"La vieillesse est un naufrage" disait de Gaulle. La vieillesse n’est plus dans
nos pays, comme en Afrique, un signe de sagesse, elle devient honteuse. La
vieillesse serait-elle un péché, serait-elle une maladie ? Non, elle est une
réalité humaine naturelle qu’il nous faut accepter, comme toute limite liée à
notre condition humaine, comme le fait d’être femme, ou homme et non pas les
deux, comme le fait de vivre en ce siècle et non pas en un autre, et ici plutôt
que dans un autre pays.
La vieillesse n’est pas un péché, mourir non
plus, même de mort lente et dans son lit, tout naturellement. Marie, la mère de
Jésus n’a pas été martyrisée. Elle a connu d’autres souffrances, voir torturer
son fils de trente ans lui a valu le titre de « vierge des douleurs ». Marie,
comme tout le monde aujourd’hui, ou presque, Marie a vieilli. Elle est morte
finalement. Mais l’histoire n’a pas retenu pour elle de tombeau. Ni à Jérusalem
ni à Ephèse où, avec saint Jean, elle aurait fini sa vie. La question est donc
pour elle la question de « l’après mort ». Qu’est-elle devenue, où est son
corps ? Et la foi des chrétiens depuis toujours, sans bien comprendre comment,
mais de manière poétique comme s’expriment toutes les intuitions qui ne peuvent
être démontrées, celle de l’amour en particulier, la foi des chrétiens a tout
de suite perçu que Marie était associée à la Résurrection de son fils, sans
attendre la résurrection finale de la récapitulation de l’histoire avec toute l’humanité.
Marie anticipe en son corps la victoire de l’amour sur la haine et sur la mort.
Le mot « résurrection » n’est cependant pas
prononcé, par égard pour nos frères orthodoxes qui parlent de « dormition » et
non pas de « mort ». Le mot « assomption » est donc utilisé, qui se rapproche
de l’ « ascension ». Marie est « auprès de Dieu » et si l’on imagine
celui-ci « en haut », elle est « montée » auprès de Lui. Marie nous précède, on
peut dire qu’elle est au-devant de nous. Avec son Fils, elle représente l’humanité
en son devenir. Elle représente l’humanité saisie par la résurrection de Jésus,
elle qui a représenté l’humanité dans son accueil de l’Esprit, et donné corps
au Verbe de Dieu. C’est par elle qu’il est entré dans notre histoire, c’est par
lui qu’elle sort de notre histoire et prend corps de gloire.
Savez-vous de quelle année date le dogme de l’Assomption
? 1950, sous le pontificat de Pie XII. Ce dogme est le plus jeune de tous les
dogmes ! 1950 ans, voilà le temps qu’il a fallu à l’Eglise pour dire ce qu’elle
croyait, depuis toujours et en tout lieu, mais encore confusément.
Un signe grandiose apparut dans le ciel : « une
Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une
couronne de douze étoiles. » Ces paroles du Livre de l’Apocalypse que nous
entendions ce matin à la messe, et que nous aimons chanter, en particulier avec
nos enfants, nous présente une femme, symbole de l’humanité accomplie, revêtue
de la lumière de Dieu. Toute la création la contemple et lui sert de parure :
le soleil, la lune et les étoiles soulignent sa beauté. C’est l’Eglise,
transfigurée, c’est Marie, en tout premier lieu, la petite fille d’Israël,
celle qui a cru à la promesse, celle qui a conçu le Fils de Dieu, celle qui l’a
partout accompagné, celle qui est toujours à ses côtés, au pied de la croix et
maintenant dans l’accomplissement de sa résurrection. Nous-mêmes, à cause
d’elle, grâce à elle, nous pouvons être certains que la Résurrection de Jésus
nous rejoint dans nos jours qui s’égrènent. La puissance de cette Résurrection
transformera nos corps mortels et les rendra resplendissants.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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