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mercredi 28 mars 2018

Homélie de la célébration de la Passion et de la Mort du Seigneur - Vendredi-Saint 30 mars 2018

Que venons-nous faire ?
 
Nous célébrons en ce jour la Passion du Seigneur. Célébrer la Passion du Seigneur, ce n’est pas se faire violence une fois par an pour aller assister passivement à un spectacle tragique. Ce n’est pas non plus commémorer la mort d’un ami qui était ‘un type formidable’. Malheureusement, il y a en a eu beaucoup, et il y a en a encore, de ces hommes qui consentent à mourir en héros, faisant passer la survie d’autrui devant la leur. L’actualité nous en donnait tragiquement un exemple ces derniers jours. Beaucoup, si le cas devait survenir, accepteraient, je crois, de donner leur vie pour un proche : un parent, un enfant, un frère ou une sœur. Peut-être en serions-nous. Autre chose est encore d’offrir sa vie librement pour quelqu’un avec qui nous ne sommes pas liés affectivement. Accepter que cet « étranger » devienne mon « prochain ». Une fois encore, il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour cela, quand bien même l’évangile nous enseigne cette voie de l’humilité et du renoncement. 
 
 
Si nous venons célébrer la Passion de Jésus, ce n’est pas non plus simplement à la manière dont on va consoler un ami. De consolateurs, Jésus n’en a presque pas eu et il n’en a pas besoin aujourd’hui. Ses amis, ses disciples, ses familiers ont déserté. Tout du moins se sont-il fondus anonymement dans la foule des spectateurs passifs, voire satisfaits. Pierre lui-même l’a renié en affirmant ne pas être de ceux-là. Au pied de la croix, il ne reste donc que Marie, la mère qui communie aux souffrances atroces de son enfant, et Jean, l’ami de toujours, le « petit jeune » de la bande, sans doute encore heureusement insouciant. Son cœur parle avant sa raison.
 
Que faisons-nous donc en ce jour ? Que nous demande le Seigneur en cet instant ? Ce qu’il veut, c’est que nous comprenions que ce sont nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé ; ce qu’il veut, c’est que nous fassions le lien entre sa vie et notre vie. Inutile donc de penser que nous allons lui en rajouter par nos problèmes : au contraire, notre conversion, c’est de reconnaître que nous sommes impliqués dans la Passion de Jésus. C’est pour nous que le Christ a souffert (1P 2,21).
 
 
En cela la mort de Jésus diffère de toutes les autres, tout en rejoignant chacune. Le Fils de Dieu accepte de porter ce qui lui est étranger, la mort, pour donner ce qui nous manque, la vie sans fin. La logique du monde et de nos existences veut que les choses aillent à leur achèvement, à leur pourrissement et qu’elles y trouvent une fin. La croix de Jésus, elle, ne marque pas d’anéantissement. Elle est comme une clé qui permet de déverrouiller la porte de l’éternité. Célébrer la Passion du Seigneur, c’est essentiellement vivre un retournement ; une conversion semblable au retournement de la foule évoquée dans le chant du Serviteur souffrant que nous entendions dans la première lecture. La foule anonyme pensait que cet homme défiguré était un pauvre type de plus, un étranger bien différent et extérieur à leurs vies. Rien de neuf donc, jusqu’au moment où la lumière de Dieu s’engouffre collectivement dans leurs cœurs et que leurs yeux s’ouvrent enfin. Ce retournement soudain de regard, cette conversion sont exprimés en quelques mots : « Pourtant c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. » En d’autres termes : ce que vit cet homme a quelque chose à voir avec nos propres vies. Et même, il porte une responsabilité qui n’est pas la sienne, mais la nôtre. Oui, ce Serviteur annonce Jésus, l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde, qui le porte pour le supprimer …
 
Célébrer la Passion du Seigneur, c’est donc se laisser sauver par Jésus. Quand nous allons venir en procession dans quelques instants pour vénérer la Croix, ouvrons notre cœur et déposons à ses pieds ce qui nous empêche d’accueillir son amour. Car Il le porte sur Lui. Et sa Passion ne sera pas vaine pour nous.
 
AMEN.                  
                                                                                                                                                                                  
Michel Steinmetz

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