A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

vendredi 15 avril 2016

Homélie du 4ème dimanche de Pâques (C) - 17 avril 2016

Jésus nous dit que nous sommes des brebis ! Cette image, interrogeons-la : Que nous dit-elle de nous-mêmes ? Qu’est-ce qu’une brebis ? Un animal, au regard doux mais un peu vitreux, qui bêle gentiment mais moins par conviction que parce que le voisin bêle aussi. Essayez de traverser un champ de brebis... Il est difficile de couper un troupeau en deux, elles veulent toutes passer du même côté même si le chemin n’est pas direct. Une brebis isolée est comme un poisson hors de l’eau, elle est perdue. Jésus nous dit que nous sommes des brebis, et cela n’est pas vraiment enthousiasmant. Une brebis, c’est bête et deux brebis, c’est deux fois plus bête, alors que dire d’un troupeau ! Il n’y a pas là un idéal capable de me mobiliser.
 
Mais il y a le Berger. « Je suis le Bon pasteur », dit Jésus, celui qui rassemble et qui conduit, qui fait sortir hors de la bergerie, Celui qui veille sur ses brebis. Il connaît leur faiblesse et, osons-le dire : leur bêtise... Il connaît leur peu d’audace et leur manque d’imagination. Il est le Bon Pasteur. Et c’est là qu’est la pointe de la parabole, la figure centrale, l’intention de l’image choisie. Car une parabole se comprend par sa pointe. Quand Jésus nous dit par exemple que « le Fils de l’Homme viendra comme un voleur », il ne nous dit pas qu’il est un voleur mais que son retour sera aussi imprévu que l’arrivée du voleur. Ici, c’est dans la figure du bon pasteur qu’il faut chercher ce que Jésus veut dire quand il nous parle de brebis... Il ne s’agit pas de rester grégaires, encore moins de le devenir, mais d’avoir un Bon pasteur. De quoi s’agit-il ?
 
"Mes brebis écoutent ma voix, et elles me suivent ". Il y a une voix à entendre. Tout n’est pas centré sur la brebis. Entendre la voix, c’est d’abord cesser de bêler pour se taire, écouter, accueillir, recevoir. C’est, par le même acte, consentir que quelque chose ne vienne pas de moi, que quelque chose me soit donné. Une parole m’est offerte, et elle vient à moi, et elle vient vers moi, et elle vient en moi. Je ne fabrique pas ma finalité. Je ne fabrique pas les buts importants qui vont mobiliser ma vie. Cela vient d’ailleurs, hors de moi.
 
J'entends cette voix. Je la reconnais. Serais-je seulement passif ? Au contraire, je suis tout entier éveillé, réveillé, mobilisé. Ma sensibilité coopère avec cette voix et, par ma sensibilité, tout ce que je suis se met à vibrer. L’évangile semble clair : c’est parce qu’il y a un bon pasteur qu’il y a des brebis. Alors je reçois cette comparaison sans aucune honte. Je comprends que le Dieu qui m’appelle, me respecte, me veut, non pas comme une brebis, bêlante et grégaire, mais comme un être capable d’écouter sa voix.
 
Jésus nous dit ici quelque chose de très fort sur la liberté humaine. Il dit premièrement que Dieu prend sur lui notre faiblesse, qu’il ne l’ignore pas. Il n’a pas affaire à des surhommes et il le sait. Il dit aussi, et ce n’est pas contradictoire, que je suis appelé à grandir et à construire ma vie selon une finalité qui n’est pas seulement en moi. Cette finalité m’est offerte par lui, elle m’est donnée. C’est une parole, c’est un appel venu de l’extérieur. C’est une révélation. Tout ne dépend pas de moi et pour autant, rien ne peut se faire sans moi. Elle est là, ma responsabilité : me demander, chaque jour, ce que Dieu attend de moi avant de m’écouter moi-même pour entendre ce que je voudrais.
 
Il y a donc une voix. Et derrière la voix, il y a quelqu’un. La vocation, c’est l’acquisition d’une sensibilité personnelle à la voix qui me dit : «  toi, suis-moi ». Cet acquiescement demande du temps.  Le dimanche des vocations nous rappelle que, depuis des siècles, des hommes et des femmes ont choisi de vivre autrement. Ils ont répondu à un appel. Ils ont tenté d’acquérir cette sensibilité nouvelle à une voix qui s’adresse à eux personnellement. Frères et sœurs, arrêterons-nous enfin de bêler stupidement pour entendre la voix du Seigneur et pour que des jeunes parmi nous puissent l’entendre ?
AMEN.
 
Michel Steinmetz

Aucun commentaire: