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vendredi 1 juillet 2016

Homélie du 14ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 3 juillet 2016

Il est question aujourd’hui d’évangélisation. Jésus veut que son message parvienne à toute l’humanité. Il veut toucher le plus de personnes possibles et les amener à croire. Incontestablement Jésus avait une mission, et il voulait qu’elle atteigne toutes les nations, tous les temps, tous les hommes. Le mot d’évangélisation nous est quelque peu redevenu familier ces dernières années. Le pape Benoît XVI, creusant le sillon du Concile Vatican II, avait compris que nos sociétés de « vieille » ou d’ « ancienne » chrétienté avaient besoin d’un nouveau souffle. L’Evangile jadis annoncé à tous, marquant jusqu’à la société civile, ne va plus de soi. On note volontiers qu’il y a une crise de transmission. Il faut donc qu’un nouveau souffle passe sur nos communautés, fussent-elles numériquement plus réduites que par le passé. Ce dynamisme leur permettra de devenir, ou redevenir, signifiantes et attractives. Ainsi, nous ne pouvons plus nous appuyer sur les coussins moelleux de l’habitude, du « on a toujours fait comme cela », des pieuses excuses du genre : « on fait ce qu’on peut », « ils savent où est l’église… ».
 
Chacun de nous est désormais en situation d’être personnellement un apôtre, un envoyé du Seigneur Jésus pour témoigner de sa parole et de son amour. Le pape François se plaît à comparer l’Eglise de notre temps à un « hôpital de campagne » posé dans la jungle de nos sociétés post-modernes dominées par les modes de consommation, l’ultra-capitalisme ou l’hédonisme. Il appelle à aller jusqu’aux périphéries, à ne pas se fixer de limites, à ne pas s’en satisfaire.
 
Mais un défi rejoint cette annonce. Comment la vivre dans une société qui revendique la laïcité comme une norme, voire comme nouvel ordre du vivre-ensemble. Comment parler du Christ, inviter à Le rejoindre tout en respectant l’autre ? Les tragiques événements que nos pays connaissent depuis quelques mois avec les phénomènes terroristes nourris par le fondamentalisme nous interpellent. Nous les chrétiens, nous avons reçu du Christ la mission de porter l’Evangile à tous les hommes. Les musulmans ont aussi la mission d’annoncer tous les hommes à obéir au Coran. Les deux religions s’adressent à tous les hommes. Les deux pratiquent la mission. Comment une coexistence en paix est-elle dès lors possible ? Des conflits entre religions ne sont-ils pas programmés d’avance ? C’est ce que beaucoup pensent des religions en général, malheureusement.
 
L'Histoire mais le présent également, montrent avec trop d’évidence que la mission va souvent de pair avec la violence et la contrainte. L’histoire de la mission évangélisatrice chrétienne  a écrit beaucoup de pages magnifiques, mais elles en aussi noirci certaines. Aujourd’hui, le christianisme est la religion la plus persécutée de par le monde. Mgr Yousif Mirkis en témoignait au milieu de nous, dimanche dernier.
L'évangile d’aujourd’hui nous montre comment Jésus entendait l’évangélisation. Une chose est claire : il refusait toute diffusion de son message par la violence. Tout au contraire : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ». Il ne voulait pas que son enseignement parvienne aux hommes dans un déploiement de puissance et de pompe : « N’emportez pas de bourse, pas de besace, pas de sandales ». En lisant entre les lignes, cela implique que les envoyés de Jésus doivent dépendre les uns des autres. Ils doivent venir les mains vides, mais avec la paix dans leur cœur.
 
Il est étrange que Jésus conseille : « Ne saluez personne en chemin ». Il ne les incite pas à l’impolitesse, mais il leur conseille d’éviter de trop bavarder, comme il nous arrive parfois de parler à tort et à travers avec des personnes qui ne sont pas concernées.
 
En ce temps-là, Jésus a envoyé soixante-douze nouveaux disciples en mission. Ils devaient lui préparer le chemin. Aujourd’hui tous les chrétiens sont envoyés porter la Bonne Nouvelle de Jésus : sans forcer ni contraindre, mais en proposant, en aidant, avec tendresse et amour. Frères et sœurs, ne nous y trompons pas ! Ne nous défaussons  pas trop facilement de cette responsabilité en nous en déchargeant sur le voisin, sur des structures, sur des techniques, ou que sais-je d’autre encore ! Il est trop facile de dire que l’Eglise devrait faire ci ou ça. L’Eglise, la communauté de paroisses, c’est chacun et chacune ensemble. Il n'existe aucune technique d'évangélisation hormis celle de la cohérence du témoignage. Si tous nous essayons d'être des chrétiens plus authentiques, plus vrais, plus dévoués, alors nous deviendrons de meilleurs disciples et personne ne s'y trompera. On verra, à travers nos paroles et nos gestes, le Christ lui-même agissant dans le monde. Le Règne de Dieu se sera un peu plus approché encore de tous.
 
Michel Steinmetz

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