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vendredi 23 septembre 2016

Homélie du 26ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 25 septembre 2016

« Et n’oublie pas les pauvres ! ». Cette parole a joué un rôle décisif pour le pape François. C’est lui-même qui a raconté ce qui s’est passé : au cinquième tour de scrutin du conclave, alors qu’il devenait de plus en plus évident que le choix tomberait sur lui, Jorge Bergoglio, son voisin le cardinal Hummes s’est penché vers lui pour l’encourager, et lui dire : « N’oublie pas les pauvres ! ». Le cardinal Bergoglio a dit que cette phrase, venant de son confrère et ami, l’archevêque de l’immense ville de São Paulo au Brésil, l’a amené à choisir François comme nom de Pape, c’est-à-dire le nom du « Pauvre d’Assise », saint François.
 
Et depuis son élection, le pape François ne se lasse de rappeler que l’Evangile de Jésus-Christ est avant tout une Bonne Nouvelle pour les pauvres. C’est de cette Bonne Nouvelle qu’il est question dans l’évangile aujourd’hui. Est-elle en même temps une mauvaise nouvelle pour les riches ? Sont-ils menacés de l’enfer, tandis que le ciel serait promis aux pauvres ? Est-ce que cette Bonne Nouvelle ne comporte pas le danger que l’on fasse patienter les pauvres sur terre dans l’attente du ciel, et que leur sort sur la terre ne s’améliore pratiquement pas ?
 
Que veut nous dire Jésus par cette parabole ? Pour bien la comprendre, il faut tout d’abord se garder de plaquer sur elle des conceptions de l’au-delà ou des catégories que Jésus n’emploie pas. Il parle à des Juifs. Il n’est nul question de l’enfer, du ciel, du purgatoire. Il est question de l’Hadès, que Luc écrivant à des chrétiens d’origine grecque substitue au Shéol juif. Il s’agit de lieu d’  « après-la-mort ». Et celui qui semble en être le gérant, c’est Abraham, le patriarche par excellence. En disant cela, il faut nous garder aussi d’édulcorer les propos de Jésus en pensant qu’ils ne sauraient nous rejoindre, très concrètement. Car l’au-delà nous concerne toutes et tous. Quoi que nous pensions, il sera une question pour chacun, un jour ou l’autre. Souvent le décès d’un être cher rend notre questionnement à ce propos plus aigu ; il renforce aussi l’évidence de notre propre finitude. Ainsi, quiconque vient de perdre un proche, qui le pleure, vas se demander : que va-t-il arriver au défunt ? Est-il dans « le sein d’Abraham » ou bien souffre-t-il les tortures de l’enfer ? Mais une question consécutive peut ensuite lui venir à l’esprit : et moi, où irai-je moi-même après ma mort ? Vais-je devoir souffrir comme le riche, qui était nanti de son vivant ? Ou bien serai-je consolé après tout le malheur que j’ai dû supporter ?
 
Si je suis amené à me poser personnellement cette deuxième question, cela veut dire que la parabole de Jésus a touché son but. Car cette parabole ne vise pas à nous fournir un reportage sur l’au-delà, ni à satisfaire notre curiosité quant à la vie après la mort. Son objectif est de nous secouer, de nous réveiller : il s’agit de l’ensemble de notre existence, du bonheur et du malheur, du salut ou du « non-salut », il s’agit du ciel pour moi, ou de l’enfer pour moi. Autrement dit encore, il s’agit d’être en Dieu, ou de le refuser. Et le verdict concernant mon propre sort ne tombe pas n’importe quand à la fin de ma vie, il se décide aujourd’hui et maintenant, directement devant ma porte. Le drame de l’homme riche ne fut pas d’avoir la possibilité de bien vivre. C’était sa chance, après tout ! Ni de porter de vêtements de grande marque. Il le pouvait, il en avait la possibilité. Une seule et unique chance manque à ce riche, et elle est fatale : il ne voit plus le pauvre devant sa porte. Dans l’Hadès, il est en proie à des tortures infernales et il aimerait avoir quelques gouttes d’eau qui le soulagent. Il aurait pu s’épargner toute cette souffrance s’il avait partagé avec ce Lazare à sa porte, ne fut-ce qu’un tout petit de son aisance.
 
Le message de Jésus est clair : n’oublie pas les pauvres, et je ne t’oublierai pas non plus le jour où tu seras de l’autre côté. Car celui qui a un cœur fermé, un cœur de pierre, un cœur tout rabougri, ne pourra pas l’ouvrir au Christ lui-même. Celui qui laisse son cœur ouvert, celui-là écoutera Celui qui est ressuscité des morts. Et parce qu’il sera attentif au pauvre devant sa porte, la bonne nouvelle de l’Evangile entrera chez lui.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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