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jeudi 13 avril 2017

Homélie de la Vigile pascale et Messe de la Résurrection - samedi 15 avril 2017


La peur des lendemains
 
Il y a quelques jours des amis très proches ont eu la joie d’accueillir dans leur foyer une petite fille. En allant, comme il se doit, rendre une visite en maternité à la maman et faire connaissance avec ce petit bébé, je n’ai pu m’empêcher, en la regardant, d’être pris par l’émotion. Une joie, certes, sachant celle des parents et de deux grands frères. Une peur confuse, aussi, je l’avoue, en me demandant quelle serait la vie de cette adorable petite fille. Quelle vie pour elle ? Personnelle, familiale, tout d’abord. Connaîtra-t-elle le bonheur ? Aura-t-elle la sérénité d’une vie heureuse ? Mais quelle vie aussi pour elle dans le monde qui l’accueille ? Que deviendra ce monde dans les années à venir ? Aura-t-elle la grâce de grandir, de vivre et de mourir un jour dans un monde de paix ?
 
Mon angoisse, je sais que vous la partagez, peu ou prou, pour vos propres enfants, petits-enfants et pour tous ceux qui vous sont chers. Nous le savons, il y a de quoi s’interroger. Nous avons aussi des raisons d’espérer. Espérer devant les progrès de nos sociétés qui, quoi qu’on en dise, et bien qu’il reste d’innombrables inégalités et injustices, sont immenses. Au regard de l’Histoire, nous devons nous garder d’idéaliser un passé que nous n’avons pas connu et qui, par définition, est toujours meilleur que les temps que nous affrontons. Pourtant la peur des lendemains, elle, s’invite toujours. Elle nous taraude comme elle le faisait pour les disciples de Jésus claquemurés après que Jésus a été mis au tombeau. Ce soir encore, ils étaient réunis, terrés et apeurés, se demandant ce qu’ils allaient devenir. Finalement, ils s’étaient compromis avec Jésus. Et tout le monde le savait. Tout le monde les avait vus. Pierre avait beau nié devant l’insistance pressante de la servante dans la cour de Caïphe : toi aussi, tu en es…, on savait qu’il en était. Allaient-ils donc devoir subir le même sort que leur Maître ? Mourir pour s’être fait tromper et balader durant trois ans. Il leur avait bien dit qu’il ressusciterait, il avait tenté de leur donner des signes pour qu’ils comprennent. Eux ne pouvaient le concevoir. Il faut donc attendre le petit matin pour que les femmes trouvent la pierre roulée et le tombeau vide, les linges bien roulés cependant à leur place. Un ange s’en mêle et les appelle à ne pas craindre. Leur cœur est bouleversé. Et si, finalement, c’était vrai ? Jésus lui-même les conforte dans cette joie innommable : il les salue et les envoie comme messagères de la bonne nouvelle. Il a suffi d’un regard, d’une parole pour que les lendemains qu’ils imaginaient ténébreux soient transfigurés. A partir de cet instant, rien ne les arrêtera plus.
 
Ils comprendront, non pas d’abord avec leur intelligence, mais dans leur cœur, et comme une certitude absolue, qu’il leur ait donné d’être les témoins de l’action de Dieu. Le bras du Seigneur se lève, le bras du Seigneur est fort ! Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur. Ils contemplent ce que des générations de croyants avant eux ont espéré fébrilement. Ils parcourent instantanément toute l’histoire du salut depuis la création du monde, en passant par la sortie du pays d’Egypte, jusqu’à l’enseignement des prophètes qui ont parlé de la part du Seigneur. Nous l’avons fait avec eux tout à l’heure. Et, avec eux, nous avons constaté combien le Seigneur n’a jamais abandonné ceux qui croient en Lui. Avec eux, nous sommes maintenant à l’entrée du tombeau. Par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui. C’est pourquoi allons-nous mener une vie nouvelle avec Lui ? Allons-nous repartir, comme si de rien n’était ? Le pouvons-nous ? Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne.
 
Frères et sœurs, nous avons peur des lendemains. C’est vrai. Avec les Apôtres, avec Marie-Madeleine et l’autre Marie, laissons-nous ce soir bouleverser par ce tombeau vide. Le Ressuscité nous envoie être ses témoins. Oserons-nous affirmer que la peur n’est pas de mise ? Oserons-nous en vivre ? Oserons-nous le faire voir ? Quoi qu’il advienne, nous sommes vivants pour Dieu en Jésus-Christ.
 
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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