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samedi 28 octobre 2017

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 22 octobre 2017

Alors que la fête de la Pâque approche, la foule se presse sur la grande esplanade du temple de Jérusalem pour écouter Jésus arrivé récemment de Galilée. Serait-il le Messie qui, dit-on, doit survenir justement lors de cette fête de la libération ? Va-t-il déclencher la révolution ?...Mais les autorités religieuses - grands prêtres, anciens et scribes - sont de plus en plus excédées par cet homme qu’elles tiennent pour un imposteur et elles cherchent à le discréditer en le harcelant de questions insidieuses. C’est ainsi que Matthieu, après Marc, rapporte cinq controverses : à la première concernant son audace de parole, Jésus a répondu par les trois paraboles assez dures que nous avons entendues les dimanches précédents. Aujourd’hui voici la deuxième dispute qui concerne un sujet brûlant, très débattu à l’époque. En cette année (30 de notre ère), il y a déjà plus de 90 ans que les Romains occupent le pays. Ces païens idolâtres règnent d’une main de fer sur la terre sainte, répriment dans le sang toute tentative d’insurrection et exigent de lourds impôts qui pèsent de façon intolérable sur la population.
 
Le peuple de Dieu doit-il acquitter ce tribut qui semble reconnaître son allégeance à l’endroit de ces païens honnis ? Les zélotes, partisans de la résistance armée, mènent campagne pour qu’on refuse cette contribution ; au contraire, les grands prêtres et leur parti sadducéen, par crainte de la répression sanglante, ont opté pour la soumission et l’obéissance forcée. Ce sujet reste évidemment à la une de l’actualité et les opinions sont déchirées. Et si on allait demander son avis à ce Jésus ?
 
L'abord flagorneur qui semble honorer Jésus en soulignant sa droiture et son obéissance parfaite à la loi de Dieu cache une ruse : on le somme, devant les gens, de ne pas chercher de faux fuyant, de correspondre à sa réputation d’homme qui dit franchement la vérité quoi qu’il en coûte. Le dilemme l’enferme dans un piège. S’il répond : « Il faut payer », ce sera la preuve qu’il n’est pas un vrai prophète puisqu’il accepte l’occupation païenne et le déshonneur de la nation. En ce cas on pourra persuader la foule de le rejeter. S’il dit : « Ne pas payer », on le dénoncera aux Romains comme révolutionnaire dangereux, à supprimer d’urgence.
Jésus, connaissant leur perversité, riposte et sa réponse n’est pas facile à comprendre ni moins encore à appliquer car elle pointe des problèmes permanents : la situation du chrétien en tant que citoyen et le rapport de l’Eglise et de l’Etat.
 
Le denier représentait le buste de l’empereur avec l’inscription « Tibère César, fils du divin Auguste, Auguste » : prétention divine blasphématoire pour les Juifs ! Mais Jésus reconnaît - sans l’approuver bien sûr- la souveraineté romaine : le Prince qui frappe monnaie a autorité sur le pays. Donc Jésus ne veut pas être un Messie politique. Les croyants demeurent des citoyens tenus à remplir tous leurs devoirs : nous devons observer les lois et donc payer nos contributions.
 
S'il faut rendre à l’Empereur l’impôt (la pièce frappée à son effigie), il faut plus encore rendre à Dieu ce qui porte son image. Or qu’est-ce qui porte l’image de Dieu ? Ainsi que le déclare le premier récit de la création : l’être humain ! Tout être humain, quels que soient sa couleur de peau, son état de santé, son âge, sa condition, porte l’empreinte divine et est donc revêtu d’une dignité inaliénable. L’Etat ne dispose donc pas d’un pouvoir inconditionnel, il ne peut empêcher l’humain de « se rendre à Dieu », il ne peut imposer l’athéisme en combattant la religion vue comme une superstition néfaste, ni imposer des lois qui brident la liberté et bafouent la dignité humaine.
 
Le monde dans lequel nous vivons n’est que l’ébauche du Royaume des cieux. En nous rendant semblable à Celui dont l’effigie est gravée au fond de nos cœurs, son Royaume grandira et transformera ceux de ce monde. A nous d’en être les acteurs résolus et vigilants !


AMEN.



Michel Steinmetz  

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