Qui ne connaît pas la
parole de Jésus aux accusateurs de la femme adultère : Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il
soit le premier à lui jeter une pierre. C’est une parole libératrice qui
nous fait réfléchir en bien des situations. C’est une parole qui concerne
chacun directement, que personne ne peut esquiver. Ce n’est pas pour rien qu’elle est devenue une
sorte de proverbe.
Voyons d’abord la
situation au cours de laquelle Jésus a parlé. A l’époque, l’adultère était très
sévèrement puni, comme aujourd’hui encore en bien des endroits du monde. Selon
la Loi de Moïse, la femme adultère doit être condamnée à mort, lapidée. C’est
ce qu’exigent énergiquement les hommes qui ont surpris une femme en flagrant
délit d’adultère, et qu’ils amènent devant Jésus. On peut imaginer la peur
panique de cette femme, la peur de la mort. Quel a bien pu être son regard, ses
yeux pleins d’effroi, quand elle fut violemment traînée devant Jésus ? Est-ce
que personne n’a pitié d’elle ? De fait-elle de peine à personne ? Les
hommes bien informés quant à la Loi n’ont attrapé qu’elle. Pourtant il faut
toujours être deux pour un adultère. Où donc est l’homme ? La Loi de Moïse
prescrit clairement que l’homme et la
femme doivent être conduits à la porte
de la ville et tous deux doivent y être lapidés (Dt 22, 22-24). Les zélés
prescripteurs de la loi divine ont-ils laissé l’homme adultère s’enfuir pour n’amener
que la femme ? Ne devaient-ils pas d’abord chercher la faute chez l’homme
qui a commis l’adultère ? La loi mosaïque lui impute la faute principale. Fermerait-on
plus facilement les yeux sur l’écart d’un homme que sur celui d’une femme ?
Y a-t-il ici deux poids, deux mesures ?
Pour Jésus, il n’y a
qu’une seule mesure, et elle vaut très justement pour tout le monde. Il ne
remet pas en cause le fait que l’adultère est un péché grave. Il n’est pas un
libéral pour qui le péché n’existe pas. Mais il ne veut pas se laisser entraîner
par les accusateurs de la femme adultère uniquement sur le terrain de son péché
à elle ? « Et bien lapidez-là », dit-il en substance, comme Moïse
l’a prescrit. Eux qui savent tout, pourquoi d’ailleurs veulent-ils recueillir
son avis ? Mais si tu lapides la pécheresse, tu dois être toi-même sans
péché : Celui d’entre vous qui est
sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre.
Soudain ce n’est plus
la femme adultère qui est au centre, mais mon propre péché. Tu juges cette
femme, et tu as raison : elle a péché gravement. Regarde donc un peu ta
propre vie : même si tu n’as pas commis d’adultère, comme ils sont nombreux
tes autres péchés ! Es-tu sans péché ? Te considères-tu meilleur que
cette femme qui a couché avec un autre homme que le sien ? Et voilà !
Chacun, un par un, l’un après l’autre, laisse tomber sa pierre et s’en va !
Est-ce qu’ils ont tous rougi de honte en pensant à leurs propres péchés ? Pour
une fois, les pharisiens vont être logiques : les plus vieux partiront les
premiers. Ce sont les plus sages, ou, au moins, ceux qui ont fait le plus
l’expérience de leurs propres limites et de leurs propres faiblesses.
Vient alors la
magnifique parole de Jésus à la femme qui, maintenant, est seule avec lui :
Moi non plus je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus.
Il ne la condamne pas, et donc ne me condamne pas non plus. Oserai-je
encore condamner les autres ? Faire ce que Dieu refuse de faire à mon
sujet ? Je jette des pierres aux autres par mes paroles, mes gestes, mes
regards, au lien de commencer par moi-même et d’essayer de ne plus pécher. Au
moins, d’essayer de la faire.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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