La peur du qu'en dira-t-on
Nous entrons en Semaine sainte. Voilà plusieurs semaines que le Carême a voulu nourrir notre entraînement à vaincre nos tentations et nos peurs. Aujourd’hui sans doute nous hésitons à entrer à Jérusalem, ou bien nous le faisons sur la pointe des pieds. Allons-nous Le suivre jusqu’au bout, jusqu’au don de nous-même avec Lui ? La tentation de rebrousser chemin est grande, d’autant plus que la foule est rassemblée sur le parcours et que l’anonymat n’est pas de mise. En Le suivant, nous ne passerons pas inaperçus. Le suivre, ce serait manifester notre appartenance à la cause de Dieu. La peur, elle aussi, nous habite. Celle du qu’en dira-t-on. Celle du regard que les autres posent sur nous. Pourtant Jésus exorcise cette peur et la vainc pour nous.
Nous entrons en Semaine sainte. Voilà plusieurs semaines que le Carême a voulu nourrir notre entraînement à vaincre nos tentations et nos peurs. Aujourd’hui sans doute nous hésitons à entrer à Jérusalem, ou bien nous le faisons sur la pointe des pieds. Allons-nous Le suivre jusqu’au bout, jusqu’au don de nous-même avec Lui ? La tentation de rebrousser chemin est grande, d’autant plus que la foule est rassemblée sur le parcours et que l’anonymat n’est pas de mise. En Le suivant, nous ne passerons pas inaperçus. Le suivre, ce serait manifester notre appartenance à la cause de Dieu. La peur, elle aussi, nous habite. Celle du qu’en dira-t-on. Celle du regard que les autres posent sur nous. Pourtant Jésus exorcise cette peur et la vainc pour nous.
Que fait-il ? De signes en signes, de miracles en
miracles, d’enseignements en enseignement, Il ne s’est pas dérobé. Son attitude
n’est pas celle d’une tête-brûlée, d’un suicidaire pathologique ou d’un
illuminé. Peu à peu s’est dessinée pour lui l’absolue certitude que la fidélité
à la mission qu’il a reçue du Père le conduit à accepter son destin et à ne
rien trahir de sa relation au Père. C’est ainsi qu’il envoie les disciples en
avant de Lui préparer son entrée dans la Ville sainte pour que l’Ecriture
s’accomplisse. Nous comprenons mieux alors la grandeur et la valeur de la mort
de Jésus, consentie volontairement comme un don de soi. Malgré la souffrance et
même l’angoisse, Jésus peut affirmer avec le prophète Isaïe : Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille,
et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. Il accepte
maintenant ce qui va advenir en s’abandonnant totalement à ce Dieu qu’Il sait
être fidèle. Car Jésus n’est pas dupe. Il connaît la versatilité de la foule.
Les acclamations et les hourras de ce jour ne dureront. Ils cèderont la place
aux cris qui réclameront sa mort pour qu’on libère à sa place un bandit. Porté
dans les sondages d’opinion comme le favori, sa côte de popularité chutera cinq
jours plus tard. Et de tous, il sera abandonné. Le psaume 21, celui qui nous
chantions tout à l’heure, Il le reprendra à son compte : tous ceux qui me voient me bafouent, ils
ricanent et hochent la tête. Les heures de la Passion seront là. IL ne se
dérobera pas : le Seigneur mon Dieu
vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les
outrages. Adulé hier, il sera défiguré par les souffrances en montant au
Golgotha. Celui qui faisait rêver les foules car elles voyaient en Lui un
libérateur sera le même dont la vue deviendra insupportable. Pourtant Jésus
continue sa route. Il a compris que c’est en s’abaissant jusqu’à la mort et la mort de la croix, en prenant la condition de serviteur, qu’il sera exalté. Mais pas Lui
tout seul. Avec Lui, à la seule invocation de son Nom, toute puissance sera
détruite, même celle, ultime et qu’on croyait invincible, de la mort.
Nous hésitons à Lui emboîter le pas. Et sans doute nous
avons bien des raisons légitimes de le faire. Nous déclarer du Seigneur, oser
dire que pour nous l’Evangile vaut la peine de nous battre pour être entendu et
proposé, ne pas faire comme tout le monde, affirmer des valeurs supérieures à
celles qui pourtant sont à la mode, tout cela peut faire peur. Qu’en
dira-t-on ? Dans nos familles, à l’école, au collège, au lycée, dans nos
lieux de travail, de loisirs ? Nous pouvons rester en marge, c’est vrai,
et nous lamenter, pleurer amèrement sur la Jérusalem de ce temps comme les
femmes pleuraient en voyant passer Jésus sur son chemin de souffrance. Mais
nous n’empêcherons pas alors la parole du Seigneur de nous bousculer : pleurez plutôt sur vous et sur vos
enfants ! Il faudra pleurer sur notre sort. Celui de ne pas avoir eu
assez de foi pour croire que Dieu jamais ne nous abandonnera. La recherche de
la Vérité, de la justice, de la paix peuvent sembler hors d’atteinte. Mais si
nous rebroussons chemin, si nous n’osons pas entrer maintenant à Jérusalem avec
Lui pour Le suivre jusque dans sa mort – la mort donc à nous-même et à ce qui
nous tétanise pour nous déclarer de Lui, chrétiens – alors il n’y aura pas de
Pâques.
Frères et sœurs, je vous le demande, et j’attends votre
réponse : êtes-vous prêts à lui confier vos peurs pour qu’en Lui elles
soient vaincues ? Etes-vous prêts à Lui faire confiance et à marcher à sa
suite ?
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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