Dans l’évangile d’aujourd’hui, il est question
de chercher ce qui était perdu, et de la joie de le retrouver. Les deux
paraboles visent à nous montre que cela vaut la peine de chercher quelque chose
jusqu’à ce qu’on le retrouve, même si apparemment cela n’a pas beaucoup de
valeur.
L'occasion que Jésus choisit pour nous dire ces
deux paraboles (et celle du Fils prodigue qui vient juste après), est la colère
de pieux pratiquants envers lui parce qu'il se met à la même table que des
non-pratiquants. Les pratiquants ont déjà tiré un trait sur les non-pratiquants
(les publicains et les pécheurs) :
ils sont désespérément perdus, et ne valent pas la peine qu’on se donne du mal
pour eux. Ces « bien-pensants » reprochent à Jésus de fréquenter des
pécheurs. A quoi bon ? Pourquoi s’intéresser à eux, et même les
aimer ?
Ne reléguons pas « en ce temps-là »
ces jugements péremptoires que les « Pharisiens et les scribes »
nourrissaient dans leur cœur ! Interrogeons-nous plutôt sur les critiques,
les rejets, les préjugés envers les autres que nous véhiculons autour de nous.
Comme il est fréquent que nous prononcions un jugement sans appel sur telle ou
telle personne : on ne peut rien en faire, rien en tirer ! Ne dit-on
pas « un bon à rien » ? Nous n’imaginons alors même pas qu’une
chance, un espoir, un avenir puisse encore exister pour ce proscrit.
Comme le comportement relationnel de Jésus est
différent ! On dirait qu’il va directement vers les « cas
désespérés ». Sa logique diffère complètement de la nôtre. A cause
d’une seule brebis perdue, en abandonner quatre-vingt-dix-neuf autres, sans
surveillance et donc en les laissant en danger ? Et balayer toute une
maison à cause d’un sou sans valeur ? Est-ce que cela vaut la peine de
déployer tant d’effort pour un résultat aussi mince ? Est-ce qu’on ne perd
pas toujours quelque chose dans la vie ? Pourquoi pleurer après une brebis
ou une piécette ? Le message de Jésus est fort : Dieu ne tire un
trait sur personne. Personne n’est sans valeur pour lui. C’est pourquoi il va à
la rencontre de chacun, si « perdu » qu’il puisse paraître. C’est
profondément réconfortant que de le réentendre aujourd’hui. En effet, combien
de fois ne nous mettons-nous pas à la place de celui qui va à la recherche de
la brebis, de celui qui balaye toute la maison ? Et nous nous disons que
nous aurions mieux à faire : mettre notre énergie dans quelque chose de
plus positif ou gratifiant, profiter d’une vie toujours trop courte, etc… Je
crois que nous sommes à la limite du contre-sens. En effet, celui qui, dans l'Evangile, recherche
la brebis perdu ou le malheureux sou, c’est Dieu ! Pas nous. Dieu ne nous
laisse pas nous perdre.
Il y a derrière tout cela ce message important
qui concerne « les quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de se
repentir », c’est-à-dire, qui croient qu’ils n’ont nullement besoin de
changer quoi que ce soit dans leur vie, que tout va pour le mieux… Pas comme
ces « pécheurs ». Jésus envoie un signal à ces satisfaits
d’eux-mêmes. Réfléchis bien : toi aussi tu peux te perdre un jour, suivre
un mauvais chemin, te fourvoyer. Toi aussi, tu peux devenir « une brebis
perdue », bien que tu sois tellement sûr de toi que tu croies que cela ne
puisse jamais t’arriver. Tu as toujours si vite jeté la pierre à la
« brebis perdue » ! Toi aussi, et plus vite que tu ne penses, tu
peux en être une, une que les autres montrent du doigt !
Alors, et c’est le message caché de Jésus,
alors Dieu ne tirera pas un trait sur toi. Même alors, Il ira te chercher,
jsuque dans le taillis le plus reculé où tu t’es empêtré. Jésus nous invite
tous, nous qui nous considérons souvent comme tellement juste et tellement
assuré, de nous réjouir de tout cœur avec Lui quand quelqu’un revient au
bercail. Car, ce « perdu-revenu chez lui », ce pourrait bien être notre
propre histoire.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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