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vendredi 8 juillet 2016

Homélie du 15ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 10 juillet 2016

Le mot « Samaritain » a une bonne connotation. D’ailleurs, combien de fois n’est-il pas employé dans la langue française pour désigner une personne qui fait le bien, qui est serviable, qui se dépense au service de son prochain. On dit d’elle qu’elle est un « bon Samaritain ». Celui que Jésus cite dans l’Evangile et qui a porté secours au malheureux était un Samaritain : il a manifesté de la pitié et de la compassion, en ne se détournant pas, comme les autres, du blessé. C’est la raison pour laquelle ce terme a si bonne réputation.
 
Combien de fois ne fait-on pas appel à cette page de l’Evangile, ou à la figure tutélaire de ce bon Samaritain, pour désigner l’action caritative en Eglise ? Il est d’ailleurs curieux que l’adjectif « bon » désigne tout à la fois cet homme de Samarie et le « bon Pasteur », Jésus-Christ.
 
A l’époque cependant où Jésus a raconté cette parabole, le terme « Samaritain » était, pour ses auditeurs juifs presqu’un synonyme d’injure. Car les habitants de la Samarie, située entre la Judée au sud avec pour capitale Jérusalem et la Galilée au nord, avaient, pour les Juifs croyants, la réputation d’être des mécréants, des hérétiques, aux pratiques religieuses douteuses. De toute façon, ils n’avaient pas la même religion. Certes le jugement que les Samaritains portaient sur les Juifs n’était guère plus clément. Certaines scènes de l’Evangile l’attestent.
C’est justement un de ces « étrangers » si mal vus, un Samaritain, que Jésus cite comme exemple d’amour du prochain. Le plus grand de tous les commandements de Dieu prescrit que nous devons aimer Dieu de tout notre cœur, et notre prochaine comme nous-mêmes. Fais cela et tu vivras, répond Jésus au spécialiste de la Loi qui lui demande ce qu’il doit faire pour obtenir la vie éternelle.
 
Et qui est mon prochain ?, renvoie-t-il alors comme question à Jésus. Cette question se pose à moi tous les jours, et pas à moi seulement, je pense. Il y a tant de malheur dans le monde, et tant de personnes sont dans l’indigence. On ne peut pas s’occuper de tous. Il faut choisir. Il faut opérer un discernement dans la charité. Pour autant, tous demeurent mon prochain. Quelle est la priorité ? La famille ou le voisin dans la misère ? Où dois-je m’investir ? Et où dois-je dire que je laisse d’autres agir ?
 
Jésus ne fournit pas de réponse théorique. Il n’expose pas de règles générales. Il raconte une histoire très concrète, une scène de vie, comme il peut nous en arriver tous les jours. Cette parabole a ému au point que le personnage principal, l’étranger méprisé, est devenu le bon Samaritain compatissant.
 
Cette histoire interpelle tout le monde car tout un chacun se sent concerné. Je suppose qu’il nous est déjà arrivé à tous d’être ou le prêtre ou le lévite. On voit un malheureux, on change de trottoir, et on poursuit son chemin. On a sans doute de bonnes raisons de la faire la plupart du temps : pas le temps, des rendez-vous, on est pressé ou on a peur d’être impliqué dans une situation potentiellement dangereuse ou délicate. La réaction de cet étranger, d’une autre religion, est d’autant plus impressionnante : il ne passe pas son chemin, il ne se préoccupe pas du danger ni de sa peine, il vient en aide, tout simplement. Il ne faut pas oublier de rendre grâce, aujourd’hui, dans notre prière, pour toutes les personnes qui viennent ainsi en aide à leur prochain, et qui font de leur vie un service.
 
Nous-mêmes, il nous faut nous demander si nous avons réellement envie de la vie éternelle. Si c’est le cas, alors, il nous faut réapprendre qu’elle n’est pas un horizon lointain et hypothétique : celui de la rencontre, un jour, avec le Créateur. Nous ne le découvrirons pas ce jour-là, car il saura nous rappeler que nous l’avons croisé sans cesse : chaque fois que nous avons été proche de nos frères, c’est de lui que nous aurons été proches.
 
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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