« Dis, Papa, c’est quand qu’on arrive ? ».
Que de fois les parents ne se plaignent-ils pas du manque de patience de leurs
enfants ? Mais que de fois aussi les enfants n’ont-ils pas raison de se
plaindre du manque de patience de leurs parents envers eux ? Dieu, lui,
patiente. Pierre le rappelait dans sa lettre – c’était la deuxième lecture. Et
même, sa patience est mise à rude épreuve, non seulement une fois, au déluge,
mais tout au long de l’histoire du salut. Nous disposons dans les premiers
livres de la Bible, d’épisodes bien connus, comme la Tour de Babel, le déluge,
et d’autres, qui manifestent comment, à un moment, plus rien ne fonctionne !
Alors, il faut recommencer. C’est comme s’il fallait refaire la création
originelle, remettre en marche les moyens d’entrer en communion avec Dieu,
remettre en vigueur l’écoute de la parole de Dieu, la réponse à ses
commandements, bref, commencer un monde nouveau. Dieu a tenté de promouvoir un
monde nouveau, mais chaque fois, son effort pour faire surgir cette humanité
nouvelle, ce monde réconcilié, s’est heurté à la dureté des cœurs, à la paresse
des hommes, à leur indifférence, à leur volonté de puissance, et ultimement,
comme c’était le cas pour la tour de Babel, à la volonté d’atteindre les cieux
sans Dieu, de faire comme s’ils étaient des dieux.
Il est bon de conserver cet arrière-fond dans
notre esprit, au moment où nous entrons dans le temps du carême, alors que dans
l’évangile de saint Marc, Jésus va commencer, précisément, à annoncer
l’avènement du Royaume, le « Royaume de Dieu est tout proche, convertissez-vous
et croyez à l’Évangile » (Mc, 1,15). Dieu voulait depuis les origines ce monde
nouveau ; il a essayé à tant de reprises sans perdre patience ! Et voilà que
cette fois-ci encore s’ouvre le temps d’une nouvelle alliance, une alliance où
l’homme serait réconcilié avec Dieu, avec lui-même, avec le monde qui l’entoure.
Mais nous voyons aussi dans ces quelques versets de l’évangile que l’inauguration
de cette alliance nouvelle est indissociable d’un combat. Il ne s’agit pas
d’une lutte par erreur, d’une lutte imprévisible, mais d’une lutte choisie, car
c’est l’Esprit de Dieu qui conduit Jésus au désert pour qu’il y soit tenté. Ce
combat dans lequel il entre contre Satan, c’est le combat perpétuel de
l’histoire humaine. Et Dieu pourrait très bien se passer de nous dans ce
combat, il pourrait très bien s’imposer, annihiler Satan, et instaurer un règne
nouveau. Mais alors, quelle serait notre place dans ce règne nouveau si nous
n’avions jamais, d’aucune façon, participé à sa construction, si nous étions
comme des consommateurs passifs d’un paradis sur terre où le combat qu’il
suppose nous aurait été épargné ?
AMEN.
Michel Steinmetz †
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