A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

mercredi 28 mars 2018

Homélie de la Vigile pascale et Messe de la Résurrection - 31 mars 2018

Dans cet évangile, les femmes ont eu peur (Mc 16, 8). Elles ont certainement eu peur en trouvant le tombeau vide. Mais elles ont eu plus peur encore quand cet homme vêtu de blanc – un ange vraisemblablement – leur a dit justement de ne pas avoir peur ! La première frayeur vient de l’étonnement de ne rien trouver là où elles avaient vu déposer le corps de Jésus. Mais la seconde peur n’est pas une peur de surprise. C’est une peur de mission. En effet, le jeune homme leur a dit de rejoindre les disciples, et de leur annoncer qu’elles avaient trouvé le tombeau vide et que Jésus était ressuscité (Mc 16, 6-7).
 
Nous qui sommes chrétiens depuis plus ou moins longtemps, nous faisons peut-être un usage un peu facile du vocabulaire de la Résurrection. Nous disons ou nous chantons : « Il est ressuscité », comme si cela allait de soi, et comme s’il était raisonnable de croire qu’un mort puisse ressusciter ! Il nous est difficile d’imaginer la mission que les femmes ont reçue, celle d’être les premières à annoncer que Jésus était ressuscité et qu’il les précédait en Galilée comme il le leur avait dit (Mc 16, 7). Ce n’est pas parce qu’elles étaient plus timides ou plus faibles que d’autres qu’elles ont eu peur d’annoncer la Résurrection du Christ. Elles étaient effrayées parce que c’est un message redoutable à proclamer ! Cela revient en effet à prendre position sur l’événement le plus inévitable de la vie de chacun d’entre-nous : notre propre mort. S’il y a une chose dont tout le monde est sûr, c’est qu’il mourra. Et celui qui vient nous annoncer qu’il ne mourra pas nous raconte des histoires. Il est donc difficile de prendre au sérieux celle qui vient annoncer aux apôtres : Celui que vous avez vu crucifié sur le calvaire : il est ressuscité !
 
Tous nous vivons, bien ou mal, plus ou moins confusément. Si difficile que soit cette vie, nous avons la faiblesse d’y tenir et de nous y accrocher. Mais nous vivons avec la mort inscrite en nous. Avec ces femmes, Dieu nous conduit vers ce lieu de la mort qu’est le tombeau, là où elles pensent trouver le cadavre de Jésus. C’est une visite funèbre, triste et nostalgique s’il en est. Mais avec les femmes, nous voulons faire cette visite, honorer le corps du Christ mort. Avant d’accéder au tombeau, il y a une lourde pierre placée là pour le fermer. Les femmes se demandaient comment elles pourraient déplacer cette pierre énorme. Mais elle a déjà été roulée sur le côté ! Dans notre vie, dans notre cœur, dans notre esprit, nous avons d’énormes pierres, d’énormes écrans, d’énormes obstacles qui ferment l’horizon et nous empêchent d’accéder au Christ. Comme ces femmes, nous avons besoin qu’une main puissante jette la pierre sur le côté. Dieu le fait pour nous, Lui dont la main a fait prouesse (ps. 117).
 
Et voilà que nous arrivons au tombeau. Il est vide. Mais notre foi n’est pas de croire au tombeau vide. Un tombeau vide, c’est un tombeau vide. Si le tombeau est vide, c’est que Celui qu’on y avait déposé est ailleurs. Nous croyons au Christ Ressuscité. Ce n’est pas parmi les morts que l’on va retrouver un vivant. Ce n’est pas dans un tombeau que l’on va trouver le Christ, c’est en Galilée, sur le lieu de la mission où il appelle ses disciples. Nous ne devons pas nous arrêter à ce tombeau vide, mais plutôt nous laisser envoyer dire à nos frères : « Il nous précède en Galilée » (Mc 16, 7), « Il est en avant de nous », il est déjà parti par le monde. Jésus n’est pas enfermé dans nos souvenirs, dans ce qui reste de mort dans notre vie, dans nos fautes, nos faiblesses ou nos résistances. Il est toujours au-delà, plus loin, repoussant les limites que nous pensons infranchissables.
 
Comme les femmes ce jour-là, l’Église nous a amenés jusqu’au tombeau, non pas pour que vous preniez une photographie du tombeau vide, mais pour que vous soyez convaincus qu’il n’est pas parmi les morts, et que votre vie ne se trouve pas parmi les morts.
 
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

Aucun commentaire: