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mercredi 23 décembre 2015

Homélie de la messe de la Nuit du Noël - 25 décembre 2015

Au cœur de cette nuit si particulière, alors que l’histoire semblait ne connaître aucune surprise – l’occupant romain continuerait son oppression, les prêtres du Temple de faire la loi, les pharisiens d’exiger des d’autres ce qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes, les pauvres d’être pauvres, les bergers de garder leurs troupeaux – voilà que se produit la plus grande des surprises, inattendue, étonnante, déroutante. Un petit enfant est né. Vous me direz ; il y a du en naître d’autres cette nuit-là. Oui, mais celui-là est différent. Dans la pauvreté de sa naissance, entouré de Marie et de Joseph, réfugiés dans une étable « car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune », Dieu se révèle comme le Sauveur de son peuple. Ses anges viennent en renfort pour annoncer la nouvelle. Quel étonnement ! C’est peut-être d’ailleurs la clé pour entrer dans le mystère de Noël. L’étonnement. Que de fois, ne croyez-vous pas ?, nous sommes blasés, ou bien repus de tout, de notre confort, ou bien paralysés par notre morosité et notre déprime. Rien ne peut changer. Personne ne peut y faire quelque chose.
Il y a quelques jours, le Pape a expliqué que pour bien fêter Noël, nous sommes appelés à nous arrêter sur les lieux de l’étonnement. « Quels sont ces lieux de l’étonnement dans la vie quotidienne ? »[1], a demandé le Saint-Père. Il y en a trois. Et je me propose de les reprendre avec vous. Recevez-les comme trois invitations que je vous lance.
 
Le premier lieu d’étonnement est l’autre, dans lequel nous devons reconnaître un frère, parce que depuis la Nativité de Jésus, chaque visage porte sur lui la ressemblance avec le Fils de Dieu. Surtout quand il s’agit du visage d’un pauvre, parce que c’est pauvre que le Seigneur est entré dans le monde, et par les pauvres, avant tout, qu’il s’est laissé approcher. De nos rencontres avec des personnes âgées, malades, défavorisées, rencontres souvent fortuites et qui exigent de nous le courage d’aller précisément à la rencontre, de tendre la main, d’échanger quelques paroles, de poser un regard bienveillant, de ces rencontres, donc, jaillit le plus souvent la joie. Pourquoi ? Parce que nous recevons plus que nous n’avons donné, parce que le Christ a agi en nous et par nous. Nous sentons alors qu’avec Lui nous devenons plus forts, plus aimables, meilleurs tout simplement.
 
Le deuxième lieu est l’étonnement de l’Histoire.  Nous croyons souvent la voir du bon côté, et nous risquons, au contraire, de la lire à l’envers. Cela arrive, par exemple, « quand celle-ci semble déterminée par l’économie de marché, régulée par la finance et les affaires, dominée par les puissants du moment ». Aujourd’hui, on veut nous persuader du sens de l’Histoire, à grand renfort de spécialistes, d’experts et de politiques invités sur les plateaux des journaux télévisés. Le Dieu de Noël par contre continue de brouiller les cartes. Le signe de l’Enfant dans la mangeoire à Bethléem ne cesse d’avoir du sens. Pas celui des puissants, des oppresseurs, des forts, des bien-pensants, des terroristes.
 
Le troisième lieu d’étonnement est l’Eglise. La regarder avec l’étonnement de la foi signifie ne pas se limiter à la considérer seulement comme une institution religieuse, qu’elle est, « mais de la sentir comme une Mère qui, sous les tâches et les rides, […] laisse transparaître les traits de l’Epouse aimée et purifiée par le Christ Seigneur ». Une Eglise qui sait reconnaître les nombreux signes d’amour fidèle que Dieu lui envoie continuellement. Une Eglise pour laquelle le Seigneur Jésus ne sera jamais une possession à défendre jalousement, ceux qui font cela se trompent, mais toujours Celui qui vient à sa rencontre et qu’elle sait attendre avec confiance et avec joie, donnant voix à l’espérance du monde. Une Eglise mère qui va au-delà de ses portes pour chercher avec son sourire de mère toutes les personnes éloignées et les conduire à la miséricorde de Dieu.
 
C'est cela l’étonnement de Noël ! A Noël, Dieu se donne tout à nous en donnant son Fils, l’Unique, qui est toute sa joie. La rencontre avec Jésus nous fera aussi ressentir ce grand étonnement. Mais nous ne pourrons avoir cet étonnement, nous ne pourrons rencontrer Jésus, si nous ne le rencontrons pas chez les autres, dans l’histoire et dans l’Eglise.
 
AMEN.
                                
Michel Steinmetz


[1] Pape François, Angélus du 20 décembre, 4ème dimanche du temps de l’Avent.

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