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vendredi 8 juin 2018

Homélie du 10ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 10 juin 2018

On peut entendre cet évangile d’une double manière. Ou bien l’on estimera qu’il y a quelque chose d’intolérable dans l’attitude de Jésus à l’encontre des siens, ou bien on se réjouira de cet élargissement de parenté. A la première lecture en effet, on pense découvrir une opposition entre la parenté de Jésus, sa famille de Nazareth (selon la chair et le sang) et ‘le nouveau cercle de famille’ celui des Douze et des disciples.
 
Regardons attentivement ce texte : Tout d’abord, nous voyons les gens de la parenté de Jésus qui sont venus pour se saisir de lui en disant : « il a perdu la tête ». Non pas qu’ils le pensent, mais qu’ils craignent sans doute bien plus pour lui, à la vue dont les choses semblent tourner. Ils veulent le sortir d’affaire. C’est l’attitude d’une famille qui se sent solidaire.  Car la foule était si nombreuse et si pressante qu’il leur était impossible de rentrer et ceux-ci restent dehors et font demander Jésus. « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? […] Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
 
A l’époque de Jésus, les liens de parenté sont sacrés. Il n’est donc pas étonnant que la parenté soit comprise au sens large du terme. Alors que nous distinguons entre fratrie, cousins issus de germain, cousins par alliance, etc… et que le monde moderne des familles recomposées embrouille plus encore les choses, il n’y a à l’époque que des frères et des sœurs. C’est-à-dire des personnes qui peuvent se revendiquer du même sang, du même héritage.
 
Jésus emploie le vocabulaire propre à désigner les relations familiales (mère, sœur, frère) non pour rabaisser les siens, sa parenté de sang – ce serait une vision des choses. Bien plutôt il étend cette parenté en l’étendant désormais à ceux qui « font la volonté de Dieu ». Faire la volonté de Dieu devient désormais la clé pour ouvrir, ou plutôt rouvrir, l’accès à Dieu. Nous ne pouvons finalement ni entendre cet évangile ni le comprendre sans le passage du livre de la Genèse  que la liturgie nous donnait en première lecture. Alors que Dieu avait créé l’homme et la femme pour demeurer dans son intimité, symbolisée par le jardin d’Eden, cet enclos protégé, Adam et Eve, poussés par leur désir de franchir l’interdit, se voient chassés. Ils n’ont pas compris que de faire la volonté de Dieu était pour eux le gage du bonheur et de la félicité. Ils ont préféré passer outre. Prenant de la distance par rapport à Dieu, ils devaient en payer les conséquences, et nous avec eux.
 
Voilà cependant que Jésus permet d’inverser le cours des choses qu’on croyait inéluctable. Dieu serait à jamais le Tout-Autre, désespérément loin. En Jésus, il se fait proche. C’est le sens de la réponse de Jésus aux scribes venus l’interroger. Comment se pourrait-il que Satan s’expulse lui-même ? En somme, il suffit de regarder pour comprendre. Ils ont devant les yeux les signes de sa puissance. Il guérit les malades, il expulse des forces obscures, il réconforte ceux qui souffrent jusqu’à faire revenir des morts à la vie. Serait-ce là les signes du Mauvais ? Le bon sens suffit à répondre. Evidemment que non.
 
Jésus introduit dans la parenté de Dieu ceux qui font sa volonté. Comme Lui la fait. Il n’agit pas en son nom propre. Il n’est pas à son propre compte. Il révèle le visage du Père et le rend proche d’une humanité qui avait pensé pouvoir se passer de Lui. Il va même plus loin encore : « nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous » (2 Co). Frères et sœurs, rien d’iconoclaste ou d’inconvenant dans les paroles de Jésus, mais plutôt une bonne nouvelle pour nous. Vous voulez faire partie de la famille de Jésus ? Vous n’aurez aucun test sanguin à fournir pour prouver les liens du sang. Il vous suffira de paraître devant lui avec le cœur rempli du désir de faire ce qu’Il attend de vous.
 

AMEN.
 
 
                                                 
Michel Steinmetz

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