Ce soir même, nous entendrons
le récit de la naissance de Jésus selon saint Luc. Joseph quitte Nazareth pour
aller à Bethléem qui est appelée « la ville de David » car, explique le texte,
« il était de la maison et de la descendance de David. » Or, dès le premier verset de Matthieu (et
donc du Nouveau Testament), il est dit que Jésus est « fils de David ».
Ensuite, les gens l’interpellent avec ce titre de « Fils de David » ; les
aveugles crient « aie pitié de nous, fils de David ! » (Mt 9,27 ; 20,30) ; la
Cananéenne : « aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! » (Mt 15,22) ; les
foules, quand il entre à Jérusalem : « Hosanna au fils de David ! » (Mt 21,9).
Dans l’évangile de l’Annonciation à Marie que nous venons d’entendre, avez-vous
remarqué ce que dit l’ange : « Le Seigneur lui donnera le trône de David son
père, il règnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas
de fin » (Lc 1,32). Pourquoi donc est-il si important que Jésus soit «
descendant » de David ?
David est très vénéré dans le
judaïsme. On lui attribue la composition de tous les psaumes et, selon la
tradition, il priait Dieu en chantant et en s’accompagnant de la lyre à dix
cordes ou de la harpe (cf. Ps 33,2). Pas de doute, c’était un poète, un
musicien, un artiste ! C’est ainsi que les peintres et les sculpteurs l’ont
souvent représenté ! Mais David fut aussi un pécheur ! N’est-il pas important
pour nous de constater que les plus grands personnages bibliques ne sont pas
irréprochables. La Bible en effet garde la mémoire de son double péché : son adultère
avec Bethsabée, la femme d’Urie le Hittite, et son homicide puisqu’il a fait
tuer ce pauvre homme pour cacher son adultère ! Mais elle souligne surtout en
contrepoint son profond repentir et le pardon que son attitude de conversion a
obtenu de Dieu. Cette attitude est exemplaire et nous aussi, nous n’avons
jamais à nous considérer comme impardonnables ou perdus. Le personnage de David
a ainsi été très idéalisé : il est devenu le modèle du roi que Dieu aime :
religieux et serviteur de son peuple. Après lui, le plus grand nombre de ses
successeurs seront de très mauvais rois. Il leur sera reproché d’avoir adoré
les faux dieux, d’avoir fait « ce qui est mal aux yeux du Seigneur », c’est-à-dire
de n’avoir pas respecté les gens vulnérables comme la veuve, l’orphelin, l’étranger,
et d’avoir surtout cherché leur profit personnel par tous les moyens... Tout
cela a provoqué leur condamnation par Dieu et le renversement de la royauté :
Jérusalem fut prise par le roi Nabuchodonosor et la population fut déportée à
Babylone. On s’est alors souvenu de la prophétie de Samuel que nous avons
entendue dans la première lecture. C’est un texte très impressionnant. Dieu y
rappelle à David qu’il a toujours habité avec son peuple, non pas dans une
maison mais sous la tente : il a choisi d’accompagner son peuple dans ses
déplacements. Dieu ne s’est pas installé dans un lieu mais dans un peuple. Sa
maison, c’est son peuple au milieu duquel il a choisi de planter sa propre
tente !
C’est une très belle image !
Nos ancêtres dans la foi sont des bédouins, des migrants qui se déplaçaient
sans cesse avec leurs troupeaux. Ils vivaient sous la tente. Il y en a toujours
en Jordanie et en Palestine. Cette belle image du campement est reprise dans le
prologue de l’évangile de Jean que nous entendrons au matin de Noël : « Et
le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. » On pourrait traduire
littéralement : « et il a planté sa tente parmi nous. » Le Dieu du ciel veut
résider avec les hommes et au milieu d’eux, cheminer en leur compagnie, sur
leurs propres chemins. Jésus, Fils de David est aussi « Emmanuel » : « Dieu
avec nous » (Mt 1,23).
Pendant des siècles, le peuple
de Dieu a ainsi espéré voir naître ce descendant de David ! Cette attente
continue pour le peuple juif. Mais pour nous, chrétiens, cette attente a été
comblée avec la naissance de Jésus. Pour nous, Jésus est ce roi messie attendu.
Préparons-nous donc à accueillir ce Messie, Jésus Christ et Emmanuel, Dieu qui
vient planter sa tente chez nous. Que Dieu vienne naître en nos cœurs car,
comme l’écrit Angélus Silésius, mystique du XVIIe siècle :
« Le plus doux : voir Dieu
enfant d’homme,
Le plus heureux : sentir en
soi sa naissance. »
AMEN.
Michel Steinmetz †
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire