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vendredi 7 avril 2017

Homélie de la messe du dimanche des Rameaux et de la Passion - 9 avril 2017

La peur du qu'en dira-t-on

Nous entrons en Semaine sainte. Voilà plusieurs semaines que le Carême a voulu nourrir notre entraînement à vaincre nos tentations et nos peurs. Aujourd’hui sans doute nous hésitons à entrer à Jérusalem, ou bien nous le faisons sur la pointe des pieds. Allons-nous Le suivre jusqu’au bout, jusqu’au don de nous-même avec Lui ? La tentation de rebrousser chemin est grande, d’autant plus que la foule est rassemblée sur le parcours et que l’anonymat n’est pas de mise. En Le suivant, nous ne passerons pas inaperçus. Le suivre, ce serait manifester notre appartenance à la cause de Dieu. La peur, elle aussi, nous habite. Celle du qu’en dira-t-on. Celle du regard que les autres posent sur nous. Pourtant Jésus exorcise cette peur et la vainc pour nous.
 
Que fait-il ? De signes en signes, de miracles en miracles, d’enseignements en enseignement, Il ne s’est pas dérobé. Son attitude n’est pas celle d’une tête-brûlée, d’un suicidaire pathologique ou d’un illuminé. Peu à peu s’est dessinée pour lui l’absolue certitude que la fidélité à la mission qu’il a reçue du Père le conduit à accepter son destin et à ne rien trahir de sa relation au Père. C’est ainsi qu’il envoie les disciples en avant de Lui préparer son entrée dans la Ville sainte pour que l’Ecriture s’accomplisse. Nous comprenons mieux alors la grandeur et la valeur de la mort de Jésus, consentie volontairement comme un don de soi. Malgré la souffrance et même l’angoisse, Jésus peut affirmer avec le prophète Isaïe : Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. Il accepte maintenant ce qui va advenir en s’abandonnant totalement à ce Dieu qu’Il sait être fidèle. Car Jésus n’est pas dupe. Il connaît la versatilité de la foule. Les acclamations et les hourras de ce jour ne dureront. Ils cèderont la place aux cris qui réclameront sa mort pour qu’on libère à sa place un bandit. Porté dans les sondages d’opinion comme le favori, sa côte de popularité chutera cinq jours plus tard. Et de tous, il sera abandonné. Le psaume 21, celui qui nous chantions tout à l’heure, Il le reprendra à son compte : tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête. Les heures de la Passion seront là. IL ne se dérobera pas : le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages. Adulé hier, il sera défiguré par les souffrances en montant au Golgotha. Celui qui faisait rêver les foules car elles voyaient en Lui un libérateur sera le même dont la vue deviendra insupportable. Pourtant Jésus continue sa route. Il a compris que c’est en s’abaissant jusqu’à la mort et la mort de la croix, en prenant la condition de serviteur, qu’il sera exalté. Mais pas Lui tout seul. Avec Lui, à la seule invocation de son Nom, toute puissance sera détruite, même celle, ultime et qu’on croyait invincible, de la mort.
 
Nous hésitons à Lui emboîter le pas. Et sans doute nous avons bien des raisons légitimes de le faire. Nous déclarer du Seigneur, oser dire que pour nous l’Evangile vaut la peine de nous battre pour être entendu et proposé, ne pas faire comme tout le monde, affirmer des valeurs supérieures à celles qui pourtant sont à la mode, tout cela peut faire peur. Qu’en dira-t-on ? Dans nos familles, à l’école, au collège, au lycée, dans nos lieux de travail, de loisirs ? Nous pouvons rester en marge, c’est vrai, et nous lamenter, pleurer amèrement sur la Jérusalem de ce temps comme les femmes pleuraient en voyant passer Jésus sur son chemin de souffrance. Mais nous n’empêcherons pas alors la parole du Seigneur de nous bousculer : pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants ! Il faudra pleurer sur notre sort. Celui de ne pas avoir eu assez de foi pour croire que Dieu jamais ne nous abandonnera. La recherche de la Vérité, de la justice, de la paix peuvent sembler hors d’atteinte. Mais si nous rebroussons chemin, si nous n’osons pas entrer maintenant à Jérusalem avec Lui pour Le suivre jusque dans sa mort – la mort donc à nous-même et à ce qui nous tétanise pour nous déclarer de Lui, chrétiens – alors il n’y aura pas de Pâques.
 
Frères et sœurs, je vous le demande, et j’attends votre réponse : êtes-vous prêts à lui confier vos peurs pour qu’en Lui elles soient vaincues ? Etes-vous prêts à Lui faire confiance et à marcher à sa suite ?
 
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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