l’empereur Maximien. Il a été plus loin : jusqu’à vivre en sa chair ce qu’il estimait d’un prix supérieur encore à sa propre vie. 
 
Sûrs de son intercession, demandons-lui de nous aider à faire le choix de Dieu, résolument, avec une conscience libre et éclairée. Il ne sera plus question de vendre son âme au diable, car c’est en Dieu que nous aurons mis toute notre confiance et notre joie.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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