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mardi 31 octobre 2017

Homélie de la solennité de Tous les Saints (vêpres) - 1er novembre 2017

La proclamation des Béatitudes qui constitue comme le cœur du sermon sur la montagne dans l’évangile de saint Matthieu est à la fois une prophétie et une bénédiction. C’est une bénédiction parce qu’elle nous fait entendre le chemin de la perfection auquel Dieu appelle les disciples de Jésus, non pas comme un chemin de perfectionnement moral qui dépendrait de nos forces et de notre volonté, mais comme un chemin d’accomplissement qui résulte de la grâce de Dieu répandue en nos cœurs et annoncée par Jésus lui-même. C’est une bénédiction parce qu’elle nous fait accueillir ses paroles, non pas comme un jugement qui nous condamne mais comme une espérance qui nous appelle.


En inscrivant cet évangile ce matin dans la célébration de la fête de la Toussaint, l’Église a voulu précisément nous faire comprendre que la sainteté n’était pas une décoration que l’on remet au plus méritant, mais la reconnaissance de l’œuvre de Dieu à travers des existences humaines. Cette fête veut nous rappeler que, parmi tant de saints reconnus et vénérés à travers la prière de l’Église, il faut encore compter une multitude de saints que nous ne connaissons pas. Nous ne les connaissons pas parce qu’ils n’ont rien fait qui attire sur eux l’attention. Ils ne sont pas des notables de la société. Ils n’ont pas eu l’occasion dans leur vie de faire des choses extraordinaires. Nous ne les connaissons pas, tout simplement parce que rien ne laissait transparaître ce qu’ils étaient profondément ou parce que nous n’étions pas attentifs à voir ce qui ne s’imposait pas mais qui demandait un peu d’attention du cœur. Ce sont des « saints » que nous avons pu côtoyer, des saints de notre famille, des personnes dont la foi a incroyablement élargi le cœur. En tout cas, cette multitude d’hommes et de femmes qui nous ont précédés dans le chemin de la foi et qui sont devenus les saints de Dieu sont pour nous une promesse et une espérance parce qu’ils nous rappellent que la sainteté se construit sur la base d’une existence ordinaire.


C’est cette réalité qui nous a été rappelée quand le Pape François a canonisé les époux Martin, les parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, dont l’une des caractéristiques principales est précisément d’avoir mené une vie ordinaire. Ils n’ont pas eu dans leur existence l’occasion d’accomplir des choses particulièrement spectaculaires et cependant, ils sont restés fidèles à la parole de Dieu, jour après jour à travers l’existence de leur famille.


Ce que nous sommes ne paraît pas encore, « ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » (1 Jn 3,2) : c’est-à-dire que la puissance de transformation de l’Esprit Saint ne transforme pas magiquement l’existence des hommes, elle la transforme lentement à travers la fidélité des jours, des années, des décennies, elle travaille incessamment le cœur, le foyer de notre désir et de notre volonté, elle nous entraîne insensiblement, progressivement, à trouver notre joie dans la volonté de Dieu. Mais tout cela, ne transforme pas sensiblement ou visiblement, en tout cas de manière spectaculaire l’existence humaine. « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » parce que pour l’instant, ce qui apparaît de notre vie, c’est ce que nous sommes. Ce que nous serons résultera de notre transformation quand nous verrons Dieu tel qu’il est.


Cependant, à travers le tissu de cette existence humaine, qui recèle mystérieusement une puissance non encore manifestée, Dieu a voulu que nous disposions de signes significatifs, sacramentels, que nous ayons des possibilités de voir, de comprendre, en tout cas de nous interroger. C’est une des missions principales de l’Église, d’être au cœur de l’humanité, le sacrement de la grâce de Dieu à l’œuvre à travers les hommes, en vue de leur rassemblement dans l’unique peuple de Dieu dont les frontières sont inconnues et dont le nombre des membres est incalculable. Regardez votre voisin, ici et maintenant, et n’oubliez pas de vous regarder : vous verrez un saint, une sainte en devenir.



Michel STEINMETZ

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