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samedi 8 juin 2019

Homélie de la solennité de Pentecôte (C) - 9 juin 2019

La Pentecôte ne fut ni une kermesse, ni un supershow. Elle fut un événement dont la portée commença à l’intérieur du lieu clos où se trouvaient la Vierge Marie et les Apôtres, pour en déborder jusqu’aux confins de la terre. La prière unit cette pette assemblée, autant que son incertitude face à l’avenir. La Vierge Marie et le Apôtres demeurent fidèles à la consigne du Seigneur de faire mémoire de sa résurrection, quand bien même ils l’ont vu s’élever vers le ciel, dix jours auparavant.
 
A bien comprendre ce que nous relatent les Actes, nous comprenons d’emblée que l’évènement de ce jour est paradoxal et échappe aux lois de la raison humaine. Nous pourrions de prime abord comparer le phénomène à un orage soudain, comme ces derniers jours nous en ont fait connaître. Or le bruit entendu n’est pas celui du tonnerre qui expliquerait le feu qui s’en suit. On nous dit : « Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. » Et, poursuit le texte : « Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. ». Or le vent ne produit pas le feu. Il pourrait l’attiser si celui-ci était déjà à l’œuvre, mais, quand il s’agit d’une simple flammèche qui n’est pas en prise à un terrain favorable, il en a même raison. Paradoxal, donc, ce phénomène. Ce qui nous fait dire qu’il échappe à la logique. C’est la conclusion à laquelle aboutit aussi l’auteur des Actes : « Tous furent remplis d’Esprit-Saint ».
 
Ce que produit l’Esprit est détaillé : « ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. ». Alors que le même feu descend sur Marie et les Apôtres et se partage sur eux, symbolisant l’unique don de l’Esprit de Dieu qui leur est fait, son effet est à la fois le même et différent. Saint Basile l’exprime admirablement dans son Traité sur le Saint-Esprit :
« Il est simple par son essence, mais se manifeste par des miracles variés. Il est tout entier présent à chacun, mais tout entier partout. Il se divise, mais sans subir aucune atteinte. Il se donne en partage, mais garde son intégrité : à l'image d'un rayon de soleil, dont la grâce est présente à celui qui en jouit comme s’il était seul, mais qui brille sur la terre et la mer, et s'est mélangé à l'air. »
Cette action multiforme de l’Esprit, qui pousse non seulement au témoignage en faisant sortir, mais qui le rend aussi possible et audible, se manifeste dans « la stupéfaction et l’émerveillement » qui poussent les bénéficiaires de ce jour à dire : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? ».
 
Frères sœurs, nous avons revêtu symboliquement le vêtement blanc du baptême. C’est une couleur unique, qui nous fait tous ressembler les uns aux autres. Et pourtant, sous ce vêtement blanc, chacun de vous porte ses propres habits. Ils ne ressemblent à aucun autre. Chacun et chacune d’entre vous possède sa langue, « son dialecte » nous disaient les Actes des Apôtres (Ac 2,8). Bien sûr, vous parlez français, mais la langue n’est pas simplement une suite de mots que l’on utilise, c’est toute la culture qui habite notre cœur. Nous l’avons héritée de nos racines, de nos parents, de nos familles, de notre histoire, bref c’est un petit écosystème culturel particulier à chacun d’entre vous. Cependant, bien que vous ayez tous votre culture et vos avis, la parole de Dieu rejoint chacune et chacun d’entre vous dans sa propre langue, non pas parce que vous seriez devenus polyglottes, mais parce que la parole de Dieu n’est pas seulement la succession des sons que l’on entend, elle est le message que Dieu adresse à notre cœur. Ce message est unique, toujours le même, c’est le commandement du Christ, et pourtant différent pour chacune et chacun d’entre vous parce qu’il vous touche dans l’expérience de votre vie.
 
Dieu vient en nous, Dieu établit sa demeure parmi nous et nous donne un nouveau défenseur. On demande quelquefois par curiosité, quelquefois par malice, ce qui différencie un chrétien du reste des hommes. Ce qui différencie un chrétien du reste des hommes, c’est qu’il sait que jamais en ce monde, ni dans l’autre, il n’est seul. Jamais, ceux qui se mettent à la suite du Christ ne risquent d’être abandonnés à la solitude dans les épreuves. Jamais ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ne peuvent craindre de manquer d’un défenseur.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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