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dimanche 20 mars 2016

Homélie du dimanche des Rameaux et de la Passion (C) - 20 mars 2016

Un homme va mourir. Il faudrait pleurer. Mais la foule est en liesse et Jésus ne repousse pas sa joie. Que faut-il comprendre ? Que valent cet enthousiasme, ces acclamations ? Ne savons-nous pas qu’incessamment, la situation va basculer ? De l’accueil au rejet, de la reconnaissance à l’abandon, quelques jours suffiront pour que Jésus perde tout : son honneur et sa dignité, ses frères et ses amis. Comme les pharisiens, mais pour une autre raison, celle de notre lucidité, nous serions tentés de fustiger l’exubérance des gens. L’heure est-elle à fête et à la joie ? Et pourtant, Jésus s’y associe tout entier. Il refuse de la réprimer.
 
La liturgie juxtapose le triomphe des Rameaux et la lecture de la Passion. L’échec suit le succès, la peine recouvre la joie. Du haut de son petit âne, Jésus nous provoque. A quoi ? Jésus nous provoque à entrer dans la joie, à entrer dans l’ironie du moment, non pas pour amoindrir sa gravité, son poids, sa profondeur, mais pour en percevoir l’enjeu. La foule acclame son messie. C’est limpide et pourtant, il y a méprise. Aux Rameaux, Jésus est le Seigneur mais il est le Seigneur des pauvres et par là le Seigneur de tous : de ceux qui n’auront pas le panache de rester forts dans l’adversité, de ceux qui déserteront quand viendra l’extrême souffrance, de ceux qui douteront toujours un peu, mais pas assez pour renoncer à croire. Il est le Seigneur de ceux qui restent les yeux rivés sur leurs petits bonheurs. Il accepte d’être leur Seigneur ! Et pour lui, cette joie enfantine des Rameaux n’est pas condamnable. Il accueille et il bénit la joie des enfants et des petits.
 
Cette  joie des Rameaux est la nôtre lorsque, pauvres avec les pauvres, nous mendions auprès de Jésus nos bonheurs, petits ou grands, légitimes ou non. Lorsque nous mendions auprès de Lui parce que nous croyons qu’il entre en nos désirs même les plus inavouables, les plus fous, les plus risqués, les plus honteux peut-être, les plus ridicules parfois. Il entre dans la foule de nos faux problèmes, de nos bonheurs qui n’en sont pas, de nos illusions chéries. Jésus suit le chemin que nous lui traçons avec nos palmes et nos manteaux. Le chemin des succès dont nous rêvons. Il assume ce chemin qui conduit à l’impasse dans la fosse commune des illusions perdues. Il assume ce chemin comme il assume notre pauvre joie, pour l’accomplir et le traverser, le sauver, en faire un véritable chemin triomphal, modeste comme le petit âne choisi, mais souverain. La joie des Rameaux, la voilà : C’est la joie des pauvres.
 
Ce jour, la fête est prématurée. Elle est en attente, en suspens. L’issue ne dépend pas de nous. La grande transformation du monde, selon le désir de Dieu, ne dépend pas de notre force, de notre effort, ni même de notre conversion. Elle est à recevoir. Nos attentes sont infantiles, nous cherchons de fausses solutions, des placebos, des antalgiques, un peu d’opium, pour combler le vide de nos vies. A nos problèmes immédiats, Jésus répond et ne répond pas. Mais il assume nos espoirs. Au cœur de notre errance, il est présent. Mais où donc le Christ pourrait-il nous rejoindre si ce n’est sur le chemin de nos illusions ? Ceux qui n’espèrent rien ne cherchent rien. Ils ne voient que l’âne et pas le salut qui est dessus. Seuls ceux qui espèrent peuvent être déçus. Seuls ceux qui se sont trompés dans une espérance humaine peuvent rencontrer le Christ en relisant l’histoire de leur malheur, comme les disciples sur le chemin d’Emmaüs. Jésus accueille la joie des pauvres, sans la réprimer. Il entre dans leur espérance sans la démentir. La joie qui est la nôtre, nul ne pourra nous la ravir : qui donc pourrait nous séparer de Lui ?
 
Dans la discrétion du matin de Pâques, dans l’explosion silencieuse de la vie, répondra pour toujours tout ce qu’il y a de vivant en nous, timide ou fort, tordu ou bien droit. Jésus nous rend forts de notre faiblesse en la prenant sur lui. En entrant à Jérusalem, il nous rend à la joie, la joie d’être sauvés. Alors les pauvres crient à la face du Seigneur, car Il vient. Il épouse leur joie, Il épouse notre joie : Son amour est plus fort que tout.
 
AMEN.
 
 
 Michel Steinmetz

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