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vendredi 18 décembre 2015

Homélie du 4ème dimanche de l'Avent (C) - 20 décembre 2015

Vous vous rappelez comme moi les Litanies de la Sainte Vierge, récitées souvent à la suite du chapelet. C’est une série impressionnante de vocables par lesquels nous nous adressons à Marie, en lui demandant de prier pour nous. Parmi ces invocations, il y a celle-ci : « Arche d’Alliance ». Que bien signifier ce titre, appliqué à la Sainte Vierge. En regardant de plus près, j’ai constaté que le récit de la visitation était tissé d’allusions au transfert de l’Arche à Jérusalem par le roi David.
 
L'Arche était ce coffret de bois précieux, muni de barres dorées pour le transporter, et qui contenait les tables de la Loi. Dieu lui-même avait donné ses commandements à Moïse qui les avait gravés sur des tables de pierre. Par le don de ces préceptes, Dieu faisait alliance avec son peuple. Pendant longtemps, l’Arche séjourna à Silo sous une tente, comme c’était le cas dans le désert après la rencontre avec Dieu au Sinaï. David résolut de la ramener à Jérusalem pour la placer sur la colline de Sion. Au second livre de Samuel, on nous raconte que « David se leva et partit pour Baala en Juda pour en faire monter l’Arche de Dieu ». Dans la Visitation, nous avons vu que « Marie se leva et partit dans la montagne vers une ville de Juda ». On s’arrête à Edom dans la maison d’Aved. Celui-ci s’écrie : « Comment l’arche du Seigneur entre chez moi ? ». Dans la Visitation, c’est Elisabeth qui s’étonne : « Comment ai-je cet honneur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Remarquons que l’Arche s’arrête chez Aved à Edom et y reste trois mois, comme Marie entre dans la maison de Zacharie et y reste trois mois. Avant de faire entrer l’Arche d’Alliance dans Jérusalem, David, quelques mille ans auparavant, l’avait fait transiter dans une ville de la montagne de Judée, exactement comme dans notre texte, et l’avait confiée à une vieille famille de prêtres, exactement comme dans notre texte, afin de mieux se préparer à la recevoir dans une joie digne de l’événement. Il faut encore ajouter un autre rapprochement : la joie du peuple hébreu et celle de David dansant devant l’arche mise en parallèle avec celle d’Elisabeth et de Jean-Baptiste à l’approche de Marie.
 
Il y a bel et bien une continuité entre l’ancienne alliance et celle que le Messie Jésus va inaugurer. Ainsi la montée vers Jérusalem de l’Arche qui contenait les paroles de la Loi, trouve la plénitude de sa signification lorsque Marie, nouvelle Arche, portant en elle le Verbe fait chair, va vers la Judée dans la maison du prêtre Zacharie, celui qui officia dans le Temple. L’aboutissement s’accomplira parfaitement lorsque Jésus montera vers Jérusalem pour y être « élevé », sa mère se trouvant alors au pied de la croix.
 
Jésus, encore porté par Marie, n’est-il pas - nous suggère Luc - la nouvelle Arche d’Alliance avant qu’elle n’entre à Jérusalem ? Jean-Baptiste ne refait-il pas ici les mêmes gestes que David bondissant de joie devant l’Arche ? Ne sommes-nous pas invités à nous préparer à recevoir le Christ pour ce qu’il est, roi d’une Jérusalem nouvelle, avant même son entrée à Jérusalem et avant même que sa mission ne soit réalisée ? Mais l’évangéliste pousse encore plus loin la subtilité : la bénédiction qu’il met dans la bouche d’Elisabeth s’adressant à Marie « bénie es-tu entre toutes les femmes » est une bénédiction toute célèbre que le judaïsme répétait et répète encore chaque année en souvenir de celle que le peuple hébreu adressa à Judith, cette femme qui, seule, là où les armées d’Israël avaient échoué, sauva tout son peuple d’un anéantissement certain. Voilà qui est Marie, explique Luc à ses auditeurs.
 
Il faut nous préparer à recevoir Jésus pour ce qu’il est. Il est ce petit enfant fragile comme le représente un peu trop mièvrement nos crèches mais cet enfant fragile est déjà aussi « celui qui doit gouverner Israël », comme nous le rappelle la lecture de Michée. Sa puissance sera de rassembler comme peut le faire le berger. Sa puissance sera aussi de donner la paix à tous les cœurs meurtris par les blessures de la vie. Que nos sucreries de Noël ne nous le fassent pas oublier.
 
AMEN.
                                                                                                                                                                                                                      
Michel Steinmetz

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