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vendredi 9 mars 2018

Homélie du 4ème dimanche de Carême - 11 mars 2018

Vraiment, on n’a jamais trouvé personne de plus déterminé, patient et passionné que Dieu ! Le récit du livre des Chroniques nous le montre même de façon paradoxale. Alors que les appels répétés de Dieu à la conversion pour respecter la sainteté de la maison du Seigneur à Jérusalem étaient restés lettre morte, alors que Jérusalem avait perdu ses remparts et subi l’invasion, alors que les Babyloniens avaient brûlé la maison de Dieu et incendié tous les palais, tout semblait irrémédiablement et définitivement perdu. Et voilà que Dieu, persévérant dans son désir de voir son peuple rétabli et son alliance restaurée, suscite un Sauveur. Mais celui-ci n’est pas le Sauveur auquel on s’attendait. Il n’est pas juif. Il s’agit de Cyrus, c’est le roi de Perse. Pour mener à bien son projet de salut, Dieu va chercher des exécutants en dehors de son peuple et en dehors de l’alliance. Nous disposons de quelques autres exemples à travers la Bible, de païens que Dieu appelle pour montrer le chemin à son peuple. Oui, Dieu se plaît à écrire droit avec des lignes courbes. Et c’est vrai aussi pour notre propre existence.
 
Si Dieu est miséricorde, la façon dont va le monde, dont nous conduisons aussi nos propres vies, doit être en transformée. C’est-à-dire comment, à l’image de ce que Dieu fait pour nous, gérons-nous nos relations les uns avec les autres ? Comment en est modifiée la façon dont les nations, les peuples, les chefs des peuples sont en relation les uns avec les autres ? Nous voyons bien que la manière dont beaucoup de nos contemporains interprètent les rapports entre les peuples et les rapports entre les chefs des peuples est davantage commandée par le sens de la compétition, de la volonté de domination, de la confrontation, que par le sens de la miséricorde. Cela apparaît clairement dans un certain nombre de conflits actuels, par exemple en Syrie. Mais aussi, cette semaine, dans des guerres commerciales qui s’annoncent et qu’un certain dirigeant mondial estime comme légitimes. La logique de la confrontation, de la position exclusive ne peut pas conduire à des solutions pacifiques, ni à des solutions politiques, elle ne peut conduire qu’à l’exacerbation de la violence.
 
Dire de Dieu qu’il est un Dieu de miséricorde n’est pas une facilité ! La miséricorde de Dieu n’est pas un renoncement au jugement moral sur le bien et le mal. C’est à l’inverse de la déclaration assez surréaliste du président du comité national d’éthique qui déclarait la semaine passée ne pas savoir ce qui est bien ou mal. Cela fait froid dans le dos au moment de la révision des lois sur la bioéthique. Le Dieu de miséricorde n’est pas un Dieu qui ferme les yeux, pour n’avoir pas à se prononcer ! C’est un Dieu qui voit le mal dont souffrent les hommes, qui voit le mal qui touche le cœur de l’homme et qui cherche les chemins pour ramener la paix et la vie. Celui qui va rendre la vie, c’est celui qui est levé comme le serpent d’airain au désert. Le serpent d’airain, c’était la figure de la source de la mort, car c’étaient les serpents qui apportaient la mort. Moïse, en dressant ce serpent d’airain, donne comme une anti-image de la mort, et ceux qui le regardent sont guéris. L’évangile de Jean, en utilisant cette référence de la période du désert, applique évidemment cette vision à la figure du Christ. Le Christ est dressé comme un signe de mort, et ceux qui lèvent les yeux vers lui, avec foi, sont guéris.
 
S’il y a un jugement, ce n’est pas Dieu qui juge ; c’est l’homme qui juge, car le jugement, c’est que les hommes n’ont pas pu accueillir la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. La source du jugement, c’est ce que nous avons dans le cœur ! Ce n’est pas une supposée malice de Dieu. À mesure que nous approchons de cette célébration de la mort et de la résurrection du Christ, la liturgie nous invite à entrer plus profondément dans cette méditation sur la profondeur de la miséricorde de Dieu, sur l’immensité de son amour, sur l’inventivité dont il fait preuve pour aller à la recherche des hommes jusqu’au don ultime : Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils.
 

AMEN.
 
                                                                                                                                                                                                                      
Michel Steinmetz

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