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jeudi 8 juin 2017

Homélie de la solennité de la Sainte Trinité (A) - 11 juin 2017

Si nous abordons le mystère de la Sainte Trinité à partir de l’énigme que représente la foi au Dieu unique en trois Personnes distinctes, il ne faut pas nous étonner qu’il soit difficile de croire à la Trinité de Dieu non seulement pour ceux qui sont en dehors de la foi mais même pour ceux qui sont chrétiens et essaient de l’être. Aussi bien l’Écriture, à travers les textes que nous venons d’entendre, nous indique-t-elle un chemin pour découvrir la réalité de la Trinité.  Ce chemin n’a pas l’aspect énigmatique dont le travail spéculatif tente de rendre compte. Ce n’est pas de cela que l’Écriture nous parle, même si c’est à partir de l’enseignement reçu de la parole de Dieu que l’intelligence humaine a été conduite à formuler les choses. Il s’agissait pour elle de rendre plausible la foi au Père, au Fils et au Saint Esprit.
 
Du commencement de la création à l’incarnation du Christ, à sa mort et à sa résurrection, le langage que Dieu emploie pour se faire connaître aux hommes est le langage de la miséricorde et du pardon. S’il veut nous faire découvrir quelque chose de lui, c’est précisément que nous ne pouvons le comprendre que si nous regardons cette caractéristique du Dieu miséricordieux et sauveur. La volonté de sauver l’humanité et de la prendre dans sa miséricorde a une telle importance dans l’identité divine qu’elle entraîne Dieu dans une sortie de lui-même alors que, dans beaucoup de systèmes religieux même très évolués, on se représente Dieu comme quelqu’un qui est auto-satisfait dans sa propre perfection, enfermé dans sa plénitude et sans relation avec l’humanité. Cela n’empêche pas beaucoup de ces religions de susciter une foi très vive. Ce n’est pas parce que des hommes et des femmes expriment leur foi en un Dieu inaccessible et indifférent aux péripéties de l’existence humaine que cette vision de Dieu est juste. Pour beaucoup, Dieu est une bulle fermée, il est la satisfaction de lui-même. En lui-même, il est indifférence à ce qui arrive aux hommes et donc à l’humanité. C’est l’expression de la fatalité : puisque Dieu ne s’intéresse pas à ce qui nous arrive, il ne peut pas non plus changer le cours de ce qui nous arrive, nous sommes impuissants à changer le monde.
 
 
La manifestation de Dieu à travers le peuple d’Israël et son achèvement dans la personne de Jésus de Nazareth constituent en quelque sorte l’affirmation que l’amour de Dieu ne se satisfait pas en lui-même et ne trouve son accomplissement que par une sortie de lui-même, une venue de lui-même, un envoi comme nous dira l’évangile selon saint Jean à propos de Jésus, Celui qui est l’Envoyé. Il est envoyé parce que Dieu ne peut pas se reposer en lui-même tant que l’humanité erre à travers les chemins de la perdition. Dieu sort de lui-même, non par une délégation très lointaine comme cela pouvait encore être le cas avec Moïse, ni non plus par un peuple élu comme c’était le cas avec Israël, ni par les Prophètes tels qu’ils se sont succédés : dans ces temps qui sont les derniers, il sort de lui-même par son Fils unique qu’il envoie en ce monde pour sauver le monde. L’amour qui conduit Dieu à sortir de lui-même est tellement puissant qu’il est Dieu lui-même : celui qui vient de Dieu et qui retourne à Dieu est existence personnelle, il est Dieu même.
 
 
Si nous empruntons ce chemin de la miséricorde et de l’amour, nous découvrons peu à peu que le mystère de la Trinité n’est pas d’abord une énigme philosophique mais un profond mystère de l’amour. Nous ne pouvons pas le comprendre, non pas parce que nous serions mal outillés ou pas assez intelligents, mais surtout parce que nous ne connaissons pas très bien le langage de l’amour. La découverte et l’approfondissement de la réalité de l’amour manifestée dans la personne du Fils et répandue dans la Personne de l’Esprit transforment profondément le regard que nous avons sur les hommes.
 
 
Chacun a une valeur particulière aux yeux de Dieu, quelles que soient ses faiblesses, quels que soient ses handicaps, quel que soit même le mal qu’il a pu faire ou qu’elle a pu faire. Dans l’Esprit, nous sommes tous appelés à devenir dans le Christ des enfants bien aimés de Dieu.

 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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