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vendredi 18 mai 2018

Homélie de la solennité de la Pentecôte (B) - 20 mai 2018

Voilà cinquante jours qui ont passé depuis que Jésus est ressuscité ! Que de choses étonnantes et inattendues se sont déroulées depuis. Nous avons été témoins de cette délicate et pourtant réelle présence dans l’absence, cheminant peu à peu dans ce mystère d’une vie plus forte que la mort. Cette réalité que seul le christianisme proclame et ose proclamer depuis deux mille ans. Il ne s’agit pas d’une théorie, d’une idée ou d’une idéologie. Car à une idée, si belle soit-elle on pourra toujours en opposer une autre ; et à une idéologie en succède une autre. A la question ultime pour l’homme de savoir ce qu’il deviendra, par-delà les richesses accumulées ou le pouvoir gagné au long de sa vie, le Christ ressuscité apporte une réponse. Il n’y a rien de plus grand que la vie, qu’une vie qui se glisse dans l’éternité de Dieu.
Et depuis l’Ascension nous demeurions dans l’attente, celle d’une force, la force de Dieu, qui nous serait communiquée. Voici que ce don nous est fait. Non pas comme le souvenir de ce qui s’est passé à Jérusalem pour les apôtres et la Vierge Marie, mais comme une pentecôte pour nous, ici et maintenant. C’est là un nouveau passage pour nous, après celui de la Pâque. La Pentecôte porte la Pâque à sa pleine réalisation. Ce n’est donc pas pour rien que saint Augustin osait parler de ces cinquante jours comme d’un unique jour de fête. Voilà pourquoi le cierge pascal, allumé dans la nuit de la résurrection, n’a cessé de répandre sa clarté au milieu de nous et que, chaque dimanche, nous avons mémoire de notre baptême par le rite de l’aspersion au début de l’eucharistie.
 
Voilà que nous célébrons un nouveau passage. Nous sommes passés de la Pâque ancienne à la Pâque nouvelle et nous passons de la Pentecôte ancienne à la nouvelle et actuelle Pentecôte. Qu’est-ce à dire ? Le judaïsme primitif fêtait le début du cycle agraire annuel avec le germination de l’orge et, après la sortie d’Egypte, cette fête est aussi devenue celle de la libération de l’oppression par l’immolation de l’agneau puis le passage de la Mer rouge à pied sec. Cinquante jours plus tard, Pentecôte, à l’origine célébration des moissons, allait devenir le mémorial du don de la loi au Sinaï. Pour nous, cinquante jours après le sacrifice de l’Agneau véritable, le Christ, nous ne célébrons plus le don de la Loi que le doigt de Dieu a écrit sur des tables de pierre, mais l’action de son Esprit qui grave la loi nouvelle au fond des cœurs et les embrase de son amour. Cela n’est donc plus une action extérieure dont nous serions les spectateurs, mais quelque chose d’intérieur dont nous devenons participants : Dieu vient habiter en nous.
 
Ce que nous avons reçu, nous sommes invités à en faire part, sans réserve. C’est l’expérience déroutante que font les apôtres. Alors qu’ils étaient encore claquemurés au Cénacle, la loi de Dieu est inscrite au plus profond d’eux. Leur Pentecôte n’est ni dans le bruit qui survient du ciel, ni dans le violent coup de vent, ni même dans les langues de feu qui se partagent au-dessus de chacun d’eux – ce ne sont là que des signes -, elle est dans le fait qu’ils sont « remplis de l’Esprit-Saint ». Cette force, ce dynamisme, cette énergie qu’ils reçoivent les pousse à sortir. La peur n’est plus de mise. Ils osent le coup d’audace. Ils trouvent les mots pour se faire comprendre de tous. « Nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu ». Dans la suite du récit des Actes des Apôtres, d’après vous, qu’est-ce qui explique le nombre impressionnant de gens qui désirent devenir disciples de Jésus-Christ ? Eh bien, non l’obligation ou la contrainte, mais l’attraction.  Saint Augustin prenait cet exemple :
« Tu montres un rameau vert à une brebis, tu l’attires. On présente des noix à un enfant, il est attiré... Si donc ce qui est révélé des délices et des voluptés terrestres à ceux qui les aime les attire, ...comment le Christ révélé par le Père n’attirerait-il pas ? » (De praedestinatione sanctorum, 26, 5, p. 497).
 
Aujourd’hui l’Esprit descend sur nous et veut achever en nous l’œuvre de Pâques. Que Dieu devienne pour nous l’objet de notre désir. Alors nous en serons contagieux. C’est la nouvelle Pentecôte ! Laissons-Dieu embraser nos cœurs !
 
 
AMEN.
 
                                                                                                                                                                                                                      
Michel Steinmetz

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