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samedi 13 avril 2019

Homélie de la célébration de la Passion et de la Mort du Seigneur - Vendredi-SAint 20 avril 2019

Au cœur de la Semaine sainte, le Triduum nous plonge, au cœur du mystère de la foi. Nous vivons une immersion totale dans la liturgie. La messe en mémoire de la Cène du Seigneur, au soir du Jeudi-saint, hier, ne comportait aucun renvoi liturgique, mais l’invitation à demeurer – au sens johannique de persévérer – dans la prière. Par l’adoration silencieuse au reposoir, nous avons voulu persévérer avec Jésus et nous entraîner à la même fidélité que lui. Par-delà les craintes, les angoisses, l’ombre de la mort qui rôde autour d’eux, nous avons prié, unis à Jésus : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! » (Matthieu 26, 39). La liturgie des Heures, ce matin notamment et demain encore, continuera de nous entretenir dans la prière en nous souvenant du moment où Jésus a été conduit à la croix à la troisième heure, où il a été mis en croix à la sixième heure, puis, ici et maintenant, de la célébration de sa passion et de sa mort. En venant adorer la croix du Seigneur, nous allons faire physiquement le geste de l’agenouillement. Nous comprendrons alors l’abaissement du Christ, « prenant la condition de serviteur » (Philippiens 2, 7), lorsqu’il décidait hier de laver les pieds de ses disciples. A nouveau, nous avons entendu – c’était l’acclamation avant la Passion – l’hymne aux Philippiens comme au jour des Rameaux. Dimanche dernier, en entrant dans la Semaine sainte, nous contemplions de manière encore un peu lointaine l’abaissement du Christ, qui allait appeler le nôtre en retour ; dans un instant, nous allons nous abaisser nous-mêmes devant la croix et Celui s’est abaissé pour nous. Et nous entendrons les Impropères, ces reproches que le Dieu souffrant fait à son peuple : « O mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je contristé ? », Lui qui n’a cessé de montrer sa bonté. Nous serons là devant lui, l’Innocent mis à mort par amour, à cause de notre péché.
 
 
L'eucharistie que nous recevrons avant de nous disperser ne pourra s’appréhender que par le prisme de cet abaissement jusque dans la mort par amour. « Sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1).  Alors que la communion eucharistique hier soir nous rappelait sacramentellement l’institution de l’eucharistie et notre volonté de communier à la mort et résurrection du Seigneur, celle de ce vendredi évoque – de par sa forme liturgique spécifique –  notre dernière communion, en viatique au moment de la mort. Celle de la nuit pascale, demain, ravivera le souvenir de notre première communion.
 
A la fin de la célébration du Vendredi-saint, il n’y aura encore aucun renvoi, mais une formule de bénédiction qui nous fera comprendre qu’il s’agit, encore, de demeurer là. On vient d’entendre la lecture de la Passion qui se termine par la mise du Christ au tombeau. Il s’agit donc de rester là, auprès de la croix du Seigneur et auprès du tombeau. Rester avec la Vierge Marie, elle qui a cru à la résurrection, contre toute évidence, alors que son fils était mis au tombeau. Souvent, la dévotion populaire a invité les fidèles à prendre part au chemin de croix ; là, en se déplaçant de station en station, ils refont l’itinéraire de Jésus sur la via dolorosa, pas à pas en laissant encore le récit de la Passion les émouvoir et les transformer. C’est ce que nous ferons tous ensemble ce soir avant de demeurer dans la prière silencieuse près de la croix.
 
Mais vous remarquerez que si notre célébration ne comporte pas de renvoi, c’est parce que la mort de Jésus n’est pas une fin. Elle est elle-même un passage, une attente. La route se poursuit, elle ne prend pas fin au sommet du Golgotha. Elle n’est pas la constatation d’un échec. Voilà pourquoi vous ne devez en rester là. Voilà pourquoi vous êtes obligés de prendre part à la célébration de la Résurrection demain soir si vous voulez que la Pâque de Jésus vous transforme et vous fasse passer de ce qui semble être pour vous une mort, une fatalité, un deuil, un échec personnel, à la libération de vos entraves, à la grâce des nouveaux commencements et d’une vie nouvelle.
 
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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