Le Concile Vatican II, dont nous avons fête le cinquantième
anniversaire de la clôture le 8 décembre dernier, a voulu renouer avec la plus vieille tradition
liturgique de l’Eglise. C’est ainsi que les évêques réunis en concile ont voulu
retrouver les rites et les prières des premiers chrétiens. Voilà pourquoi le
pape Paul VI a replacé la fête de Sainte Marie Mère de Dieu le premier janvier.
Ce n’est pas parce que c’est le premier jour de l’an. Ce qui était le plus
important pour les premiers chrétiens et ce que le concile nous invite à
redécouvrir, c’est que nous célébrons la fête de Marie, Mère de Dieu, une
semaine après la naissance de son Fils. C’est la fin de l’octave de Noël.
C'est là un très beau symbole. Les célébrations de la
fête de Noël commencent avec celle de la Nativité et elles se terminent par la
méditation du rôle de Marie, une femme, dans l’histoire du salut. Marie a eu un
destin bien particulier : célibataire, seulement promise en mariage à
Joseph, elle se retrouve enceinte. On n’a guère de mal à imaginer combien
l’entrée dans la vie adulte a dû être, pour elle, difficile, et pourtant marqué
par l’abandon joyeux à la Providence. Elle a risqué la répudiation, c’est-à-dire la
honte et l’exclusion. Elle a pourtant été le signe et l’agent de la
réconciliation. C’est autour d’elle et de son Fils que les bergers se sont
rassemblés pendant la nuit. Voilà des personnes frustres, sans éducation et
marginalisés dans la société de l’époque. Luc précise dans son évangile qu’ils
« vivaient dehors dans les champs ». Ils n’avaient donc guère la
possibilité de fréquenter leurs congénères puisqu’ils étaient de jour comme de
nuit à l’extérieur. A ces marginaux, dont la pauvreté de vie correspond à celle
de la naissance de l’enfant, s’ajoutent les princes de la science et de la
société. Les mages, qu’on a vite appelés rois mages, étaient des savants,
reconnus pour leur science et respectés dans la société. Ils n’ont rien à voir
avec des bergers. Et pourtant ce sont ainsi des êtres tellement différents qui
se rassemblent auprès de la Vierge et de son Enfant. Par sa maternité, Marie
et, par sa naissance, le Christ réunissent autour d’eux l’humanité tout
entière. Juifs et païens, pauvres et riches, simples d’esprit et savants.
Cette réunion de l’humanité ne se fait pas autour d’une
table de négociation, ni même une table de festin, elle se fait autour d’un
petit enfant et de sa mère. Marie donne son enfant à l’humanité afin que tous
les hommes puissent être sauvés. Elle peut le faire parce que Dieu, en tout
premier lieu, a donné Son fils à toute l’humanité afin que nous tous, nous
puissions découvrir l’infinie tendresse pour chacun d’entre nous.
Alors que nous sommes rassemblés par le chant des
vêpres pour entrer dans cette solennité de sainte Marie, Mère de Dieu, au
huitième jour après la Nativité, nous sommes aussi réunis à la fin d’une année
civile. Inutile ici de re-parcourir ce qu’elle a pu être ou ne pas être. Elle a
connu des moments de profonde violence avec les attentats vécus en France, en
janvier et en novembre. Des moments d’angoisse et d’inquiétude devant une
société qui peine à se retrouver autour de valeurs humaines fondamentales mais
qui se plaît à la lutte des idéologies stériles dans le jeu des partis
politiques. Un monde qui semble dominé par la quête de plus de pouvoir et par
un système économique voué au profit avant de l’être au respect de la personne
humaine dans sa dignité. Un monde encore marqué par des conflits, des
migrations de population. Un monde où des frères et sœurs ont tout perdu à
cause de la fidélité à leur foi. Nous-mêmes, sans doute, n’avons-nous pas été
épargnés par les épreuves, les doutes, les colères. Pourtant ce que nous avons
reçu est toujours plus fort, plus beau, plus grand. Car Dieu est la source de
ces bienfaits. Rien ni personne ne parviendra à nous ravir cette certitude et
cette espérance.
Marie donne
ce qu’elle a reçu, son enfant. Puissions-nous, nous aussi, continuer de donner
ce que nous avons reçu, la vie, l’amour de Dieu sans cesse présent dans notre
vie.
AMEN.
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