Homélie de la messe du soir de Noël et bénédiction du nouveau mobilier liturgique
Noël n’est pas un anniversaire. Nous ne fêtons pas, ce soir,
l’anniversaire de Jésus et les lumières qui scintillent autour de l’Enfant posé
sur le livre ouvert de la Parole ne sont pas les bougies de son gâteau
d’anniversaire. Il devrait, sans cela, en avoir beaucoup plus. Alors que
célébrons-nous ? C’est l’initiative de Dieu qui nous rassemble. C’est le
mouvement qu’Il a choisi de faire envers nous qui nous réjouit ce soir. Cette
motion de Dieu est pour nous une Bonne Nouvelle. Dieu a décidé de nous choisir
pour faire de nous au milieu de ce qu’il y a de plus obscur, de plus sombre et
vil en ce monde, un peuple ardent à faire le bien. Il nous donne en partage sa
Lumière pour que nous brillions des mille feux de son amour. Cette Alliance de
Dieu avec nous, au point de se faire l’un de nous pour nous fortifier et nous
régénérer de l’intérieur, voilà ce qu’est Noël.
Ce soir, nous voulons nous redire cette proximité de Dieu auprès de nous
en son Fils Jésus. Car Dieu prend un visage d’homme et nous pouvons désormais
le connaître, le voir, l’entendre, le toucher, le comprendre. Notre humanité
est transformée. Chaque jour de notre vie chrétienne voudrait nous rapprocher
un peu plus de Lui et devenir un chemin.
En entrant dans cette célébration, tout à l’heure, auprès du baptistère
désormais installé ici près de la porte de l’église et dans l’axe de l’autel,
nous avons demandé à Dieu de bénir l’eau dont nous avons été ensuite aspergés.
Nous nous souvenions que le baptême a fait de nous des enfants de Dieu et nous
a placés dans la fraternité de Jésus. C’est donc une fête de famille, au sens
le plus fort du terme, qui nous rassemble. Ensuite, nous avons écouté les
textes de l’Ecriture qui sont sa Parole, et qui le rendent présent au milieu de
nous chaque fois qu’ensemble, nous les proclamons. Ce n’étaient pas là que des
vieilles histoires. Non, le Christ nous parlait et nous donnait d’entrer en
relation avec Lui. L’Evangile, symbolisé ici par ce livre de pierre, un marbre
venant d’Inde, est porté par l’annonce des quatre grands prophètes de l’Ancien
Testament (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel) dont les noms ont été gravés dans
les montants de l’ambon. Cette Parole de Dieu demande à s’enraciner dans nos
vies, à ne pas y rester lettre morte. Au contraire, elle nous aide à ce que la
communion avec Jésus-Christ devienne toujours plus forte, plus solide, plus
parfaite. Pour que nous puissions nous reconnaître de la même chair et du même
sang. Pour que notre relation avec Lui atteigne sa plénitude. Pour que ce qui
est humain et glaiseux en nous fasse place à ce qui est divin dans chacune de
nos vies, même si vous pensez que le vôtre est ténébreuse. Voilà donc que le
Christ nous donne en nourriture son Corps et son Sang. Dans quelques instants,
nous allons nous approcher de l’autel et nous y célèbrerons son eucharistie.
C’est là un grand mystère et parfois notre esprit est lent à croire. Notre cœur
veut pourtant s’ouvrir à cette présence car nous sentons qu’elle nous fait du
bien, qu’elle nous apaise et nous réconforte. Cela demande de notre part la
foi. Faire confiance que dans les signes bien humbles du pain et du vin, Dieu
tout entier, est réellement présent, plus fort que toute mort. Toute notre vie
chrétienne jusqu’à son dernier instant est orientée vers ce désir, plus fort
que tous les autres, car c’est là que notre âme trouve sa paix, de ne faire
qu’un avec Lui. En finir avec ce qui rend notre vie clopi-clopante, torturée et
égoïste, pour devenir enfin libre et heureux. Vraiment heureux. Notre foi n’a
alors d’autre choix que d’engager notre confiance. Elle doit s’appuyer sur le
roc qu’est le Christ et que l’autel en pierre symbolise au milieu de nous. Il
abrite la pierre qui a reçu la consécration et il soutenu par ceux qui, les
premiers, ont fait confiance : les Apôtres dont les noms sont incisés dans
les piliers de la table eucharistique.
Si ce soir, nous nous laissons émouvoir par la fragilité et la beauté de
l’Enfant de la crèche, n’oublions pas le chemin qu’Il dessine pour un chacun.
Il se fait l’un de nous, lui qui est de la lignée de David, celui dont la
statue en cette église retrouve en ce Noël, la harpe qu’il avait perdue depuis
des dizaines d’années. Il est tout proche pour que nous devenions plus proches
de lui. Entrons, si vous le voulez bien, dans sa familiarité et réjouissons que
l’Enfant-Jésus fasse de nous des enfants de Dieu.
AMEN.
Michel
Steinmetz †
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire