La question que les
pharisiens n’osent pas poser à Jésus dans ce passage de l’Evangile que nous
venons d’entendre, mais qui traverse tout le ministère public de Jésus est
celle de sa légitimité : « De quel droit, au nom de qui fais-tu cela ? Par
quelle autorité guéris-tu et parles-tu ? ». Cette question de la légitimité
sera posée avec plus d’exigence encore à propos de ceux qui suivront Jésus et
parleront en son nom. Ce ne sont pas là des questions théoriques. Comment sommes-nous
assurés de ne pas faire fausse route en suivant Jésus dans son Eglise ? Ou bien
sommes-nous chrétiens pour des raisons historiques ou géographiques, parce que
nous adhérons à la religion la plus répandue là où nous nous trouvons ? On
nous parle d’ailleurs aujourd’hui du supermarché du spirituel, dans lequel les
gens piochent ce qui les intéresse dans les différentes religions pour obtenir
la « mayonnaise » qui leur convient. Beaucoup de nos contemporains ne
croient pas qu’une religion soit plus recommandable ou légitime que les autres
et entrent, sans malice d’ailleurs, dans ce genre de construction.
Marcher sous la
conduite d’un pasteur, ce n’est pas faire ce genre de bricolage religieux.
Mais, sans empêcher les autres religions d’exister, comment pouvons-nous avoir
une conscience claire que le Christ est la porte par laquelle il faut passer
pour accéder aux verts pâturages de l’existence ? Et même si Jésus lui-même
peut avoir une réelle légitimité, nous voyons bien qu’il n’est pas évident que
l’Eglise qu’il a instituée, puisse la posséder à son tour. Dès lors,
allons-nous nous diriger vers la proposition la plus chaleureuse, la plus
forte, la plus médiatique ou la plus amusante ?
La référence unique
au Christ permet d’éviter ces différents risques. Et cette référence au Christ
est garantie dans la mission de l’Eglise, à travers la charge pastorale que
reçoivent les évêques et les prêtres leurs collaborateurs. Les uns et les
autres n’ont pas hérité de cette tâche par les hasards de la distribution des
rôles, ni même seulement en raison des compétences qu’ils ont acquises par leur
formation ou leur éducation, ou encore comme un métier pour lequel ils se
seraient présentés. Ils reçoivent ce ministère en répondant à un appel du
Christ. Cette alliance qui les engage pour la vie manifeste l’absolu de l’amour
de Dieu, et garantit que notre assemblée dominicale n’est pas la perpétuation
d’une vieille habitude, mais un acte de Dieu qui nous rassemble autour de sa
Parole et dans la présence sacramentelle du Christ.
Jésus a transmis à
ses disciples la capacité de le rendre présent : « Vous ferez cela en
mémoire de moi ». Il offre ainsi à tout homme la possibilité d’entrer dans une
communion étroite avec lui, en le recevant comme une nourriture et une boisson.
Lorsque vous direz « Amen »
(c’est-à-dire « Oui, je crois ») tout à l’heure en venant recevoir le Corps du
Christ, vous ne le ferez pas pour me faire plaisir. Vous manifesterez votre
confiance en cette légitimité sacramentelle, qui donne à celui qui été ordonné
de pouvoir vous mettre en communion avec le Christ, et de nourrir cette
communion par les sacrements. Les évêques, les prêtres et les diacres sont
choisis pour annoncer la bonne nouvelle du Salut et permettre que la vie et
l’action de la communauté soient éclairées par l’Evangile. Ainsi, l’Eglise
n’est pas une association de bienfaisance parmi d’autres mais une communauté de
foi, capable de proposer à notre société une parole qui vient d’ailleurs et dit
quelque chose de nouveau.
En ce dimanche du
bon Pasteur, je vous invite à avoir une pensée pour ceux qui dans notre diocèse
se préparent pour devenir prêtres, mais également pour ceux que cette question
a touchés et qui n’ont pas encore répondu, parce qu’ils ne sont pas encore prêts
ou parce qu’ils ont d’abord quelque chose à finir. Ces jeunes existent, y
compris dans notre communauté de paroisses. Prions pour qu’ils soient
réellement libres de répondre.
Que le Seigneur
fortifie en nous cette assurance d’être entrés par la porte et d’être conduits
par le Bon Pasteur vers les pâturages nourrissants. Amen.
AMEN.
Michel Steinmetz
†
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire