Jésus vient de dire quelque chose de capital
dans ce chapitre 10 de l’évangile selon
saint Matthieu : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des
loups...Les hommes vous livreront aux tribunaux...Le frère livrera son frère à
la mort...Vous serez haïs de tous à cause de mon Nom.. ». Et ce grave
avertissement a été expliqué par cette déclaration: « Le disciple n’est
pas au-dessus de son maître ni le serviteur au-dessus de son seigneur.. »
( Mt 10, 24-25).
Lorsque Matthieu rédige son évangile, l’Eglise
a expérimenté la réalité de ces annonces. Partout elle est mal jugée,
espionnée, critiquée, dénoncée ; Etienne a été lynché ; Jacques décapité ;
Pierre et Paul mis à mort ; beaucoup d’autres sans doute ont subi des coups,
ont comparu devant les tribunaux, ont connu la torture, les supplices, la mort.
Les disciples s’interrogent : pourquoi donc cet acharnement du monde contre
nous ? Ils relisent l’Evangile et reprennent courage : non seulement le Maître
l’avait dit mais en accomplissant la mission au milieu des souffrances, l’apôtre
sait qu’il subit le même sort que son Seigneur et qu’ainsi il lui ressemble de
plus en plus.
« Tout doit être proclamé ».
L’Evangile n’est pas une doctrine ésotérique
réservée aux initiés. Tous les enseignements que les apôtres ont reçu de Jésus,
ils doivent les publier dans leur intégralité, les divulguer par tous les
moyens, dans toutes les langues, en utilisant tous les moyens de communication.
Rien n’est plus essentiel, rien n’est plus urgent que de proclamer que Jésus a
vaincu la mort, qu’il offre le pardon, qu’il nous permet de vivre en enfants de
Dieu Père, que le Royaume de justice est inauguré...mais que cela exige
certains renoncements. Il ne faut pas gommer ce qui dérange ! Tout l’Evangile
doit être « dévoilé. Pas seulement ce que nous voulons bien en retenir,
pas seulement ce que nous prêts à en vivre.
« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer
l’âme ; craignez plutôt Celui qui peut faire périr, dans la géhenne, l’âme
aussi bien que le corps. » La peur des ennemis humains ne peut être vaincue
que par une autre crainte, « la crainte de Dieu » - laquelle, on le
sait, dans la Bible, n’est pas une panique devant une divinité terrifiante mais
un immense respect, une adoration éperdue, un désir de fidélité envers Celui
dont on se sait infiniment aimé. Nous ne vivons pas dans une jungle où règne la
loi de l’absurde et de l’insignifiance. Dieu n’ignore rien d’un événement aussi
minuscule que la mort d’un moineau (« pas un seul ne tombe à terre sans
que votre Père le veuille », dit Jésus) : donc vous, les apôtres, chassez
le doute et le désespoir. Aux yeux de
vos ennemis et de vos tortionnaires, vous êtes moins que rien ; mais Dieu est votre
Père. Il connaît votre valeur immense lorsque, comme son Fils, vous portez la
croix des épreuves et offrez votre vie en pardonnant.
Jésus a été incompris, injurié, accusé,
condamné : il nous a prévenus de façon très claire que nous subirions le même
sort. Il est impossible qu’il en soit autrement. L’Evangile authentique ne sera
jamais accueilli par tous car il remet en question de façon radicale. A la face
de tous les Caïphe et tous les Pilate qui accusent Jésus d’être un
blasphémateur et qui affirment qu’il est mort, les disciples ont à proclamer
que Jésus est le Fils de Dieu et qu’il est Vivant. Au procès de Jésus qui se
prolonge dans l’histoire et qui ne sera jamais clos, nous sommes ses témoins à
décharge, ses défenseurs, ses avocats. Si nous remplissons cette fonction,
alors nous pouvons envisager de nous présenter avec confiance devant l’autre
tribunal. Car il y aura le seul, l’unique vrai tribunal où la valeur de toute
vie sera jugée dans une Vérité totale : devant Dieu, Jésus sera à notre égard
ce que nous aurons essayé d’être pour lui : notre « paraclet », notre
avocat. Car annoncer Jésus-Christ est défendre l’homme. Et Jésus est le Sauveur
de l’homme.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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