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samedi 29 juin 2019

Homélie du 13ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 30 juin 2019

Certaines pages de l’évangile sont plus plaisantes à entendre que d’autres. Aujourd’hui nous risquons de grincer un peu des dents.  Quand même ! Jésus n’en demande-t-il pas un peu trop ? Assez curieusement, l’évangéliste rapporte chaque fois, en peu de mots, ce que Jésus a dit et répondu, mais il ne mentionne pas la réaction de ses interlocuteurs. Comme si l’histoire restait en suspens.
 
Il y a, là derrière, une question importante : j’écoute et je lis souvent l’Evangile. Il me parle. C’est Jésus qui parle dans l’Evangile, au point que nous l’acclamons comme étant Parole de Dieu. Le Christ s’adresse donc à moi. Mais qu’en fais-je ? Comment est-ce que j’y réponds ? Ce n’est pas dit dans l’Evangile. C’est ma vie qui écrit la réponse que moi-même je donne. Cela ne vaut pas seulement pour moi, mais aussi pour tous ceux qui se laissent toucher par les paroles de Jésus.
 
Voyons d’un peu plus près l’évangile de ce jour. Il y est question de trois hommes, qui veulent se mettre en route avec Jésus. Ou plus exactement qu’il invite à le suivre. Le premier, très courageux, lance : « Je te suivrai partout où tu iras. » Il a l’air plein d’enthousiasme et très sûr de lui. Au lieu de l’encourager, Jésus l’avertit : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Sachant cela, veux-tu encore vraiment t’embarquer dans cette aventure, en toute connaissance de cause ?
Jésus demande lui-même à un autre de le suivre. Celui-ci semble prêt mais désire d’abord attendre que son père soit enterré. Raison légitime pour différer le départ. La réponse de Jésus est devenue pour nous un proverbe : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. » Voilà encore une réponse qui n’encourage guère tout quitter pour marcher à sa suite. Nous dirions que la radicalité de Jésus manque sérieusement d’humanité.
Un troisième veut aussi suivre Jésus, mais il souhaite d’abord prendre congé de sa famille. Et Jésus répond encore sèchement. On a presque l’impression qu’il veut plutôt dissuader qu’on le suive. Il ne procède en tout cas pas comme quelqu’un qui veut à tout prix se faire des supporters enthousiastes. Tout semble bouloir dire clairement : réfléchis bien, si tu veux devenir mon disciple.
 
 
Chacun de nous se reconnaît sans doute, un peu au moins, à la fois dans l’enthousiasme des trois hommes et dans les raisons parfaitement légitimes qu’ils invoquent pour aménager leur départ. Ce sont des raisons parfaitement légitimes au regard de l’engagement qu’ils s’apprêtent à prendre. Jésus ici semble dur. Il paraît ne pas comprendre, ne pas leur accorder un peu d’humanité ou de compassion. Un curé ferait cela, le courrier abonderait à l’archevêché ! Comment comprendre cette attitude ?
 
L'engagement de suivre Jésus n’est pas une option de notre vie. Il n’est pas de l’ordre d’un loisir salutaire que nous consentirions à pratiquer parmi d’autres. Autrement dit, il n’est pas négociable. Tu prends tout, ou tu ne prends rien. Dire cela aujourd’hui pourrait paraître dangereusement fondamentaliste. Pourtant ! Le Royaume de Dieu ne se négocie pas. Tout simplement parce que Dieu ne peut se résoudre à nous sauver « à moitié », « à demi ». Ou bien nous acceptons qu’il nous prenne tout entier dans son amour qui nous brûlera et nous purifiera, ou bien nous restons en-dehors.
 
Si l’évangile ne nous rapporte aucune des décisions que finalement chacun aura prise suite à l’admonestation de Jésus, c’est pour que chacun puisse écrire, et surtout vivre, sa réponse. Ce ne sont pas les pieuses paroles qui l’emportent, ou les belles paroles. Rappelez-vous Dalida qui chantait : « Parole, parole… ». Les trois hommes ont de bonnes intentions et veulent être des chrétiens zélés. L’essentiel n’est pas de le vouloir, mais de l’être.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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