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vendredi 16 mars 2018

Homélie du 5ème dimanche de Carême (B) - 18 mars 2018

Ces quelques Grecs, dont parlent l’évangile, venus à Jérusalem en pèlerinage pour la fête de la Pâque sont comme une sorte d’avant-garde de tous ceux qui viendront recevoir du Christ l’accomplissement des promesses de Dieu. Ils ne sont pas juifs. Peut-être même ne sont-ils pas de la catégorie que l’on appelait les « craignant-dieu ». Ils sont simplement des gens qui ont entendu parler de la religion juive, qui s’y sont intéressé, et qui viennent voir de plus près. Parmi ce qu’il y a à voir de plus près, il y a Jésus, dont ils ont sans doute entendu évoquer le nom et qu’ils souhaiteraient rencontrer. Cette demande : « nous voudrions voir Jésus » (Jn 12,21), nous pouvons l’entendre au premier degré : ils voudraient rencontrer Jésus de Nazareth dont on parle tant et qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de voir. Mais l’évangile de saint Jean nous donne immédiatement une autre interprétation, beaucoup plus large, car la réponse du Christ introduit une référence à ce qui va se passer : « l’heure est venue, c’est maintenant, où le Fils de l’homme doit être glorifié » (Jn 12,23). Il ne s’agit plus simplement de voir Jésus mais de découvrir qui Il est vraiment : le Fils de Dieu.
 
Le Messie va être glorifié, et nous savons que les disciples en entendant cela peuvent encore imaginer que Jésus va manifester sa puissance dans un déferlement de puissance. Mais ils ont déjà été préparés et prémunis contre cette tentation : « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il ne porte pas de fruit, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle » (Jn 12,25). Il faut bien comprendre que la gloire du Messie passe par sa mort dont ils vont être les témoins dans les jours qui viennent. Cela va à l’inverse de notre manière de penser et d’envisager le monde et notre propre vie. On ne tient pas à disparaître. Et nous n’arrivons que très difficilement à admettre que c’est en disparaissant que nous subsistons. Au contraire nous serions plus tentés de nous agripper pour mieux demeurer. L’Évangile nous enseigne un autre chemin. Pour que l’épreuve que les disciples vont traverser contribue à fortifier leur lien avec le Christ et leur permettent d’entrer dans la perspective propre de Jésus, la voix qui se fait entendre comme un écho de la transfiguration que nous avons méditée à l’entrée de ce carême, dit : « je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ». La gloire du Christ, d’après l’évangile de saint Jean c’est son élévation de terre, c’est-à-dire sa crucifixion. Et pourtant, là où les témoins ne verront qu’un signe de malédiction, un signe de défaite, un signe d’abandon de la part de Dieu, Dieu lui-même dit : « je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore ».
 
Si la liturgie nous invite à méditer ces phrases du Christ à quelques jours de la semaine sainte, c’est précisément pour nous permettre de comprendre de l’intérieur, les résistances spirituelles auxquelles nous allons être confrontés durant la célébration des jours saints. Quand nous entendrons le récit de la Passion du Christ, le jour du Vendredi saint, ou quand nous en suivrons les étapes dans le chemin de croix, nous serons soumis à la tentation de croire que c’est la fin, que c’est la marque de l’échec de la mission du Christ. En préparant les disciples à cette épreuve, le Seigneur veut leur faire comprendre que c’est précisément au moment où ils ont le sentiment que tout est perdu, que la puissance de Dieu va se manifester et que le Christ se lèvera d’entre les morts. Tel un retournement de l’absurde du monde.

Nous comprenons à travers l’évangile de Jean, que cette vision du passage de la mort à la vie, n’est pas simplement une clef pour comprendre ce qui va arriver au Christ, mais que c’est aussi une clef pour comprendre ce qui nous arrive, à nous ! Ce chemin de mort qui fait son œuvre en nous est-il vécu dans la foi en la résurrection, ou bien est-il simplement vécu comme l’échec de l’expérience humaine ? C’est pourquoi le Christ appelle ses disciples à suivre son propre chemin.  La liturgie de la Semaine sainte nous invitera à mettre nos pas dans les pas du Christ, pour que la gloire de Dieu se manifeste en nous et que la lumière de la résurrection transforme dès maintenant notre manière de vivre.
 

AMEN.
 

Michel Steinmetz

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