Le temps du Carême nous provoque à la
conversion. Comment changer notre vie ? Vers où faire demi-tour ?
Quelle direction prendre ? Quand nous faisons demi-tour en voiture, nous
revenons en arrière. Est-ce de cela dont il s’agit ? Revenir en arrière ?
Et même quand nous faisons ainsi demi-tour, c’est la direction qui change, mais
pas notre vie. Moins manger, moins bavarder, moins médire, moins se laisser
distraire, tout cela est bien et sensé pour le temps du Carême. Mais ce n’est
pas encore se convertir. C’est toujours mener la même vie, agrémentée de
quelques restrictions.
Le changement de cap doit être fondamental,
radical. Il doit s’opérer vers l’intérieur de nous-mêmes. Nous devons
rentrer en nous-mêmes selon cette belle expression. Non pour jouer à l’autruche
en mettant la tête dans le sable, et en oubliant égoïstement les autres. Mais
en nous retrouvant nous-mêmes pour mieux aller vers les autres. En temps de
crises conjoncturelles, de bouleversements, il ne suffit plus de continuer à
faire la même chose, de corriger simplement le cours des choses. Dans la parabole de l’enfant
prodigue que Jésus raconte dans l’évangile, il est dit qu’après avoir dilapidé
son héritage et s’être enfoncé dans le malheur jusqu’à garder les cochons, le
fils « rentra en lui » et voulut retourner chez son père. La
conversion, pour se faire, est en quelque sorte cette « rentrée en soi »
bien réfléchie.
Aujourd’hui notre existence est tellement
tournée vers l’extérieur, elle se déroule tellement dans la superficialité qu’il
convient plus que jamais de regarder vers l’intérieur de soi, de « rentrer en soi », de
cultiver la dimension si importante de l’intériorité. Etre à l’écoute de ce que
nous dit notre cœur, plus que d’écouter ce que disent les autres de moi, de
percevoir comment ils voudraient que je sois ou comment le monde voudrait me façonner au gré des modes. A mon avis, nous ne pouvons
réussir la conversion demandée en ce temps du Carême que si nous nous remettons
plus à l’écoute de ce qui vit en nous, afin d’entendre à nouveau notre Maître
intérieure.
L’évangile de ce deuxième dimanche de Carême
décrit une scène qui suggère tout fat ce « rentrer-en-soi ». Jésus
lui-même en crée les conditions : il se retire en compagnie de trois apôtres
vers le sommet désert d’une haute montagne. Sans silence, pas de méditation
possible ! Ce n’est pas par hasard que beaucoup recherchent la solitude
des montagnes pour se retrouver, et qui n’ont rien à voir avec celles des
pistes de ski surpeuplées. L’intention de Jésus n’est cependant pas de se
retrouver lui-même, mais de trouver son Dieu. La montagne est son lieu de
prédilection pour prier. Rentrer en soi signifie, pour Jésus, trouver Celui qui
l’attend au plus profond de lui, Celui est plus intime à lui-même que lui-même,
pour reprendre la belle expression de saint Augustin. Ce n’est que dans la
prière que l’on peut réaliser que Dieu est là. Sans effort d’intériorité, nous
resterons des êtres de l’extérieur, de la superficialité, de l'apparence.
C’est alors que se manifeste ce qu’il y a d’étonnant :
on commence à rayonner de l’intérieur. Celui qui prend le temps de rentrer en
lui-même va recevoir un rayonnement positif. C’est ainsi que nous pouvons
comprendre aujourd’hui l’évangile de la Transfiguration : il
montre comment Jésus est devenu d’une blancheur fulgurante, il rayonnait non pas
sous le feu des projecteurs, mais il rayonnait de l’intérieur. Cet événement
avec Jésus, vécu en compagnie de Pierre, Jacques et Jean au sommet de la montagne, se
produit encore aujourd’hui dans une moindre mesure.
Partout où des hommes et des femmes font une conversion
sérieuse, qu’ils rentrent en eux-mêmes et font l’expérience de la présence de
Dieu en leur for intérieur, alors la vie commence à rayonner de l’intérieur.
Voilà le sens du Carême qui va plus loin que de perdre quelques kilos :
devenir des êtres rayonnants de la présence de Dieu !
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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