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vendredi 23 décembre 2016

Homélie de la messe du jour de Noël - 25 décembre 2016

Etes-vous allés à la messe hier soir ? Rassurez-vous, je ne suis ni enquêteur ni inquisiteur. J’étais à la messe de la nuit, forcément. Certains y étaient aussi… Je suis toujours frappé par le contraste entre ces deux messes de Noël. Deux messes pour aborder différemment la richesse de ce que nous célébrons : face nord ou face sud si l’on peut dire, en prenant un vocabulaire alpin. La messe de la veille, avec le récit des bergers, des anges et de la crèche, raconte l’événement alors que la messe du jour, avec les prologues solennels de l’épitre aux Hébreux puis de l’évangile de Jean, avec le climat de silence admiratif qu’ils induisent, médite le mystère. Le mystère de Dieu qui se donne et le mystère de l’homme qui l’accueille. L’évangile de cette messe résonne comme un Credo médité – Je voudrais en méditer trois thèmes : « naissance », « connaissance » et « Incarnation. »
 
Naissance. Parler de naissance le jour de Noël frise la redondance. Pourtant, si l’évangile d’hier nous racontait la naissance de Jésus, celui d’aujourd’hui n’en décrit rien : «  le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous  », ce qui englobe au fond toute la vie terrestre de Jésus, de l’Annonciation à son Ascension, évoquée dans la lettre aux Hébreux. Le Prologue de saint Jean évoque en fait plus explicitement une autre naissance, la nôtre : « devenir enfants de Dieu. » Telle est bien la naissance à désirer aujourd’hui : «  A quoi sert que le Christ soit né il y a si longtemps dans une étable s’il ne nait pas aujourd’hui dans ton cœur ? », demandait déjà Maître Eckart citant lui-même Origène. Prises isolément, de telles paroles pourraient faire oublier l’enracinement historique de ce que nous célébrons en réduisant Noël à une simple expérience individuelle. A l’inverse, compris comme un simple anniversaire, l’événement que nous célébrons pourrait devenir anecdotique. Tenons donc ensemble face nord et face sud, messe du soir et messe du matin : le Christ est né pour que nous accueillions aujourd’hui la vie divine.
 
Connaissance. Connaître Dieu qui se donne et se révèle car Dieu, dans le mystère de Noël, s’est entièrement donné à nous. Il nous a tout dit par son Fils. La naissance de Jésus est l’avènement d’une nouvelle connaissance de Dieu, d’une nouvelle relation à lui, d’une nouvelle présence : présence d’un enfant puis d’un homme aux paroles et aux faits inoubliables, à la mort et résurrection toujours agissant en nous par les sacrements. Fêter Noël, c’est donc croire que Dieu s’est donné à connaître et, chose au fond inouïe, que l’on peut dire effectivement quelque chose de lui. Cela mérite deux précisions. Ce que l’on peut dire de Dieu restera toujours en deçà : « Dieu personne ne l’a jamais vu (…) le Fils unique, c’est lui qui l’a fait connaître.  » L’autre précision est là : toute connaissance de Dieu se fait en et par Jésus-Christ, l’unique médiateur qui nous révèle le vrai visage de Dieu-Père. Oui, fêter Noël d’année en année, c’est avancer sur ce chemin, inépuisable et parfois épuisant, de connaissance et d’inconnaissance, de foi lumineuse et obscure, d’émerveillement et de déprise face au mystère de Jésus.
Incarnation. C’est renoncer à opposer le charnel au spirituel, le ciel à la terre, la messe du soir à celle du matin ou à osciller sans cesse entre matérialisme (il n’y aurait que le charnel) et spiritualisme (il n’y aurait que le spirituel). Comme écrivit Péguy, « le spirituel est lui-même charnel, l’arbre de la grâce est raciné profond, plonge dans le sol et cherche jusqu’au fond. » Tel est aussi le sens de Noël. Tel sera toujours la marque d’authenticité de notre vie avec Dieu. Croire ne consiste pas à toujours parler de lui, ni même à lui. Au cœur de nos vies, de notre humanité, de notre fragilité, rencontrer Dieu se vit dans l’expérience de sa Paix, de sa douceur, de la fraternité. Noël a ainsi toujours été compris comme fête des pauvres et attestation de la dignité inouïe de l’homme, de tout homme…
Accueillir le mystère de Noël, c’est ainsi laisser sourdre en nos vies, sa joie secrète mais irrésistible, joie qui rayonne, joie qui s’exprime ou joie qui s’accueille, joie intérieure, joie qui irrigue. Messe du soir ou messe du jour, il n’y a pas à choisir : que le mystère accueilli sous toutes ses formes nous donne de vivre et de croire à l’enfance toujours nouvelle de Dieu !
 
AMEN.
               
Michel STEINMETZ †

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