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mercredi 30 décembre 2015

Homélie de la solennité de l'Epiphanie - 3 janvier 2016

 
 
L'embellissement légendaire de la fête de l’Epiphanie donnerait envie d’en parler comme dans les contes de fée. C’est vrai qu’il y a là tous les ingrédients : la pauvreté et le dénuement d’un couple, l’extraordinaire d’une visite, la riche parure des mages, et sans doute tout le cortège qui les accompagne, et surtout leurs somptueux présents. Cependant ce que nous commémorons aujourd’hui est trop important, trop riche pour s’égarer, se laisser éblouir et rêvasser.
 
Seul Matthieu parle de mages (sans en donner le nombre). Des sages, probablement plus de la première jeunesse, assez fortunés pour entreprendre un grand voyage, assez humbles pour aller se prosterner devant celui qu’ils pensent être roi des juifs. Qui se souciait des Juifs à cette époque et de leur royaume plus proche d’une principauté d’opérette dans un pays occupé que d’une cour impériale vers laquelle accourent les grands du monde ? Quoi qu’il en soit ils viennent de loin vénérer un roi encore inconnu. En fait ils s’inclineront devant un nouveau-né sans fortune dans une simple maison d’une bourgade appelée Bethléem. Dérisoire ! Et voici pourtant la fête qui nous rassemble. Mystère d’un Enfant-Dieu révélé à toutes les nations et en qui toutes les nations de la terre trouvent refuge et salut. L’étymologie du mot « épiphanie » nous enseigne qu’il veut dire : révélation, manifestation, apparition de quelque chose qui devient évident. Est-ce Jésus qui se révèle à des gens venus d’un monde lointain et païen ou bien ces voyageurs révèlent-ils que ce modeste enfant est roi et qu’il est digne de cadeaux en accord avec son rang : or, encens et myrrhe ?
 
 
Epiphanie, révélation, fruit de la rencontre de deux mondes jusqu’alors étrangers. Et là devient évident que le nourrisson n’est pas un bébé comme les autres. L’évangile de Matthieu n’en dit pas plus. On ne sait ce que sont devenus ces riches visiteurs après leur passage en Palestine. Cela a-t-il changé quelque chose dans leur histoire, dans leur cœur, dans leur relation à Dieu ? Qu’ont-ils raconté à leur retour ? Comment cela a-t-il été perçu par leur entourage ? La révélation que Dieu fait de lui-même à toutes les nations passent par les canaux ordinaires d’une rencontre humaine, d’une expérience. L’Epiphanie est la révélation qui apparaît dans la rencontre. C’est ainsi que cette révélation de l’Epiphanie n’est pas close mais qu’elle se poursuit. Dieu continue de se révéler dans la grâce de la rencontre. Rencontre avec Lui dans la prière, les sacrements, la méditation de sa Parole. Rencontre avec Lui quand nous allons aussi à la rencontre du frère, plus particulièrement de celui dans le besoin.
 
Vous voyez dans la crèche trois mages. Chacun porte un présent : l’or, l’encens, la myrrhe. Vous pourrez vous demander ce que vous apportez à l’Enfant. Mais auparavant il vous faudra vous demander si vous êtes vous-même dans la situation de l’un de ces mages. Acceptez-vous de vous mettre en route ? De quitter le quotidien de votre confort, de vos certitudes, de l’aisance de votre patrimoine ? Consentez-vous à suivre le signe – parfois ténu – que Dieu vous envoie ? Recevez-vous sa présence comme Celui d’un Dieu proche, humble et pauvre qui vous appelle à Le suivre ? Si votre humanité a la chance de se comprendre invitée, alors oui, comme les mages vous viendrez de loin, de très loin. Vous n’y viendrez pas comme des curieux, comme des badauds, mais avec la certitude qu’en approchant ce bébé encore sans pouvoir, c’est le Dieu incarné pour notre salut que vous vénérez. Cette visite deviendra alors pour vous Épiphanie, démarche de votre cœur pour adorer ce qui de l’extérieur n’est pas évident, mais qui dans votre âme s’installe comme une certitude recherchée depuis longtemps. La rencontre à laquelle vous êtes conviés est un rapport vrai et personnel avec ce nourrisson sauveur en devenir.
 
Qu'une Épiphanie soit possible pour vous aujourd’hui et que vous repartiez chez vous joyeux comme les mages au sortir de Bethléem. Je vous souhaite non pas une belle mais une vraie fête de l’Épiphanie.
 
AMEN.
 
                                                                                                                                                                                                                      
Michel Steinmetz

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