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vendredi 27 mai 2016

Homélie de la solennité du "Corpus Domini" - 29 mai 2016

On assista, à l’époque, au miracle de la multiplication des pains. Tous furent rassasiés avec les cinq pains, et on ramassa encore douze corbeilles de restes. Mais ce genre de miracle ne se produisit pas tous les jours. Les Evangiles rapportent que Jésus n’a nourri ainsi les foules que deux fois seulement. Cependant, le miracle de la multiplication arrive encore aujourd’hui, d’une manière différente. C’est de ce genre de miracle que je veux parler aujourd’hui.
 
Le miracle survient à chaque fois que nous célébrons ensemble l’eucharistie. Ce que Jésus a fait avec la foule affamée était une annonce de son eucharistie et des paroles qu’il a prononcées juste avant sa Passion, au soir de la Cène. « Prenez et mangez-en tous ; ceci est mon corps livré pour vous ». Tous, autour de la table du repas pascal, ont pris le pain ; tous ont été nourris, mais pas à la manière du monde. Les apôtres ont compris, quelques jours plus tard, à la lumière de la Résurrection, le geste que Jésus avait posé alors. Il avait offert son Corps sur la croix pour la multitude. Désormais, tous ceux qui accepteraient de s’attacher à Lui, de communier à Lui pourront espérer vivre de son mystère pascal. Le pain de l’eucharistie n’est pas un bout de Jésus qui se serait tassé pour se faire tout petit dans l’hostie ; c’est le Seigneur ressuscité tout entier présent dans ce pain, fruit de la terre et du fruit des hommes. C’est le mystère de l’amour de Dieu que nous aurons au creux de notre main. C’est Dieu lui-même présent au milieu de nous que nous associerons à toute notre vie quand nous ferons tout à l’heure la procession.
Le miracle survient encore quand nous faisons nôtre l’ordre de Jésus : « Donnez-leur  vous-mêmes à manger ». Le choc de cette parole de Jésus à ses disciples les a poussés à la serviabilité. La bienheureuse, et future sainte, Mère Térésa de Calcutta a dit : « Si tu ne peux donner à manger à cent personnes, fais-le au moins pour une ». Ainsi, l’eucharistie n’est pas juste pour nous, dans un rapport personnel et étroit avec le Christ. L’eucharistie est un mouvement qui nous entraîne à grandir en Dieu. Celui qui veut grandir en Dieu ne peut pas se détourner de son frère, en particulier de celui qui est dans le besoin ou la souffrance, au risque d’être un menteur et un hypocrite. L’eucharistie nous pousse donc à changer quelque chose dans notre vie, à nous rendre solidaires les uns des autres pour une unique croissance dans l’Esprit.
 
Saint Augustin rappelle que « le sacrement du Corps du Christ est le Corps du Christ » (Lettre 98, à Boniface). Pour dire les choses plus simplement et se faire comprendre, Augustin compare notre approche des choses, ou bien aux pelures d’oignon, ou bien au noyau de la pêche. Si nous pensons que le Corps du Christ est le noyer de la pêche – entendez tout ce qui reste de la pêche une fois qu’on a enlevé sa peau – alors nous risquons de faire fausse route. L’eucharistie n’est pas qu’une hostie que nous vénérerions dévotement, et que nous pourrions dans le même temps enfermer à notre gré au tabernacle ou l’en sortir à l’envie notamment pour une procession. Alors l’eucharistie est sans doute plus à l’image des pelures d’oignon : un oignon, lui, n’existe que dans ses pelures. Plus de pelures, plus d’oignon. L’eucharistie du Seigneur n’est pas une chose extérieure : elle est la manière dont le Seigneur se rend présent à nous et nous demande de nous rendre présent aux autres. Sa réalité est là.
 
Manger le pain de l’eucharistie, le Seigneur ressuscité qui se donne en nourriture, pour avoir la Vie et, exactement de la même manière, dans le même mouvement se laisser manger pour avoir la Vie. Se donner dans le service, le compassion, l’entraide, l’écoute comme Lui l’a fait et parce qu’Il nous dit de le faire. « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Qu’allons-nous faire en nous avançant pour communier ? Nous recevrons religieusement avec dignité le pain qui est le Corps du Christ. Mais ne sommes-nous pas tous ensemble le Corps dont le Christ est la tête ? Nous recevrons alors ce que nous sommes déjà par notre baptême pour nous aider à l’être toujours mieux.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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