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jeudi 8 février 2018

Homélie du 6ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 11 février 2018

Selon les prescriptions de la Loi de Moïse, que nous avons entendues dans le Livre du Lévitique, le lépreux devait se tenir à l’écart de tous. Ceci ne visait pas d’abord à éviter la contagion, comme nous le penserions aujourd’hui. Cette mise à l’écart permettait surtout d’éviter au peuple de contracter une impureté rituelle. Car ceux qui avaient été en contact avec les lépreux devenaient inaptes à participer à la vie et à la prière du peuple de Dieu.
 
En purifiant le lépreux, Jésus va donc d’abord dépasser cette séparation entre ceux qui sont impurs et ceux qui sont purs. Il touche le lépreux, et ce faisant, il lui donne de réintégrer le Peuple Saint. Il vient « rassembler les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52). Dans ce geste, Jésus se fait proche de celui que tous repoussaient. Dans notre tradition culturelle, nous avons également connu cette crainte du lépreux et cet interdit qui les frappait, sans avoir aucun lien à la loi juive. Au Moyen-Age, à Strasbourg, comme dans d’autres villes, les lépreux étaient condamnés à vivre reclus en dehors des murs de la cité. De grandes figures de saints comme François d’Assise ou Ignace de Loyola ont su vaincre cette sorte de crainte ancestrale à l’égard de ceux dont l’apparence peut être repoussante, parce qu’ils sont complètements autres et différents.
 
Mais en purifiant le lépreux, Jésus ne guérit pas seulement cette apparence. Il vient toucher en profondeur la culpabilité enracinée dans l’inconscient de l’humanité, et dont la maladie visible semble toujours être la manifestation extérieure. Le lien entre la maladie et le péché n’appartient pas seulement aux mentalités archaïques ou dépassées par notre savoir moderne et nos connaissances médicales. Beaucoup voient dans les maladies une sorte de punition, ou du moins la manifestation de la noirceur intérieure de ceux qui en sont affligés. Ainsi, devant un mal imprévu ou un accident soudain, nous pouvons entendre (ou penser) : « Pourtant, il n’avait rien fait de mal ! ». Cette réflexion laisse supposer que, si cette personne avait fait quelque chose de mal, la maladie, l’accident ou la mort auraient été justifiés. Ce lien était profondément ancré dans la culture juive. Ainsi, dans l’évangile de saint Jean, quand Jésus rencontre l’aveugle-né, ses disciples lui demandent : « Seigneur, qui a péché ? Lui ou ses parents ? » (Jn 9, 2).
 
Voilà pourquoi, en purifiant le lépreux, Jésus n’opère pas simplement une guérison, mais pose un geste qui annonce une libération plus profonde. S’il peut guérir la lèpre visible, pourquoi ne serait-il pas capable de guérir les lèpres invisibles qui affligent l’âme humaine ? Dans la guérison du paralytique qui suit ce passage dans l’évangile de saint Marc, Jésus confirme cette dimension de sa personne et de sa mission : il n’est pas simplement un thaumaturge et un grand rabbin, mais celui qui peut délivrer l’homme du péché. Pour nous, comment trouvons-nous notre place dans cette scène de la rencontre du lépreux avec Jésus ? Nous pouvons nous représenter prosternés aux pieds du Christ et le suppliant : « Seigneur si tu le veux, tu peux me purifier » (Mc 1, 40), de mes maux, mais surtout de ceux qui noircissent et enlaidissent mon âme, me font douter de ton amour et de ma propre capacité à aimer et à faire le bien.  La venue du Christ ne touche pas simplement nos imperfections trop perceptibles de la vie quotidienne. Elle vient guérir les péchés qui touchent notre âme et que personne ne voit.
 
A la veille d’entrer dans le temps du carême, nous pouvons faire retour sur nous-mêmes et prendre conscience de ce qui nous afflige. Demandons aussi au Seigneur que cette expérience de la purification, du pardon et de la réintégration soit un signe pour le monde. Nous appartenons à une communauté. Nous en sommes les membres et ne vivons pas comme si nous étions perdus et isolés à travers l’immensité de l’univers sans aucun point d’appui, sans aucun lien, sans aucune chance d’entrer en contact avec quiconque. Par le Christ, nous sommes intégrés dans l’Église, le peuple des chrétiens, la fraternité des baptisés, ceux qui vivent selon la belle vie de l’Evangile.
 

AMEN.
 
                                                 

Michel Steinmetz  

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