Il y a des tas de promesses qui sont faites dans les campagnes électorales,
surtout des promesses qui ne seront jamais tenues. Nous en avons déjà un
avant-goût depuis la rentrée politique dans l’effervescence qui va mobiliser la
classe politique française jusqu’au printemps prochain.
La petite parabole que Jésus raconte dans l’évangile aujourd’hui nous
fait penser à ces promesses électorales. Il est ici question de quelqu’un qui
veut bâtir une tour. D’abord il s’assoit et vérifie si ses moyens suffisent.
Car ce serait une honte pour lui, et un dommage pour beaucoup, si la tour n’était
pas achevée et que son projet tombait à l’eau. Concernant les campagnes
électorales : a-t-on l’honnêteté de calculer si toutes les promesses
seront tenables, finançables ou promet-on parce que cela fera gagner quelques
voix, quitte à assurer le tout et son contraire ?
Jésus utilise une deuxième parabole : la planification d’une
guerre. Quand il est prévisible que la guerre ne pourra être gagnée, il faut
chercher une solution politique. Au temps – c’était en 1991 –, où la première
guerre du Golfe a éclaté, le pape Jean-Paul II avait expressément déconseillé
au président Bush senior de partir en bataille. Ce fut encore plus grave avec
la deuxième guerre d’Irak que le président Bush junior, cette fois, décida de
mener sans tenir compte des avertissements catégoriques et fondés du pape. L’histoire
a donné raison à Jean-Paul II. Les résultats sont catastrophiques et les
sentiments de haine n’ont fait depuis que de s’exacerber et se propager
partout. Sans doute en faisons-nous les frais jusqu’en Europe dans la montée de
ce qu’on appelle le « fanatisme islamique ». D’innombrables victimes,
l’insécurité comme auparavant, la terreur et le terrorisme, et d’immenses
dépenses de guerre, sans compter la destruction presque totale de la très
ancienne chrétienté du pays natal d’Abraham. Et manifestement on ne veut tirer
aucun enseignement de ce malheur ! La guerre ne cesse de sévir en Syrie,
le feu couve dans les pays alentour. La seule solution serait une solution
raisonnable, raisonnée et politique.
Pourquoi manque-t-on si souvent de la prudence prônée par Jésus, en
politique ou en art militaire ? Pourquoi manque-t-on si souvent d’une
juste vision des choses et d’appréciation intelligente ? Je crois que la
réponse de Jésus est très simple et directe : parce que, dans les petites
choses de la vie, nous ne faisons pas mieux que les hommes politiques et les
militaires dans leurs grandes décisions. Celui qui veut suivre Jésus, qui s’efforce
d’être chrétien, doit réfléchir et se demander s’il est prêt à tout mettre en œuvre
pour le faire sérieusement. Sinon il sera comme le bâtisseur d’une tour, qui n’a
pas assez d’argent pour l’achever, comme un chef des armées qui risque une guerre
inconsidérément.
Jésus met en garde contre le fait d’être chrétien à moitié, un « chrétien
à cinquante pour cent », un « demi-chrétien », bref un « chrétien
au rabais ». Cela ne convainc personne et produit scandale et rejet. Comment
devenons-nous des chrétiens à part entière, des chrétiens crédibles ? Ce
qu’indique Jésus est clair : quand nous mettons Dieu à la première place
sans « si » ni « mais », alors toute notre vie trouve le
bon cap. La faire à moitié ne marche pas ! Pour devenir disciple, Jésus n’invite
curieusement pas à s’asseoir et à réfléchir grandement, au contraire : « celui
d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être
mon disciple ». Avoir les mains vides, voilà la force du disciple !
Moins il peut compter sur ses propres forces, plus il est disponible pour s’appuyer
sur Dieu seul. Cette sagesse-là va bien au-delà de la sagesse humaine, il faut
que l’Esprit de Dieu vienne l’enseigner.
Suivre Jésus, c’est lui faire confiance. Suivre Jésus, c’est tout
mettre en œuvre et en ordre dans sa vie pour tenir le choix fondamental que
nous aurons fait. Suivre Jésus, c’est le mettre à la première place, parce qu’il
lie et noue notre personne pour la faire communier, par sa croix, à sa
résurrection.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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