Á mesure que nous
approchons de la fin de l’année liturgique, l’évangile de saint Marc s’approche
naturellement aussi de la fin du ministère public de Jésus. Dimanche dernier
l’évangile évoquait la figure de ce scribe qui avait demandé à Jésus quel était
le plus grand commandement. Nous comprenons à travers cette question comme à
travers l’offrande de la veuve aujourd’hui, que l’évangile veut, d’une certaine
façon, mettre en évidence ce qui constitue le cœur de la démarche du croyant.
L’essentiel est quelquefois
plus facile à dire qu’à identifier et à mettre en œuvre ! L’épisode de
l’offrande de la veuve au Temple est éclairé par la rencontre de la veuve de
Sarepta qui faisait l’objet de la première lecture. Elie lui demande de
sacrifier tout ce qu’elle a pour vivre. Il lui reste juste de quoi faire un
pain en attendant de mourir. Elie le lui demande en promettant que Dieu
l’assistera autant que nécessaire. Dans le passage d’évangile, la veuve dans le
Temple vient apporter au trésor sa très modeste offrande. Il est probable
qu’elle accomplit ce geste en présence d’un certain nombre de témoins et de
scribes qui paradent devant les autres, en la jugeant de façon sévère,
puisqu’elle n’apporte pas le dixième ou le centième de ce qu’eux-mêmes ont
donné, alors que leurs richesses se constituent en dévorant le bien des veuves.
Ou pour dire les choses autrement : l’accueil de la différence leur est
insupportable car ils ne supportent que ce qui est à l’image de ce qu’ils ont
érigé en normalité.
Cette présentation de
l’offrande de la veuve dans le tronc du trésor concentre notre regard sur cette
question : que sommes-nous appelés à donner ? Non pas d’abord de manière
financière, mais personnelle. Donner de nous-même, de notre vie. Nous devons
bien constater que très souvent notre réponse à l’appel de Dieu se situe dans
ce que l’évangile appelle le superflu, ce qui relève, pourrions-nous dire
aujourd’hui, de la culture du loisir. Dans notre vie, quand nous nous sommes
occupés des choses « importantes » comme le travail, l’économie, la gestion de
nos biens, la réussite de notre famille, l’aide que nous pouvons apporter aux
uns ou aux autres, etc., quelle place reste-t-il à Dieu ?
Il y a un moyen très simple
de repérer ce qui se passe dans notre vie : c’est de regarder la manière dont
nous utilisons notre temps. Quel temps réservons-nous pour le Seigneur ? Vous
qui êtes ici vous pouvez déjà dire que vous avez réservé pour Lui le temps de
la messe du dimanche ! Mais il y a beaucoup de chrétiens qui n’ont pas cette
possibilité ou bien parce que malheureusement ils ont du mal à avoir
l’eucharistie, en raison de la pénurie des prêtres – Dieu merci, ce n’est pas
notre cas ! – ou bien parce qu’ils
ont d’autres choses à faire beaucoup plus importantes, et donc cette activité
considérée comme accessoire, ou « de loisir » passe après ! Comment peut-on
dire que le Seigneur est le centre de notre vie alors qu’il est logé à la
périphérie ? Quelle est notre capacité à préserver un temps honnête et juste
pour entretenir notre relation avec Dieu ?
Si l’Église nous invite à
prier chaque jour, matin et soir, c’est pour nous aider à exprimer d’une façon
consciente le sens que nous voulons donner à tout ce que nous vivons. C’est à
travers cet engagement du cœur que l’on donne tout à Dieu, que l’on donne le
sens de notre communion à la volonté de Dieu dans nos activités quotidiennes.
Ainsi, notre vie de chrétien, à travers les activités normales d’une existence
humaine, va prendre le sens d’une offrande réelle, d’un sacrifice véritable
offert à Dieu et en conséquence, nous les vivrons autrement.
La véritable foi, c’est de
croire que c’est par Dieu que nous vivons, c’est pour Dieu que nous vivons,
c’est grâce à Dieu que nous vivons, quoique nous fassions comme nous le dit
saint Paul : « Tout ce que vous faites : manger, boire, ou n’importe quoi
d’autre, faites-le pour la gloire de Dieu » (1 Co 10, 31). Amen.
AMEN.
Michel
Steinmetz
†
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