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vendredi 10 juin 2016

Homélie du 11ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 12 juin 2016

Pourquoi n’est-il presque toujours question que des douze apôtres lorsqu’on parle des disciples de Jésus ? Pourquoi y a –t-il si peu d’allusion au groupe de femmes qui accompagnaient Jésus ? C’était pourtant tout à fait inhabituel, et devait attirer l’attention. L’évangile d’aujourd’hui mentionne expressément ces accompagnatrices de Jésus : « Les Douze l’accompagnaient, ainsi que quelques femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprit mauvais », et trois, parmi elles, sont citées par leur nom : « Marie, appelée la Magdaléenne, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, la femme de Chouza, intendant d’Hérode, et Suzanne ». Et ce n’est pas tout ! Saint Luc, l’évangéliste qui nous donne le plus de renseignements sur les femmes de l’entourage de Jésus, ajoute ceci : « et plusieurs autres » femme. Elles furent certainement un bon nombre à être ainsi actives autour du Seigneur, puisqu’elles l’assistaient, lui et ses compagnons, « en prenant sur leurs ressources ».
 
Ce devait ainsi être tout un spectacle quand Jésus passait « à travers villes et villages » avec toute cette troupe d’hommes et de femmes ! Une véritable caravane ! Sur un plan pratique, je me suis déjà interrogé sur l’attitude des proches de ses compagnons de route. Que pouvaient bien dire les enfants des apôtres – puisque plusieurs étaient vraisemblablement mariés – quand ils voyaient leur père ainsi quitter la maison familiale pour suivre le Seigneur ? Quelle devait être l’attitude des maris de ces femmes, dont le propre intendant d’Hérode, quand elle décidait de rejoindre – même pour un temps – cette troupe et l’assister financièrement ?
 
 
Voici ce qui me frappe particulièrement chez ces femmes : elles doivent avoir vécu avec Jésus des temps tellement forts qu’elles ont changé leur vie. Selon Luc, Jésus les a « guéries d’esprits mauvais et de maladies ». Elles se sont donc senties libérées de leurs chaînes, de maux physiques et psychiques. Elles ont vécu ainsi personnellement une expérience si impressionnante, si bouleversante, qu’elles se sont fortement attachées à lui, qu’elles lui ont été extrêmement reconnaissantes, et disons-le franchement, qu’elles l’ont aimé profondément. Cet amour ne les a plus quittées, elles ont passé outre à toutes les contraintes sociales et elles ont accompagné Jésus.
 
Cet amour s’exprime publiquement et sans retenue dans l’histoire principale de l’évangile de ce dimanche, celui de la « pécheresse » dans la maison d’un pharisien. Ses gestes sont extrêmement choquants et érotiques. Elle pleure et elle fait couler ses larmes sur les pieds de Jésus. Puis elle les essuie avec ses cheveux, les couvre de baisers et les parfume. Et Jésus la laisse faire. Il sait quelle réputation elle a, ce qu’elle a fait dans sa vie, voire ce qu’elle fait encore. Elle se prostitue. Tout cela ne le gêne pas parce ce qu’il ne voit pas en elle une prostituée, mais une femme qui sans doute souffre, en tout cas aime. Une femme au grand cœur. Elle ose aller vers le Seigneur parce qu’elle perçoit qu’elle ne sera pas rejetée par lui, qu’il ne l’enfermera pas dans ce qu’elle fait, dans sa faute, ou dans ce que la société pense d’elle. Elle ouvre son cœur car elle sait que le cœur de Jésus, plein de miséricorde ne lui sera pas fermé. « Ses nombreux péchés lui sont remis parce qu’elle a montré beaucoup d’amour », dit Jésus. Et il explique à son hôte, Simon le pharisien, que « celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour ».
 
Le pardon produit l’amour. Il le rend possible. Il ouvre les cœurs. Il donne l’allégresse. Jusqu’à transgresser les convenances sociales, à l’image de cette femme en plein banquet. Mais l’amour peut tout. L’amour sauve. Le Seigneur nous pardonne, le Seigneur nous ouvre son cœur. Saurons-nous ouvrir le nôtre sans aucune réserve ?
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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