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vendredi 16 février 2018

Homélie du 1er dimanche de Carême (B) - 18 février 2018

« Dis, Papa, c’est quand qu’on arrive ? ». Que de fois les parents ne se plaignent-ils pas du manque de patience de leurs enfants ? Mais que de fois aussi les enfants n’ont-ils pas raison de se plaindre du manque de patience de leurs parents envers eux ? Dieu, lui, patiente. Pierre le rappelait dans sa lettre – c’était la deuxième lecture. Et même, sa patience est mise à rude épreuve, non seulement une fois, au déluge, mais tout au long de l’histoire du salut. Nous disposons dans les premiers livres de la Bible, d’épisodes bien connus, comme la Tour de Babel, le déluge, et d’autres, qui manifestent comment, à un moment, plus rien ne fonctionne ! Alors, il faut recommencer. C’est comme s’il fallait refaire la création originelle, remettre en marche les moyens d’entrer en communion avec Dieu, remettre en vigueur l’écoute de la parole de Dieu, la réponse à ses commandements, bref, commencer un monde nouveau. Dieu a tenté de promouvoir un monde nouveau, mais chaque fois, son effort pour faire surgir cette humanité nouvelle, ce monde réconcilié, s’est heurté à la dureté des cœurs, à la paresse des hommes, à leur indifférence, à leur volonté de puissance, et ultimement, comme c’était le cas pour la tour de Babel, à la volonté d’atteindre les cieux sans Dieu, de faire comme s’ils étaient des dieux.
 
Il est bon de conserver cet arrière-fond dans notre esprit, au moment où nous entrons dans le temps du carême, alors que dans l’évangile de saint Marc, Jésus va commencer, précisément, à annoncer l’avènement du Royaume, le « Royaume de Dieu est tout proche, convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc, 1,15). Dieu voulait depuis les origines ce monde nouveau ; il a essayé à tant de reprises sans perdre patience ! Et voilà que cette fois-ci encore s’ouvre le temps d’une nouvelle alliance, une alliance où l’homme serait réconcilié avec Dieu, avec lui-même, avec le monde qui l’entoure. Mais nous voyons aussi dans ces quelques versets de l’évangile que l’inauguration de cette alliance nouvelle est indissociable d’un combat. Il ne s’agit pas d’une lutte par erreur, d’une lutte imprévisible, mais d’une lutte choisie, car c’est l’Esprit de Dieu qui conduit Jésus au désert pour qu’il y soit tenté. Ce combat dans lequel il entre contre Satan, c’est le combat perpétuel de l’histoire humaine. Et Dieu pourrait très bien se passer de nous dans ce combat, il pourrait très bien s’imposer, annihiler Satan, et instaurer un règne nouveau. Mais alors, quelle serait notre place dans ce règne nouveau si nous n’avions jamais, d’aucune façon, participé à sa construction, si nous étions comme des consommateurs passifs d’un paradis sur terre où le combat qu’il suppose nous aurait été épargné ?
 
Beaucoup pensaient que Jésus, puisqu’il était le Fils de Dieu et le Messie, pourrait rétablir Israël en faisant disparaître les Romains. Les disciples pensaient qu’il suffisait d’anéantir les mauvais esprits pour que la vérité triomphe. Mais nous voyons bien dans l’Évangile que ce n’est pas le chemin que Jésus a suivi. Il ne s’est pas laissé entraîner dans cette tentation d’utiliser la puissance de Dieu pour annihiler la liberté de l’homme. Il a voulu partager cette liberté humaine jusque dans sa tentation, il a voulu ouvrir le grand débat que sa parole et ses miracles vont développer avec ses auditeurs ou ses spectateurs. Cette lutte contre le mal n’est pas l’anéantissement des pécheurs, elle n’est pas l’accusation des autres ; cette lutte contre le mal, c’est la conversion de nos cœurs. Le règne de Dieu s’est fait proche : convertissez-vous et croyez à l’évangile ! A travers ces tentations au désert, et à travers le carême dans lequel nous sommes entrés pour nous préparer à Pâques, c’est ce combat auquel nous sommes associés.
 
Peut-être pouvons-nous nous imaginer que ce serait plus confortable d’aller directement au jardin de la Résurrection, de ne pas traverser ce désert, de ne pas traverser ni subir ces épreuves, ces tentations, ces combats qui nous paraissent parfois tellement dérisoires et qui sont parfois tellement douloureux, parce que notre liberté est engagée. Mais le Christ est venu pour que nous soyons sauvés, c’est-à-dire pour que notre liberté participe à son projet, et non pour que celui-ci nous soit imposé du dehors, comme un vêtement qui se superposerait à notre vie ancienne sans que notre cœur ne soit changé. Comme si l’on pouvait être chrétiens à la manière des acteurs costumés sans que notre personnalité ne soit transformée.
 
AMEN.
 
 
Michel Steinmetz

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