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samedi 13 avril 2019

Homéie du dimanche des Rameaux et de la Passion (C) - 14 avril 2019

Tout commence au début de la Semaine sainte par un rassemblement. Celui des croyants en dehors de l’église, comme jadis les habitants de Jérusalem accueillirent Jésus aux portes de la Ville. C’est en dehors de l’enceinte (cf. Hébreux 13, 12), encore, qu’il trouvera la mort et que sera plantée la croix. Tout commence par la bénédiction des rameaux et surtout par une marche, une procession, pour passer la porte de l’église et y prendre place. Ce cheminement n’est pas que physique, il est spirituel. En s’avançant à la suite de la croix portée solennellement à leur tête, croix qui, ensuite voilée, disparaîtra à leur regard pour réapparaître dans son dévoilement au cœur du Vendredi-Saint, les fidèles expérimentent dans leur corps leur volonté de suivre Jésus pas à pas dans sa passion et sa mort pour avoir part, avec Lui, à sa résurrection. La liturgie va désormais se saisir d’eux et, s’ils le veulent bien, elle les conduira jusqu’à l’Alléluia, celui du matin de Pâques, mais aussi celui déjà anticipé, pour eux et en eux, du jour où Dieu leur donnera part à sa vie éternelle.
 
Les chrétiens entrent donc, ensemble, en communauté ecclésiale dans la grande semaine. Bientôt, au terme du chemin, le cierge pascal aura remplacé la croix pour passer à nouveau la porte de l’église. Ce passage, qui ne sera pas sans rappeler pour eux celui de la Mer rouge à pied sec (Exode 14, 15 – 15, 1a), ni la longue marche du peuple au désert, illuminé par la colonne de nuée (cf. Exode 14), n’aura rien à voir avec celui des Rameaux. Il marquera celui de la libération définitive, de la Pâque de Jésus. D’année en année, nous demandons que cette marche à la suite de Jésus fasse grandir en nous la victoire pascale.
 
Mais cette démarche n’est pas abstraite ou virtuelle. Il s’agit pour nous de laisser Dieu agir en nous. Il s’agit pour nous de faire comme lui, Jésus, a fait. Le dimanche des Rameaux et de la Passion est comme le proche par lequel il nous faut passer. Aujourd’hui, l’Eglise nous donne à contempler comme un avant-goût de tout ce que nous allons vivre à la suite du Christ. Nous avons entendu dans la deuxième lecture ce que l’on appelle l’hymne aux Philippiens. Saint Paul intègre à sa lettre un texte qu’il reçoit déjà lui-même de la tradition liturgique des premières communautés chrétiennes. Ce qui est dit est là fondamental. C’est la méthode pour qui veut suivre Jésus. C’est le résumé de toute la Semaine sainte. C’est la clé du mystère que la liturgie va nous faire vivre. Le Christ, en se faisant obéissant, est mort pour nous, non pas afin de nous dispenser de mourir, mais bien plutôt pour nous rendre capables de mourir efficacement. Mourir à la vie du vieil homme pour revivre à celle de l’homme nouveau qui ne meurt plus. Là est le sens de la Pâque : le baptisé dans l’Eglise doit s’abaisser avec le Christ pour vivre en lui. Et l’Eglise ne fait que de l’enseigner, elle va nous le faire faire dans le lavement des pieds jeudi, dans l’adoration de la croix vendredi. C’est là le mystère de foi de cette semaine qui s’ouvre à nous : aujourd’hui devient nôtre l’action qu’un Autre a consenti à accomplir jadis mais dont nous ne verrons les fruits que plus tard.
 
Que faisons-nous de la méthode révélée par saint Paul ? Acceptons-nous de nous laisser dépouiller et de devenir le serviteur des autres ? Acceptons-nous de nous abaisser pour que Dieu puisse nous relever ? Proclamons-nous « Jésus Seigneur » ? Si les apôtres sont partis à travers le monde pour l’évangéliser, c’est d’abord parce que l’Esprit-Saint avait mis en eux la certitude qui s’exprimait dans cette seule phrase : « Jésus est le Seigneur ». Ce terme que nous avons tellement banalisé que nous avons du mal à encore nous rendre compte de ce qu’il signifie. « Le Seigneur », c’est « Adonaï », le mot par lequel les Juifs remplaçaient le nom imprononçable de Yavhé et qu’on a traduit en grec par Kyrie. Toute la vie de l’Eglise doit être l’imitation de la vie de Jésus-Christ. Non une pâle copie. La vie de l’Eglise, c’est la vie de Jésus-Christ partagée. Voilà pourquoi, maintenant, nous allons prendre la Cène, aller à la Croix, descendre au sépulcre pour en remonter le troisième jour. Tel est le mystère de Pâques. Tel est ce qui nous attend.
 
AMEN.
                                                                                                   
Michel Steinmetz

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