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mardi 22 mars 2016

Homélie de la messe in Coena Domini - 24 mars 2016

Jésus s’abaisse. Il le fait consciemment en exemple qu’il nous donne afin que nous fassions, nous aussi, comme il a fait pour nous. Il s’abaisse, c’est-à-dire qu’il se met à notre niveau, lui, le Fils de Dieu, le Messie et qu’il accomplit le geste du serviteur face à son maître. Comment lui, le Sauveur, Celui que la foule acclamait il y a quelques jours quand il entrait à Jérusalem pour le faire roi, comment donc lui, pourrait-il se prosterner devant nous ? Quel renversement de situation ! Et comment pourrions-nous mettre notre foi en un Dieu que nous prions comme le Tout-Puissant, Celui que nous croyons en situation de changer le monde, et qui s’abaisse ainsi ?
 
Nous avions attendu un flot de grâce, nous pensions que Dieu répandrait son Esprit comme un torrent et qu’un royaume était en train d’advenir. Mais absolument rien ne changera. Parmi les disciples, certains feront le récit de sa vie, les gens écouteront un moment, étonnés, et pendant une courte période l’Eglise apparaîtra comme posséder une nouvelle vie spirituelle, une force venue d’en-haut. Mais déjà ce monde commence à déteindre sur elle, elle se farde avec les couleurs du monde au gré de la mode, et certains osent lui demander ce qu’elle a apporté de nouveau. La question est justifiée.
 
Le monde nous demande de présenter des preuves. En quoi notre foi peut-elle apporter quelque chose à la société ? Comment l’Eglise contribue-t-elle à l’amélioration du vivre-ensemble, de la fraternité entre les peuples ? Nous sommes enveloppés dans le péché commun à tous, pris les pieds dans le tapis du péché. La miséricorde du Christ exposée là rend encore plus flagrant notre faiblesse et nos manquements. Nous n’avons, frères et sœurs, d’autre revendication, d’autre signe que celui de l’abaissement du Fils et son commandement pour nous à faire de même. Notre seule fierté est la croix du Christ. Nous n’avons d’autres preuves à donner que celle-là. Ici, dans cet abaissement, fascinant et insoutenable, tout est dit. En Jésus, la faiblesse devient une force. Elle est gage de notre relèvement. Parce que nous ne serions pas capables de nous mettre à la hauteur d’un si grand Dieu, de son amour inépuisable, Il consent à se mettre à notre hauteur. La table de son eucharistie est si haute, si digne qu’il nous serait impossible de saisir le pain et le vin disposés là. Alors la table est mise à portée de main. Dieu se laisse saisir.
 
Quand Jésus s’abaisse pour nous laver les pieds, il se met à notre niveau et rend possible la rencontre. Car il n’y a de rencontre possible que dans le chemin vers l’autre, le chemin qui permet à l’autre d’exister et de se livrer. En nous donnant ce geste comme testament spirituel, en même que la consigne de rompre le pain et prononcer la bénédiction sur la coupe, il nous indique une voie. C’est celle que nous voulons emprunter avec Lui ce soir. Notre communion avec Lui passe dans celle, exigeante et âpre, avec les frères et sœurs que nous sommes. Avons-nous réellement conscience de ce lien de famille qui nous unit ? De cette communauté de destin que nous formons ? Nous sommes solidaires les uns des autres parce que le Christ passe au milieu de nous pour abolir toutes les distances, sociales, professionnelles, ethniques, raciales, que ce monde voudrait instaurer entre nous comme des murs.
 
Sa proximité, Lui qui se donne en nourriture, sera le seul et l’indispensable témoignage que nous pourrons Lui rendre. Ce témoignage suscitera l’étonnement, la suspicion, le rejet et parfois la haine. Commet ces chrétiens pourraient-ils oser prétendre être le levain dans la pâte du monde ? Frères et sœurs, nous serons hypocrites si nous cherchons ce ferment ailleurs que dans le croix du Seigneur qui se profile au sommet du Golgotha. Dites à ceux qui vous entourent, y compris les plus proches qui ne partagent peut-être pas notre foi, que Dieu en son Fils s’abaisse devant nous pour nous relever en Lui.    
 
AMEN.
 
Michel STEINMETZ

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