A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 7 janvier 2017

Homélie de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur - 8 janvier 2016

Selon Matthieu et Luc, c’est à Bethléem en Judée que Jésus naquit. Bethléem, c’est la ville où David reçut l’onction royale et c’est dans la famille de David que devait naître le Messie. C’est ce qu’annonce l’Ecriture, nous l’entendions, et aussi ce que mentionne le Talmud de Jérusalem : le Roi-messie devait naître à Bethléem de Juda, la ville royale.
Hérode est placé sur le trône de Jérusalem par les Romains. Il arrive au pouvoir après de sombres tractations diplomatiques et de sanglants massacres. Il est le jouet de l’occupant. Pour consolider sa souveraineté, il retire le pouvoir politique aux prêtres qui dirigeaient la Judée depuis le début de l’époque du Second Temple. Pour écarter toute rivalité politique susceptible de menacer son pouvoir, il fait même assassiner son épouse Mariamne et plusieurs de ses enfants. Mais sa réputation de cruauté est surtout due à un passage de l’évangile de Matthieu (2, 16-18). Selon celui-ci, les grands prêtres et les scribes du peuple avaient annoncé la naissance à Bethléem du « roi des Juifs », et Hérode, craignant un futur rival temporel, l’avait fait rechercher pour le mettre à mort. Les Mages devaient servir ce macabre projet s’ils n’avaient pas d’emblée compris au sinistre personnage à qui ils avaient à faire. Ils s’en retournèrent « par un autre chemin ». N’ayant pas trouvé l’enfant, Hérode ordonna la mise à mort de tous les enfants mâles de la bourgade âgés de moins de deux ans, espérant qu’il serait du nombre.
Dans les années de la naissance du Christ, Hérode, très curieusement, fait frapper des monnaies sur lesquelles il fait figurer deux choses : le diadème royal et une forme ressemblant à une croix. C’est là le signe qui correspondait au geste de l’onction : celle qu’on faisait normalement au roi, mais aussi au grand-prêtre.  Hérode aspire à la totalité du pouvoir. Politique et religieux. Comment pourrait-il supporter que même un enfant soit non seulement appelé à devenir roi des Juifs, mais soit né dans la ville désignée comme celle dans laquelle devait naître le Messie ?
 
Aujourd’hui, en cette fête de l’Epiphanie, nous célébrons la manifestation de Dieu, la manière dont Il se révèle en son mystère. En venant dans le monde, en étant reconnu comme Fils de Dieu par les mages. La haine et la violence d’Hérode à son égard sont aussi, et très paradoxalement, une reconnaissance de son identité. Le monarque fantoche, avide de son pouvoir, jaloux de ses prérogatives, comprend que cet enfant est d’une autorité qui dépasse toutes celles de ce monde. Les mages vont se prosterner et déverser le riche contenu de leurs coffrets : de l’or, de l’encens et de la myrrhe, présents prophétiques récapitulant là tout le mystère du Sauveur. Hérode, lui, ne prendra pas la route de Bethléem. Il enverra ses hordes armées pour faire couler le sang.
 
Aujourd’hui, dans notre monde qui se veut si « moderne », si civilisé, la barbarie continue de sévir. On estime le nombre de chrétiens tués à cause de leur foi depuis le début du XXème siècle supérieur à celui des premiers siècles, dits pourtant des « grandes persécutions ». Cette barbarie jadis circonscrite dans les arènes en déborde pour mieux nous happer et semer une terreur diffuse. Les chrétiens sont ainsi pourchassés à cause de leur foi, tout simplement parce qu’ils sont reconnus comme les « disciples » de ce Christ, insupportables à ceux qui veulent tout dominer.
 
Pourtant, avec joie et confiance, nous resterons rangés du côté des mages pour continuer d’offrir à l’Enfant de la crèche nos présents. Ceux de nos vies parfois chancelantes, hésitantes, incertaines, mais qui aspirent à la liberté promise aux enfants de Dieu. Nous reconnaîtrons en Lui l’unique Sauveur. Nous continuerons de croire « que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile ».  Et nous regarderons la haine du monde, droit dans les yeux, celle de tous les Hérode des temps nouveaux, comme, aussi, une reconnaissance du mystère de Dieu.
 
AMEN.
                                                                                                                                                                                                                      
Michel Steinmetz

Aucun commentaire: