Je suis sûr qu’il vous
est déjà arrivé de chercher désespérément quelque chose que vous avez égarée. Peut-être,
de guerre lasse, avez-vous fini par invoquer saint Antoine de Padoue, en lui
promettant même une offrande ? En tout cas, vous en conviendrez, au bout d’un
moment cela devient quasi-obsessionnel. On est prêt, toute affaire cessante, à
ne plus faire que cela : chercher, et chercher encore. Pourtant, dans la
première des paraboles que raconte Jésus, l’attitude du berger ne relève pas d’une
logique économique mais plutôt de l’irrationnel obsessionnel que je viens d’invoquer.
Abandonner un troupeau, et ne pas être sûr de le retrouver intact, pour partir
à la recherche du pourcent manquant, n’est pas raisonnable.
L'occasion que Jésus choisit pour nous dire les
deux paraboles que nous venons d’entendre (et cela du Fils prodigue qui vient
juste après), est la colère de pieux pratiquants envers Jésus qui se met à la
même table que des non-pratiquants. Les pratiquants ont déjà tiré un trait sur
les non-pratiquants (les publicains et
les pécheurs) : ils sont désespérément perdus, et ne valent pas la
peine qu’on se donne du mal pour eux. Ces « bien-pensants »
reprochent à Jésus de fréquenter des pécheurs. A quoi bon ? Pourquoi
s’intéresser à eux, et même les aimer ?
Ne reléguons pas « en ce temps-là »
ces jugements péremptoires que les « Pharisiens et les scribes »
nourrissaient dans leur cœur ! Interrogeons-nous plutôt sur les critiques,
les rejets, les préjugés envers les autres que nous véhiculons autour de nous. Nous
pouvons aussi nous enfermer dans la posture qui consiste à nous dire que cela « ne
vaut pas la peine ».
Comme le comportement relationnel de Jésus est
différent ! Sa logique complètement différente de la nôtre. A cause d’une
seule brebis perdue, en abandonner quatre-vingt-dix-neuf autres, sans
surveillance et donc en les laissant en danger ? Et balayer toute une
maison à cause d’un sou sans valeur ? Est-ce que cela vaut la peine de
déployer tant d’effort pour un résultat aussi mince ? Est-ce qu’on ne perd
pas toujours quelque chose dans la vie ? Le message de Jésus est
fort : Dieu ne tire un trait sur personne. Personne n’est sans valeur pour
lui. C’est pourquoi il va à la rencontre de chacun, si « perdu »
qu’il puisse paraître. C’est profondément réconfortant que de le réentendre
aujourd’hui. En effet, combien de fois ne nous mettons-nous pas à la place de
celui qui va à la recherche de la brebis, de celui qui balaye toute la
maison ? Et nous nous disons que nous aurions mieux à faire : mettre
notre énergie dans quelque chose de plus positif ou gratifiant, profiter d’une
vie toujours trop courte, etc… Je crois que nous sommes à la limite du
contre-sens. En effet, celui qui recherche la brebis perdu ou le malheureux
sou, c’est Dieu ! Pas nous. Dieu ne nous laisse pas nous perdre.
Il y a derrière tout cela un enseignement qui
concerne « les quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de se
repentir », c’est-à-dire, qui croient qu’ils n’ont nullement besoin de
changer quoi que ce soir dans leur vie, que tout va pour le mieux… Pas comme
ces « pécheurs ». Jésus envoie un signal à ces satisfaits
d’eux-mêmes. Réfléchis bien : toi aussi tu peux te perdre un jour, suivre
un mauvais chemin, te fourvoyer. Toi aussi, tu peux devenir « une brebis
perdue », bien que tu sois tellement sûr de toi que tu croies que cela ne
puisse jamais t’arriver.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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