Est-ce que nous devons tout nous dire, ou bien devons-nous
nous cacher certaines choses ? Franchise en tout, ou réserve ? Jésus
semble être plutôt pour une certaine réserve : « J’ai encore beaucoup
de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas le porter à présent ».
Veut-il épargner ses disciples ? Les considère-t-il comme immatures ?
N’est-il pas franc avec eux, ou bien est-il d’une patience pleine d’égards
vis-à-vis d’eux ?
C'est une question que nous nous posons souvent dans notre
vie quotidienne. Jusqu’où pouvons-nous tout nous dire ? Quand devons-nous
nous ménager les uns les autres ? Faut-il être d’une franchose
impitoyable ? Chacun connaît cette maxime : toute vérité n’est pas
bonne à dire. Faut-il pour autant se complaire en petits mensonges, sous
prétexte de charité, d’une vérité qui pourrait « faire mal » ?
Vous connaissez cela dans la vie de couple, les relations familiales, ou
parfois douloureusement dans un contexte de maladie quand tombe un diagnostic.
Comme toujours, la règle ne peut être ici que l’amour et la charité. Jésus n’a
pas dit tout de suite à ses disciples ce qui allait leur arriver. Il a pris des
précautions avec eux, il a pris en considération ce qu’ils pouvaient supporter
à l’instant. Il savait qu’il leur fallait du temps pour comprendre bien des
choses, que pour être prêts à cela, ils devaient d’abord faire leurs propres
expériences.
Qu'est-ce que Jésus sous-entendait dans le
« beaucoup » que ses disciples ne pouvaient pas encore
comprendre ? Je crois que Jésus parle ici à chacun de nous : il y a
des choses qui seraient maintenant trop pénibles pour toi, si tu les
connaissais. Comme la souffrance qui va t’arriver dans la vie, ou les affres du
vieillissement que nous aurons parfois accumulées par nos propres fautes.
C’est bien ainsi, que nous ne connaissions pas l’avenir,
nous ne devons pas essayer de savoir par avance ce qui va nous arriver, demain,
dans le futur. Car Jésus nous a fait un cadeau d’un accompagnateur qui nous
conduit pas à pas : l’Esprit-Saint. « Il vous guidera vers la vérité
tout entière ». Je n’ai pas besoin de savoir aujourd’hui de quoi demain
sera fait, mais j’ai besoin aujourd’hui, demain, chaque jour, de quelqu’un qui
m’aide à avancer sur mon chemin. Ce conseiller, cet assistant, c’est
l’Esprit-Saint, l’Esprit, la force de Dieu lui-même, Celui qui me donne
« aujourd’hui le pain de ce jour ». Je crois que cela nous ferait du
bien à tous, d’être plus attentifs à cette « boussole intérieure »,
de mieux écouter cette voix intérieure par laquelle Dieu nous conduit pas à pas
et en tout sécurité.
Comment se laisse-t-on conduire par l’Esprit-Saint ? Il
n’existe pas de recette toute faite, mais l’expérience nous apprend à mieux
percevoir, à être plus sensibles aux petits signes que nous fait l’Esprit de
Dieu. Cheminer attentivement entre les balises posées délicatement dans nos
vies par l’Esprit mène à des résultats surprenants. Nous acquerrons plus de
confiance, d’espérance, d’assurance. L’Esprit fait grandir en nous de multiples
vertus. Pourquoi ? Parce que nous nous fions plus à Dieu qui, par
l’intermédiaire de cet accompagnateur intérieur, nous guide de telle sorte que
ce soit pour notre bien, que nous ayons assez de force pour tout supporter.
Alors nous prendrons nous-mêmes plus de précautions vis-à-vis des autres quant
à ce que nous pouvons leur dire, leur demander sans trop présumer de leurs
forces.
Cet Esprit donné par Jésus pour aller avec Lui vers le Père
fait de la Trinité que l’Eglise honore en ce jour bien plus qu’un vague
concept, qu’une réalité qui s’imposerait à nous. La Trinité, c’est l’autre nom
pour dire que Dieu est amour. Il aime en aimant un autre que Lui. Il nous aime
au point de vouloir nous attirer à Lui. C’est ce que nous nous rappelons à
chaque fois que nous traçons sur notre propre corps, sur tout ce que nous
sommes de vivant, le signe de la croix de Jésus, avec ces paroles :
« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ».
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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