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vendredi 4 janvier 2019

Homélie de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur - 6 janvier 2019

Vous aurez remarqué qu’entre le récit de la Nativité rapporté dans l’évangile de Luc que nous avons lu au cours de la messe de minuit et ce passage de l’évangile de saint Matthieu sur la vénération des mages, il y a de notables différences. La première ne paraît pas immédiatement : ce qui est annoncé aux bergers dans la nuit de Noël par la voix de l’ange, c’est la naissance d’un Sauveur, tandis que ce qui est annoncé aux mages, ou plus exactement ce que les mages recherchent, c’est un Roi. Sans doute cette différence dans la manière de désigner le Christ veut-elle nous faire comprendre quelque chose : celui qui est manifesté aux Juifs, à travers le message d’un ange, c’est un Sauveur. Les mages, eux, n’ont pas été instruit par un ange. Visiblement, ce qu’il nous faut comprendre, c’est que le message de l’ange dans la nuit de Bethléem est un message qui vient de Dieu. Les mages pour leur part n’ont pas reçu de message de Dieu. Ils sont venus en suivant une étoile. C’est tout à fait un autre univers, non seulement un autre univers religieux mais aussi un autre univers mental. Les mages ont pris ce chemin vers Israël à la suite de leur réflexion, de leurs recherches, de leur attente, de leur désir peut-être, de quelqu’un qui apporte une réponse aux grandes énigmes de la vie humaine.
On aurait pu imaginer, parce que cela n’était pas impossible, que cette étoile les conduisît directement à Bethléem, au-dessus de la grotte, et pourtant l’Évangile nous entraîne à faire un détour par Jérusalem. Ils se sont mis en route selon leur lumière, ils cherchent selon ce qu’ils espèrent, ce qu’ils croient, ce qu’ils conjecturent mais ils ne savent pas. Par conséquent, ils viennent se renseigner là où sont les renseignements, c’est-à-dire auprès des Juifs, puisqu’il s’agit de trouver le roi des Juifs. Ils interrogent celui qui est le roi du moment, Hérode. Derrière ce détour se donne quelque chose à comprendre. L’être humain dans sa quête de solutions, de réponses, de lumière sur les grandes questions auxquelles il est confronté, peut faire un long chemin dans la direction de la vérité. Mais, il ne peut pas connaître les mystères que Dieu a révélés aux hommes en faisant l’économie de ceux qui en ont reçu déjà l’annonce. En définitive on n’arrive au mystère de Dieu que par la médiation de ceux qui l’ont déjà reconnu, non comme un concept ou le grand ordonnateur de l’univers, mais comme Celui qui se fait proche en Jésus. Ainsi ces mages sont appelés à rejoindre Bethléem, en suivant toujours la trace de leur étoile mais avec un élément d’information supplémentaire, celui qu’ils ont reçu des Juifs. Ils découvrent « un enfant emmailloté dans une mangeoire » (Lc 2,12), comme nous dit l’évangile de Luc. Ce qui a été demandé aux Juifs, c’est de reconnaître un Sauveur dans le signe de cet enfant. Ce qui est demandé aux mages, c’est de reconnaître un Roi dans la pauvreté de cette étable.
 
L’évangile précise qu’après avoir offert leurs cadeaux, « ils sont repartis par un autre chemin » (Mt 2,12), pas simplement pour éviter de rencontrer Hérode, mais aussi peut-être parce que la rencontre du Christ est de nature à ouvrir de nouveaux chemins dans l’histoire des hommes. Connaître le Christ, ce n’est pas simplement bénir le chemin que l’on a parcouru, c’est accepter de retourner par un autre chemin. C’est pourquoi, l’Église, au long de son histoire, n’a jamais pu se résigner à imaginer que le Christ était la propriété d’un groupe humain. Elle n’a jamais pu imaginer que le Christ était « son » Christ. Le Christ est Christ pour tout le monde. Chaque fois que nous rencontrons la figure du Christ, nous sommes transportés vers d’autres horizons. Nous rencontrons le Christ afin qu’il soit le Seigneur du monde entier. Pour cela, il faut que nous changions de route, il faut que nous repartions de notre rencontre avec Lui par d’autres chemins que nous ne connaissons pas, qui sont largement des chemins inconnus.
Chacun et chacune d’entre nous, pour autant qu’il a fait l’expérience de la rencontre de Jésus, connaît cette expérience des changements que cette rencontre produit dans sa vie. Que ces chemins nouveaux et imprévisibles qui s’ouvrent à nous soient enracinés dans le mystère du Christ. Alors nous ne fourvoierons pas.
 
AMEN.
 
                                                                                                                                                                                                                      
 Michel Steinmetz

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