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vendredi 22 décembre 2017

Homélie de la messe du Jour de Noël - 25 décembre 2017

On est ému devant Dieu en tout petit. L’émotion, pour combien de temps, huit jours ? Cette émotion est peut-être même déjà en train de passer. Vous êtes bien moins nombreux ce matin qu’hier soir… comme tous les ans. On a l’impression que le réveillon et les cadeaux attirent encore un peu à Dieu. Et puis après, on va passer à autre chose. Les textes de la liturgie eux-mêmes, bien solennels comme le prologue de l’évangile de Jean, font, ce matin, peu de place à l’émotion. Pas d’attendrissement inopportun mais le dessein de Dieu qui, depuis nos pères et les prophètes, se déroule jusqu’à ce jour formidable où Dieu descend dans l’arène et vient planter sa tente au milieu de nous. « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ». Nous allons nous empresser de réinstaller Dieu sur son trône de gloire et de surveillance. Dieu moraliste, Dieu juge, gendarme, Divin radar, et même Père fouettard,  qui pourtant, cruelle contradiction, laisse les hommes se débattre avec leurs guerres, leurs cancers, leurs pertes d’emploi, leurs crises, et leurs escrocs. Face à ce Dieu de gloire et de crainte, qu’on a modelé dans la conscience des humains, la profondeur du ciel et le noir de la mort, vraiment, le petit Jésus ne fait pas le poids ! On veut, pour tous les jours, un Dieu sérieux, pas un « fils de l’Homme ».
 
La question nous vient : cela valait-il le coup que le Fils vienne sur terre ? Si ce n’était que pour nous enseigner une morale de comportement, on n’en avait pas besoin. On avait, depuis Moïse, les « commandements de Dieu ». Un bon prophète aurait suffi. Ou bien un ange, le ciel en est plein. Il n’existe aucune autre religion où Dieu se déplace en « personne » chez les hommes pour se faire l’un d’eux,  au point d’en connaître toutes les conditions, y compris celle de la mort. C’est ça, Noël, et les théologiens, qui n’ont jamais eu peur des mots,  ont appelé Incarnation, « dans la chair »,  ce mystère qui fait date dans l’histoire des innombrables religions. Ce mystère, Bonne Nouvelle, est le cœur du christianisme, sa spécificité, son originalité, au point qu’il est plus qu’une religion : il est essentiellement une foi en Dieu fait homme, donc aussi une foi en l’humanité, puisque Dieu, après ça, en fait partie. Dieu s’humanise et l’homme s’en trouve divinisé. C’est dur à croire quand on regarde le 20 heures ! Pourtant, si on n’a pas compris cette bonne nouvelle Noël,  on peut « avoir de la religion » comme on dit,  avec même beaucoup de dévotions et de pratiques, mais ce sera toujours une religion pré-chrétienne, celle d’avant la Nativité.
Dans l’ « admirable échange » qui s’opère aujourd’hui (Dieu se fait homme pour que nous devenions semblables à Lui), dans cette rencontre, il y un combat, ou tout du moins une résistance. L’évangile en témoigne : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » C’est donc que Dieu ne s’impose pas, mais qu’il demande à être reçu. Aujourd’hui comme hier, la lumière de Noël est fragile. Elle est trésor mis au milieu de nous. L’étoufferons-nous ? La rendrons-nous vacillante ? Ou, au contraire, ferons-nous en sorte qu’elle brille pour que les ténèbres n’aient pas raison d’elle ? Et comment y arriverons-nous ? Sans doute en faisant de cet Enfant un éternel vivant. Pas un objet de connaissance ou de culture. En lui permettant de prendre chair en nous et dans le monde. Cela signifie que Jésus, le Fils de Dieu, est une personne, non une idée ; un ami fidèle, non un juge implacable ; le Seigneur de nos vies qui nous fait aller de l’avant, non celui qui se tiendrait loin de nos préoccupations. Pour que Dieu puisse ainsi s’incarner, associez-la à ce que vous êtes, à ce que vous faites, à ce que vous souhaitez devenir. Vous vous sentirez plus divins.
 
Demain, Noël sera hier, la crèche de l’église et celle de nos salons seront démontées. Restera la présence de Dieu Homme. Jésus va grandir, il va se perdre dans la foule. La foi est de le découvrir, de le rencontrer. Pas encore au ciel, non, mais partout où Dieu nous donne de vivre, de grandir, d’évoluer.
 
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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