Pourquoi sommes-nous baptisés ?
Les raisons que les parents qui demandent le baptême pour leur enfant à l’Eglise
invoquent, nos propres motifs peuvent être divers, et disons-le légitimes. Etre
protégés du mal, faire partie de la communauté chrétienne, entrer dans la
lignée des croyants, être aimé de Dieu, etc… Toutes ces raisons cependant
pourraient se résumer en une autre, majeure et décisive : devenir enfant
de Dieu. C’est-à-dire, au sens le plus fort du terme, entrer dans sa parenté et
découvrir que ce Dieu qui nous engendre à la vie est pour nous un père attentif
et aimant.
Si nous sommes
baptisés pour devenir enfants de Dieu, il faut bien le reconnaître :
pourquoi Jésus est-il baptisé au Jourdain ? Il n’a pas à devenir ce qu’il
est déjà : le propre Fils de Dieu. Pour bien comprendre ce que nous
célébrons aujourd’hui, nous devenons revenir à ce qui nous rassemblait dimanche
dernier et qui a été le programme liturgique de toute la semaine passée dans les
lectures de la messe.
En célébrant l’épiphanie
du Seigneur, nous n’avions pas uniquement fait mémoire de la visite des mages,
mais de toutes les manières dont le Seigneur dévoilait son mystère et se
révélait comme le Sauveur et le Roi. Ainsi, il nous faut comprendre son baptême
par Jean non comme la réponse à un besoin pour lui, mais comme une grâce qui
nous est faite. Pour les disciples de Jean, ce rite de plonger dans les eaux du
Jourdain avait pour signification de manifester publiquement leur désir de
conversion en vue d’attendre la venue du Royaume de Dieu. Avec Jésus, le baptême
prend un sens nouveau. Il n’est plus l’expression d’une quête personnelle de purification
intérieure mais le moyen, à la suite de Jésus, d’entrer dans l’intimité de
Dieu.
La parole de
Jean-Baptiste, qui a accompagné notre Avent, trouve sa réalisation. La grande
promesse de Dieu qui avait traversé l’histoire du peuple élu et que nous
rappelait Isaïe : « tout être de chair verra que la bouche du
Seigneur a parlé » s’accomplit sur les rives du fleuve. Tous peuvent en
attester aux signes qui y sont donnés : le ciel ouvert, l’Esprit sous la
forme d’une colombe, la voix qui retentit. Désormais la voix du Baptiste
dépasse l’annonce dont elle était porteuse. « Voici votre Dieu ! Voici le
Seigneur Dieu » devient une réalité manifestée à tous.
Tout d’abord, le ciel
qui s’ouvre révèle que les limites que l’on pensait infranchissables entre le
monde des hommes et celui de Dieu sont maintenant ouvertes. Dieu est parmi nous
en son Fils Jésus et par Lui nous aurons accès à Dieu. L’Esprit qui descend et
la voix qu’on entend venir des cieux attestent la condition de Jésus : il
ne devient pas Fils de Dieu, il n’est pas « adopté » ou choisi par
Dieu pour devenir son Fils. Cela il l’est de toute éternité. Simplement ce qui
était tenu caché « dès avant les siècles » est aujourd’hui rendu
visible alors que Jésus entame son ministère au milieu des hommes.
C’est donc une
nouvelle « épiphanie » à laquelle nous assistons. Pourtant nous ne
sommes pas que des spectateurs éblouis devant la contemplation de la gloire du
Seigneur. Parce que le ciel s’est ouvert et qu’une liaison s’est établie entre
Dieu et nous, nous devons participants : « héritiers de la vie
éternelle », pour reprendre les mots de saint Paul. Ainsi quand nous
regardons le Christ plongé dans les eaux du Jourdain, quand nous voyons le ciel
ouvert et l’Esprit-Saint « sous la forme corporelle d’une colombe »,
quand nous entendons la voix venir du ciel, nous sommes face à un miroir. Nous
nous voyons en lieu et place de Jésus. Car c’est bien ce qui s’est passé pour
nous au jour de notre baptême. Nos parents ne nous ont pas soumis à un rite de
conversion qui nous obligerait, nous n’avons pas plus dû montrer patte blanche ou
faire valoir nos mérites. Par pure grâce, Dieu nous a choisis. « Par le
bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit
Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance par Jésus Christ
notre Sauveur… ». En Jésus, son Fils, Dieu trouve sa joie de nous savoir sauvés.
A nous de répondre à sa joie par la nôtre et celle d’une vie authentiquement
baptismale.
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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