Profession de Foi des jeunes
Le personnage
central de l’évangile d’aujourd’hui est sans conteste saint Thomas. Et le pauvre Thomas joue un rôle bien
particulier : il est incrédule, il a du mal à croire. Cela fait de lui la cible rêvée pour tous les
gens bien-pensants. Comment Thomas a-t-il pu douter ? Nous, au moins, nous
croyons même si nous ne voyons pas Jésus ressuscité, même si nous ne touchons
pas son corps transpercé. Et pourtant Thomas n’est-il pas notre frère ? Thomas
n’est-il pas notre jumeau ? Regardez : dans l’évangile, on nous dit qu’il s’appelle
« Thomas dont le nom signifie jumeau », mais de qui est-il le jumeau ? L’évangile
ne le dit pas, peut-être parce que Thomas résume à lui seul tout un aspect de
notre destinée humaine.
C’est lui qui,
pendant la dernière Cène, crie avec tous les autres : non, Jésus, nous ne t’abandonnerons
pas (Matthieu 26, 35). Et c’est vrai
que, quand tout va bien, on est prêt à crier notre joie d’être chrétien. On est
même prêt à réformer l’Eglise pour qu’elle soit plus vivante, plus proche du
peuple, moins hiérarchique. On est prêt
à donner des leçons à tout le monde, au pape, aux évêques, aux prêtres. Mais quand viennent les grandes difficultés,
c’est la débandade, le découragement, l’éloignement. Non, je ne vais plus à l’église parce que le
curé ne me plaît pas, parce que l’homélie est trop longue… ou trop courte,
parce qu’un tel ou telle ferait de mieux rester chez lui ou chez elle quand on
le, la, voit agir et parler en sortant de la messe. Après l’enthousiasme, c’est le découragement,
l’abandon. Et pour revenir, il nous faut un signe fort, quelque chose de
concret, de révolutionnaire. Et qu’est-ce que Thomas a touché ? Des plaies, des
trous dans la chair. Thomas a découvert
l’amour dans la souffrance.
Et c’est là, sans
doute, un peu l’ambiguïté de toute notre attente. Chers jeunes, vous êtes épris
d’un désir d’absolu, vous rêvez à de grandes choses pour que notre monde soit
plus beau et vous êtes prêts à vous engager à cette fin. Vous nous l’avez déjà
montré. Voilà que vous faites aussi l’expérience et l’apprentissage de la vie,
d’une vie où tout n’avance pas toujours comme on le souhaiterait. Vous vous
heurtez parfois à des adultes qui vous tempèrent insupportablement dans vos
ardeurs et que vous trouvez éteints. Pourtant c’est ainsi… Peut-être
demandez-vous des signes parce que vous voulez voir pour croire et qu’il vous
semble tout aussi insupportable de faire simplement confiance à ce qu’on vous
dit.
Thomas a été
confronté aux mêmes questions. Les Apôtres lui racontent qu’ils ont vu le
Seigneur. Lui en demande plus : il ne veut pas seulement voir, il lui faut
toucher aussi. Jésus ressuscité y consent, mais met en garde : « Heureux
ceux qui croient sans avoir vu ». Car à force d’attendre des signes, on
peut passer sa vie à ne rien faire. Le chrétien n’est pas celui qui attend que le
temps passe en espérant que le bon Dieu ne l’oubliera pas, ou qui se trouve
toutes les bonnes excuses du monde. Je prie quand je peux, mais je n’ai guère
le temps. Ne me parlez pas de la messe du dimanche ! Et puis, Dieu, on
peut le rencontrer partout. C’est vrai : il faut défendre les valeurs de
la religion chrétienne, mais je suis le premier à m’accommoder quand il s’agit
de s’en dispenser.
Chers jeunes, ne
devenez pas des chrétiens hypocrites qui trahissent à longueur de journée Jésus
ressuscité ! Ne vous résignez pas à devenir des mollassons de la foi !
Le Christ nous fait le don de sa paix. En lui, vous trouverez toujours ce dont
vous avez besoin, ce qui donnera des fondations à votre existence, ce qui
donnera la force de l’Esprit-Saint. Restez inventifs pour traduire l’Evangile
dans la société d’aujourd’hui telle qu’elle est. L’exemple des premières
communautés doit toujours nous stimuler. En effet, ne nous y trompons pas :
c’est en nous voyant vivre réellement de la foi, en pratiquant la charité, en
venant en aide à ceux qui sont dans le besoin, en étant assidus à l’eucharistie,
que nous éveillerons autour de nous l’envie et le désir de devenir chrétiens.
AMEN
Michel
Steinmetz †
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