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jeudi 1 février 2018

Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 4 février 2018

La foule qui se presse de toutes parts essaye de profiter de la présence de Jésus. Elle perçoit très vite une délivrance. Elle se tourne vers ce prophète qui s’est levé, non seulement parce qu’il parle bien, mais aussi parce qu’il guérit et libère. L’agir accompagne la parole. Et puis, étrangement, l’évangile nous dit : « bien avant l’aube, il se retire pour prier » (Mc 1, 35). Jésus semble vouloir échapper à cette foule. Il n’est pas venu se laisser enfermer par les habitants de Capharnaüm, comme s’il était sorti d’auprès du Père pour sauver les seuls habitants de Capharnaüm. Il est venu pour l’humanité, et donc il se retire, s’échappe, en insérant un écart entre lui et l’attente de cette foule. Quand les disciples lui disent : « Tout le monde te cherche » (Mc 1,37), il répond : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti » (Mc 1,38).
 
Nous pouvons légitimement être admiratifs et séduits par la personne de Jésus, mais nous devons comprendre aussi que nous n’en sommes pas pour autant propriétaires. Le Christ vivant aujourd’hui à travers son Église, n’est pas à notre disponibilité. Dire cela implique quelques conséquences. Le Christ, tout d’abord, n’est pas réductible à ce que nous pouvons dire ou vivre de Lui. Sans cesse il dépasse nos propres frontières pour élargir nos horizons. Celui qui pense ainsi avoir tout compris de Lui, et donc n’en attend plus rien, est un chrétien en danger. De même celui qui refuse de se laisser bousculer. Voilà bien pourquoi les slogans, comme « On a toujours fait comme cela ! » sont-ils redoutables pour nos communautés chrétiennes. Ensuite nous nous découvrons comme n’étant pas les propriétaires de la Bonne Nouvelle que Jésus annonce et manifeste au milieu des hommes. C’est ainsi qu’il entraîne ses disciples à quitter Capharnaüm et à parcourir la Galilée. C’est ainsi qu’il nous invite, nous aussi, comme le pape François nous le rappelle souvent, à sortir de nos communautés, à ne pas les concevoir comme des chapelles protectrices, mais comme une base de départ, un lieu de renforcement, de motivation du dynamisme de l’Évangile. C’est ce que nous rappelait l’apôtre Paul dans l’épître aux Corinthiens. « Ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9,16). Il est au milieu de nous, non pas comme celui qui vient seulement satisfaire nos attentes, mais pour nous entraîner ailleurs, vers d’autres villages, vers d’autres hommes et d’autres femmes, pour porter l’Évangile au-delà des limites de nos communautés.
 
Si peu que nous ayons de force, si peu que nous ayons de temps, si embarrassés que nous soyons à cette idée que nous portons quelque chose qui pourrait être utile à ceux qui nous entourent, à nos contemporains, il faut que nous nous laissions porter par le dynamisme de l’Évangile pour devenir avec les disciples de Jésus ceux qui vont quitter leur village, quitter leur environnement, quitter l’ambiance chaleureuse qu’ils connaissent et aller apporter l’Évangile, la proposition d’une vie nouvelle et différente de « la vie de corvée » qu’évoquait le livre de Job. Nous possédons une richesse, une espérance, une force qui dépasse ce que nous pouvons imaginer. Nous ne comprenons et découvrons cette force, cette richesse que dans l’épreuve de la rencontre avec les autres. On peut se dire les uns aux autres qu’on est chrétien et que l’Évangile est une belle chose. La belle affaire ! Ce n’est pas trop compliqué de nous convaincre mutuellement que nous sommes chrétiens ! La question n’est pas là ! Cette richesse reçue, cet évangile que Dieu nous donne, cette bonne nouvelle et cet appel à la conversion ne sont pas faits seulement « à usage interne » ! Ils sont faits pour aller au-devant des hommes et des femmes qui nous entourent, pour aller leur annoncer que les temps sont venus, qu’aujourd’hui « le Christ est sorti » (Mc 1,38) ! Il est sorti d’auprès du Père pour venir dans l’humanité, il sort de Capharnaüm pour aller dans la Galilée, et cela veut dire pour nous, aujourd’hui, qui constituons la figure sacramentelle du Christ ressuscité, qu’il sort avec nous des frontières de notre Église pour l’annoncer à tous les hommes.
 

AMEN.
 
                                                 

Michel Steinmetz

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